Titre original: | Grande aventure Lego (La) |
Réalisateur: | Phil Lord, Chris Miller |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 19 février 2014 |
Note: |
L’arme suprême du Kragle a été dérobée par le méchant président Business. Le vieux sage Vitruvius, qui était censé la protéger, prédit alors qu’un être spécial trouvera la pièce magique, grâce à laquelle le dessein machiavélique de Business échouera. Huit ans et demi plus tard, l’ouvrier Emmet attend avec impatience le mardi des tacos, un jour de fête où le président Business dévoilera une grande nouvelle aux habitants de la ville. Emmet est un homme sans histoires, ni imagination, qui suit religieusement les instructions qui sont censées lui assurer une existence tranquille. Mais un soir après le travail, il tombe par hasard sur la pièce magique, un don qui fera de lui le héros involontaire de la résistance contre le président Business.
L’ancien et le moderne fusionnent dans un feu d’artifice jubilatoire dans ce premier film inspiré des jouets Lego. Bien plus qu’un simple support de publicité, La Grande aventure Lego est cette bête rare d’un film, qui ne finit pas par se perdre dans les méandres d’une mise en abîme endiablée. Sa très grande liberté de ton lui permet en effet de se dérober chaque fois juste à temps, avant que la référence ne devienne un cliché et que la dérision ne se transforme en parodie vide de sens. Alors que sa narration ressemble par moments à un trip hallucinatoire, elle procède d’une façon hautement méthodique pour inclure des hommages à pratiquement tous les univers qui composent le panthéon de la fiction fantastique hollywoodienne de ces trente dernières années. De Matrix à Toy Story, en passant par une pléiade de super-héros et une sensation de déjà-vu hypothétique du Monde de Ralph, ce n’est guère l’originalité de l’histoire qui fait la force du film, mais sa capacité de jongler à une vitesse effrénée avec toutes les facettes de ce qui constitue au fond le paradis pour geeks.
Le parfum subversif du récit a tendance à se dissiper, au fur et à mesure que le héros improbable apprend à reconnaître ses forces, elles aussi peu orthodoxes. Tandis que l’introduction est un véritable brûlot contre le conformisme, dont le symptôme le plus révélateur est bien sûr la volonté de plaire à tout le monde en faisant exactement comme eux, pareille expression larvée en faveur d’un état d’esprit plus marginal se fait hélas progressivement plus rare. Emmet est bête et fade, mais par la loi immuable du courage qui sommeille prétendument en chacun d’entre nous, il met à profit ses faibles ressources mentales pour se montrer digne d’une prophétie inventée de toutes pièces.
Heureusement pour lui, les formes fluctuantes des petites briques légendaires l’autorisent à une longue série d’essais plus ou moins concluants. Car la prouesse de la mise en scène de Phil Lord et Chris Miller réside précisément dans cette vivacité plastique, qui ne nous fait oublier à aucun moment la nature ludique du spectacle filmique, et par répercussion du jeu d’enfant qui sait créer des mondes encore plus abstraits à partir d’un assemblage fantaisiste. L’histoire fonctionne ainsi comme une ruse parfaite pour inciter les spectateurs, jeunes et plus âgés, à se plonger à nouveau, et de préférence ensemble – voilà peut-être l’enseignement le plus constructif d’un film qui prend sinon un malin plaisir à tout démonter –, dans l’univers de Lego. Mission visiblement accomplie, puisque le divertissement est si rondement mené que le public américain n’a nullement su y résister. Il en ira pareillement avec son pendant français, tant nous vivons dans un monde où l’uniformité des jeux, virtuels ou classiques, risque sérieusement de nous ôter tout individualisme humain. Et si le but d’un tel film était ironiquement de nous inciter à consommer sans réfléchir, comme le font les personnages au début, tout en déguisant ce message dangereusement mercantile dans les habits séduisants d’un conte ébouriffant, accessible à toute la famille ?
Vu le 17 février 2014, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu:
A mes parents et à mes nombreux Lego qui m’ont permis de développer mon imagination.
"Tout est super génial. Tout est cool quand on fait partie d'une équipe".
En 1949, Ole Kirk Christiansen a 58 ans créa la société Lego. Fils d’une famille d’agriculteurs pauvres de l’Ouest du Danemark, il a utilisé sa formation de menuisier pour créer dès 1932 des jeux en bois pour gagner sa vie et il travailla également comme charpentier. En 1947, il décide d’utiliser des matières plastiques pour créer des jouets. Le terme lego qui vient du danois Leg godt signifie joue bien. Cet inventeur de génie a réussi à construire un véritable empire et la marque Lego reste une des plus populaires mondialement. Malgré le poids du temps la marque Lego a réussi à s’imposer comme l’une des plus appréciées autant par sa volonté de donner au joueur la possibilité de laisser libre cours à son inspiration et surtout de créer de véritables aventures. Beaucoup de geeks (à la française) ont joué dans leur enfance avec ces LEGO. Il y a plus de trente ans, Lego n’utilisait pas de licences mais était déjà présent dans le parc de jouets de beaucoup d’enfants. Le plaisir pris enfant à créer de multiples véhicules, inventions, robots géants semble avoir totalement inspiré les scénaristes pour nous livrer une grande aventure profitant pleinement d’écrans cinéma plus propices pour un monde magique. Parmi les nombreuses licences incontournables et adaptées à la sauce lego on peut citer Batman, Cars 2, Doctor Who, Frieds, Harry Potter, Indiana Jones, Marvel super Heroes, Spiderman, Teenage Mutant Ninja Turtles, he hobbit et très récemment Les Simpsons. Deux séries (Legends of Chima, Lego Ninjago: Masters of Spinjitzu), des films sortis en direct video (Lego: The Adventures of Clutch Powers (2010); LEGO Batman: The Movie - DC Super Heroes Unite (2013)), de nombreux jeux vidéo (Lego Star Wars, Lego Indiana Jones, Lego Batman…) composaient jusqu’à ce film culte et incontournable des adaptations très réussis de la marque de Lego.
Les réalisateurs et scénaristes Phil Lord et Chris Miller ((Tempête de boulettes géantes (2009), 21 Jump street (2012)) collaborent de nouveau ensemble pour nous livrer l’un des meilleurs films d’animation de l’année 2014. Leur film en image de synthèse témoigne de leur attachement à ces jouets avec lesquels ils ont joué comme beaucoup d’entre nous dans leur enfance. Le film s’apparente ainsi à un univers réaliste que des enfants auraient pu créer en utilisant les nombreuses licences et thématiques Lego. Loin des précédents directs vidéo, le film repose uniquement sur les nombreuses pièces Lego qui ont été ensuite modélisées informatiquement par la suite. Ainsi environ quinze millions de pièces ont été utilisées pour créer réellement l’univers du film. Les scénaristes ont ainsi mis en pratique le fait que d’un côté les personnages Lego doivent respecter les nombreuses notices et d’un autre sont capables de créer par eux-mêmes d’autres constructions (voitures, avions..).
Le monde créé par les scénaristes réalisateurs brillent vraiment par un nombre incalculable d’idées à chaque plan faisant non seulement de ce film une vision sarcastique de notre société en égratignant au passage de nombreuses enseignes notamment Starbucks Coffee (le café à 34$), McDonalds mais également un nombre impressionnant de films (Star Wars, Pirates des Caraibes, films de super héros). Ainsi pendant toute la durée du film les enfants comme leurs parents passeront un moment « Super Génial » (Awesome). On se gardera de vous révéler la fin de ce film qui annonce une aventure encore plus mémorable dans la suite qui sortira le 26 mai 2017 aux Etats-Unis.
Le film relève aussi de nombreux défis aussi bien visuels que scénaristiques. Afin de rendre ce film réellement crédible, ils n’ont pas hésité à utiliser un style proche de l’animation en stop-motion pour rendre les différents univers tels une ville ou un paysage de Far-West crédibles. Le film repose uniquement sur un univers qui pourrait être reproduit dans la réalité. Ainsi le feu, comme l’eau est constitué exclusivement de Lego. On oublie ainsi que ce film est en image de synthèse pour avoir l’impression d’être dans un univers rappelant celui de notre enfance. Par moment, l’expression de liberté totale artistique qui plane sur cette œuvre nous renvoie à une sorte de rêve hallucinatoire et totalement débridé. On arrive au point de se demander si ce film n’est pas à ce jour le film ultime pour tout un public de geeks. On se retrouve donc ici à une œuvre quasi magique ou l’imagination la plus débridée permet de faire passer des sujets pourtant rarement présents dans un film d’animation (génocide à la colle, le droit à la différence, la religion, ..). On arrive presque à oublier que l’on assiste à la meilleure publicité vantant la marque Lego. Sans conteste ce film s’apparente à une surprise de taille et montre et c’est plutôt rare que les meilleures scènes du film ne soient pas dans la bande annonce. Warner Bros rejoint voire dépasse le niveau des derniers Pixar pour nous livrer un film dédié à l’enfant qui sommeille en nous.
L’idée principale du film repose sur celle de l’importance de l’individualité et du réel besoin de créativité quelque soit votre métier et surtout savoir prendre des risques si ils sont maîtrisés ou relèvent d’une juste cause. Le film ressort donc comme un hymne flamboyant à notre inventivité, notre volonté de nous battre et de trouver malgré tout la vie formidable (everything is awesome!). Nous sommes donc loin de ces blockbusters tirés de célèbres licences de jouets et ne servant qu’à vendre un maximum de produits dérivés de piètres qualités. Dans nos linéaires de magasins de jouets la marque Lego (boites magnifiques, produits de qualités) ne pouvait pas rêver de meilleur représentant que ce film sincère, intelligent reposant sur un scénario totalement maîtrisé et visuellement époustouflant.
Enfin, la prouesse de ce film sans équivalent est renforcée par la présence de stars mondialement connues donnant leur voix aux caractères principaux. On retrouve ainsi Chris Pratt (Emmet), Will Ferrell (Lord Business), Elizabeth Banks (Cool-Tag), Will Arnett (Batman), Morgan Freeman (Vitruvius), Liam Neeson (Bon flic/Mauvais flic), Jonah Hill (Green lantern), Channing Tatum (Superman)…
Vivement 2017 pour voir la suite de ce film culte et on espère que l’édition blu-ray arrivera dans une édition ultra collector…
Vu le 17 février 2014, à la Salle Warner, en VO
Note de Mulder: