Non-stop

Non-stop
Titre original:Non-stop
Réalisateur:Jaume Collet-Serra
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:26 février 2014
Note:

Bill Marks, un agent de la police de l’air américaine, est alcoolique et prompt à la colère. Affecté à un vol entre New York et Londres, il reçoit d’inquiétants messages électroniques sur son téléphone professionnel. Quelqu’un le menace de tuer un passager toutes les vingt minutes, si la compagnie aérienne ne lui verse pas 150 millions de dollars sur un compte bancaire en Suisse. Alors que la première échéance approche, Bill ne peut compter que sur lui-même pour trouver le coupable et mettre en sécurité les autres voyageurs.

Critique de Tootpadu

Il n’y a rien de mieux qu’un avion en péril pour faire monter la tension. Le cinéma hollywoodien l’a très bien compris, puisque même avant la série des Airport dans les années 1970, le dispositif d’une catastrophe aérienne avait été exploité à satiété. Les attentats du 11 septembre ont durablement changé la donne. Dorénavant, montrer des passagers d’avion en détresse dans un film de fiction renvoie forcément à ce trauma collectif de la vie réelle, qui commence tout juste à s’effacer au bout d’une dizaine d’années. Le cinquième film du réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra en tient certes compte, lors de l’explication des motivations des maîtres chanteurs. Mais jusque là, il adhérait surtout aux règles du thriller, dont le personnage principal est un agent de sécurité fédéral. Ce poste avait été spécifiquement créé à la suite du détournement des avions kamikazes, afin d’assurer la sécurité du trafic aérien depuis l’intérieur des avions. Une mesure loin d’être infaillible, comme le montre Non-stop d’une façon à la fois efficace et guère crédible.

Après une introduction très pénible, truffée de clichés formels pour nous faire comprendre que notre héros n’est pas sans reproche, le récit prend sans tarder sa vitesse de croisière. La narration se ressaisit en effet si rapidement, que les présentations laborieuses au sol ne sont bientôt plus qu’un lointain souvenir. Une fois les enjeux établis, tout le monde devient une menace potentielle dans ce huis-clos au rythme haletant. Tandis que les tentatives pour dénigrer Bill Marks sentent un peu trop la fausse piste superflue, les motivations des autres personnages nourrissent sans relâche la grande machine à paranoïa qu’est au fond l’histoire du film. Le danger a beau être concret en fin de compte, le divertissement se montre le plus jouissif tant que tout peut arriver. Ainsi, le jeu astucieux des faux semblants ne nous met pas à l’abri de toute une montagne d’incohérences. Pareille surenchère est cependant plus facilement pardonnée, lorsqu’elle survient au profit d’une intrigue sans temps mort.

La suite ininterrompue de retournements risquerait presque de nous faire oublier à quel point ce film se situe au croisement entre le maniement de vieux clichés et une intégration fluide de bon nombre de technologies récentes. Les suspicions hâtives à l’égard de plusieurs personnages, en raison de leur faciès ou de leur comportement caricatural, cohabitent dans un pragmatisme assez impressionnant avec toute une panoplie de gadgets électroniques, à vocation principalement publicitaire. Or, le raisonnement un peu trop farfelu du scénario a au moins le mérite de montrer que – sans ces moyens de communication modernes – la force brute des muscles ne sert plus à rien. Pas la peine, enfin, de trop solliciter ses méninges pour chercher à comprendre toutes les implications d’une histoire, qui privilégie clairement l’efficacité au détriment de la cohérence. Ce qui est, là aussi, la marque de fabrique d’un cinéma attaché aux recettes hollywoodiennes, dont la qualité majeure est le divertissement.

 

Vu le 27 février 2014, à l’UGC Ciné Cité Paris 19, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

La filmographie du réalisateur catalan Jaume Collet-Serra ressemble pour beaucoup à celles de jeunes réalisateurs surdoués tels Sam Raimi, Peter Jackson. Ainsi après avoir fait ses armes sur un film d’horreur La maison de cire en 2008, ce réalisateur orienta sa carrière vers des thrillers efficaces sans oublier de défendre ses amis réalisateurs catalans (Jorge Dorado, Pablo Larcuen). On retiendra ainsi Esther un très grand thriller qui reste à ce jour de loin son meilleur film. Non-stop marque la seconde collaboration de ce brillant réalisateur avec le comédien irlandais Liam Neeson après le thriller Sans identité en 2011. Sur un postulat digne d’un volet de la saga Die Hard un sky Marshall alcoolique et désabusé se retrouve seul à affronter un dangereux terroriste qui menace de tuer toutes les vingt minutes un otage si celui-ci ne reçoit pas une rançon de 150 millions de dollars. Il ne pourra compter que sur l’aide d’une passagère, Jen Summers interprétée par Julianne Moore.

On reconnaît dans cet excellent thriller toute l’efficacité du réalisateur Jaume Collet-Serra qui bénéficie ici d’un scénario aux multiples rebondissements et aux fausses pistes savamment orchestrées. Le scénario signé par le tandem John W. Richardson et Christopher Roach est suffisamment paranoïaque et subtil pour laisser le doute planer sur la vraie nature du terroriste. Ainsi, ce film s’oriente clairement vers une optique post 11 septembre ou chacun des passagers est susceptible d’être le commanditaire de cet acte terroriste. Une nouvelle fois l’alchimie créée entre le réalisateur et l’acteur principal Liam Neeson se ressent par une osmose délicate et par un climat très réaliste et surtout par la volonté d’éviter tout effet de mise en scène inutile. Le résultat est parfaitement tangible et nous permet de n’avoir aucun moment de répit. Nous suivons donc l’enquête rédemptrice de cet agent prêt à tout pour que ce vol (ce film) se déroule dans les meilleures conditions. Joel Silver qui a déniché le réalisateur pour son premier film lui laisse une totale liberté pour livrer le thriller parfait sans aucune fausse note. Certes certaines invraisemblances peuvent nous laisser perplexes mais elles ne sont là que pour relancer mécaniquement le suspense de ce huis-clos.

De nombreux thrillers telle la saga Airport, passager 57 se déroulent dans un avion mais n’arrivent pas à retenir malgré un certain suspens notre attention. Cette vague des années 70 de films catastrophes ne sont plus aussi présents car les spectateurs ont eu suffisamment de réelles catastrophes à affronter aussi bien naturelles qu’économiques  pour avoir un tel spectacle dans une salle de cinéma. Pourtant, le film réussit à rendre autant hommage à ce genre de thriller suranné qu’au courage de certaines personnes ayant connues des difficultés personnelles importantes. Le personnage de Bill Marks représente donc cette nouvelle génération de héros américain plus réaliste, plus humain et pourtant capable de se dépasser pour mener à bien sa mission.

Réaliser un tel film dans un lieu aussi restreint et tenir l’attention du spectateur jusqu’au dénouement fatal est non seulement rare actuellement dans nos salles mais témoigne de l’attachement d’un réalisateur plus complexe qu on pourrait le croire. Ainsi, les thèmes de l’identité, du danger permanent, le climat de claustrophobie sont des thématiques que nous retrouvons souvent dans les films de ce réalisateur. Nous sommes donc loin des films d’actions reposant  sur la masse musculaire des Van Damme et autre Seagal des années 80. Le comédien Liam Neeson reconverti en pur héros infaillible grâce à la saga Taken livre ici une interprétation subtile de l’anti- héros alcoolique suite à la perte de son enfant.

Vu le 28 février 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 05, en VF

Note de Mulder: