Cité disparue (La)

Cité disparue (La)
Titre original:Cité disparue (La)
Réalisateur:Henry Hathaway
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:02 juillet 1958
Note:

Le riche aventurier Paul Bonnard arrive à Tombouctou, afin d’organiser une expédition dans le désert. Grâce à l’intervention du préfet Dukas, il réussit à engager le guide américain Joe January, qui connaît le Sahara comme personne d’autre. Les hommes sont sur le point de partir quand Dita, une voleuse et prostituée, demande à se joindre à eux. Elle a été si bouleversée par sa discussion la nuit précédente avec Paul, qui est, selon elle, un homme pur et vertueux, qu’elle veut le suivre dans son périple. Mais Joe refuse de l’emmener, ce qui n’empêche pas Dita de rattraper la caravane quelques jours plus tard. Désormais à trois, ils partent à la recherche d’un trésor caché dans une cité disparue que le père de Paul avait découverte dix ans plus tôt.

Critique de Tootpadu

Tôt ou tard, il fallait bien que l’on tombe sur un film tout à fait solide de Henry Hathaway, cette perle statistiquement rare où les éléments sont assez forts, individuellement, pour ne pas démasquer les lacunes du réalisateur. C’est désormais chose faite, grâce à ce film d’aventure guère révolutionnaire, qui sait néanmoins garder la tension palpable dans un décor par définition désertique. Puisqu’il n’y a pas grand-chose à faire au cours d’une longue odyssée à travers un des endroits les moins hospitaliers de la planète, si ce n’est de se déplacer le plus vite possible d’un point d’eau à l’autre, l’intérêt majeur du film réside dans sa capacité à faire fonctionner le triangle bancal de personnages. Après un prologue nullement prometteur, La Cité disparue y parvient contre toute attente, en dévoilant progressivement les failles de chacun d’entre eux.

Pourtant, le ton ne pourrait pas être plus folklorique et lourd que pendant les premières minutes du film. Tous les clichés du monde arabe y sont passés en revue, depuis le point de vue horriblement condescendant de l’étranger, qui, en arrivant dans cet univers exotique, y court bien sûr d’emblée le risque de se faire plumer. Cette exposition laborieuse peut même être considérée comme superflue, tellement les traits de caractère des personnages ne prennent vie que face aux épreuves physiques et mentales, une fois qu’ils ont laissé la soi-disant civilisation derrière eux. L’aspect majestueux du désert, capturé assez sobrement par la caméra d’un Jack Cardiff pas au meilleur de sa forme, dévoile ainsi les véritables motivations des voyageurs. Leur mouvement successif de rapprochement et de rejet sous un soleil brûlant n’atteint certes pas les sommets cinématographiques de l’épopée du désert de David Lean, Lawrence d’Arabie. Mais l’intrigue s’avère assez consistante pour se démarquer de ces chasses au trésor qui se terminent à peu près toujours de la même façon.

Longtemps avant la conclusion pas si rassurante qu’il ne paraît, le récit creuse avec une intensité convenable dans les variations de l’interaction entre Paul, Joe et Dita. Tandis que le premier est l’exemple parfait de l’homme trop bon pour être vrai et que la dernière croit dur comme fer en cet idéalisme humaniste, John Wayne dans le rôle du guide désabusé incarne une forme de réalisme pragmatique qui correspond brillamment à son personnage filmique global. Ce n’est sans doute pas par hasard que l’acteur emblématique de tout un catalogue de valeurs fondamentalement américaines a fait équipe une demi-douzaine de fois avec Henry Hathaway, un réalisateur au style assez peu personnel pour véhiculer sans encombre l’image de ce héros aussi têtu qu’attachant. Quant à Sophia Loren dans un de ses premiers films hollywoodiens, elle y perpétue déjà la forme douteuse de duplicité féminine qui allait faire sa fortune dans les années suivantes. A la fois une sainte et une prostituée, son personnage sera jusqu’à la fin tiraillé entre le charme rustre de Joe et l’illusion d’une vie dédiée aux autres, mais dépourvue de plaisirs, à laquelle souscrit Paul avec de moins en moins de conviction.

 

Vu le 13 février 2014, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: