Voleuse de livres (La)

Voleuse de livres (La)
Titre original:Voleuse de livres (La)
Réalisateur:Brian Percival
Sortie:Cinéma
Durée:131 minutes
Date:05 février 2014
Note:

En 1938, alors que l’Allemagne est entièrement sous l’emprise de Hitler, la jeune Liesel Meminger est placée par sa mère chez une famille d’accueil. Ses nouveaux parents, Hans et Rosa Hubermann, s’occupent tant bien que mal de cette fille illettrée et traumatisée par la mort récente de son petit frère. Alors que son père d’adoption éveille son goût pour les livres, Liesel se lie d’amitié avec son camarade de classe Rudy. C’est à ses côtés qu’elle vivra les événements de plus en plus dramatiques à l’approche de la guerre : l’autodafé des ouvrages interdits par les nazis et l’arrivée de Max, un ami juif de sa famille que les Hubermann décident de cacher dans leur cave, au risque de leur propre vie.

Critique de Tootpadu

« Tôt ou tard, vous allez mourir. Cela ne sert à rien de paniquer, mieux vaut se résoudre à l’évidence. » Nous paraphrasons à peine l’introduction morbide de ce film, qui cherche à donner un aspect nouveau à un sujet éculé, sans y parvenir complètement. Cette préambule énoncée par la voix off funèbre, qui va cueillir au fur et à mesure les âmes des personnages qui ne réussissent pas à survivre jusqu’à la fin, donne un ton étrangement poétique à un récit qui nous ressert sinon tous les clichés sur la vie difficile en Allemagne pendant la période des nazis. La différence toute relative de l’approche narrative fait par contre trop souvent apparaître les ficelles de ce recyclage de poncifs caricaturaux, ce qui se traduit plus par un chantage aux sentiments passablement tendancieux que par un regard réaliste sur une époque où la vie d’un homme – et encore moins celle d’un enfant – ne valaient pas chères.

Il y a un nombre important de sujets intéressants qui sont abordés dans La Voleuse de livres : la découverte du monde imaginaire sans limite auquel la lecture donne accès, l’importance du livre en tant qu’objet de transmission de savoir et de vécu, la quête existentielle d’une voix personnelle, qui peut se traduire de différentes façons mais qui est censée révéler qui on est par rapport au monde qui nous entoure. Cette richesse thématique est hélas considérablement muselée par l’inclusion quasiment obligatoire des grands moments marquants de l’époque, à savoir la Nuit de cristal, la destruction massive d’œuvres littéraires à l’opinion divergente, ainsi que les nuits passées dans les abris souterrains, alors que la plupart des villes allemandes étaient éradiquées par les bombardements des alliés. De ce point de vue, la mise en scène de Brian Percival n’apporte pas grand-chose d’original, si ce n’est donc ce ton doucement résigné qui donne le dernier mot à la mort, une touche plus morbide que rassurante.

Enfin, les velléités de faire un peu autrement sont définitivement démenties par le choix des acteurs. Tandis que les adultes, Emily Watson et Geoffrey Rush, s’en sortent avec les honneurs, grâce à des rôles qui savent contenir un minimum de dignité et d’authenticité, le couple platonique des enfants ressemble plutôt à des poupées très proches des archétypes physionomiques de l’époque. Difficile en effet de s’investir émotionnellement dans une histoire déjà pas très originale, si la charge principale de l’identification repose sur les épaules de comédiens qui renforcent encore – sans doute à leur corps défendant – l’arrière-goût involontairement caricatural et légèrement pompeux que nous a inspiré ce film.

 

Vu le 6 janvier 2014, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

“Here is one small fact. You are going to die.”

Avant d’être un film, La voleuse de livres est un roman écrit par un auteur australien Markus Zusak en 2005. L’histoire contée est assez originale puisque c’est La Mort elle-même qui en est le conteur. L’histoire suit une jeune fillette recueillie par une famille d’accueil dans une ville près de Munich pendant la seconde guerre mondiale. Son destin tragique nous permet de découvrir des personnages attachants et surtout le plaisir pris à lire des livres dans des conditions de vie très difficile. Les thèmes abordés dans ce livre sont universels  comme le pouvoir des mots, la mort, la brutalité et les injustices, l’amitié, la résistance. Fort du succès mondial rencontré par ce livre, l’adaptation cinématographique était plus que prévisible.

Le scénario de Michael Petroni reprend donc l’idée de La Mort comme narrateur et l’histoire adaptée suit donc la destinée tragique de Liesel , de sa nouvelle famille et de Max un réfugié juif. Le scénariste retranscrit parfaitement l’ouvrage et nous livre ainsi une histoire épique sur l’importance de la lecture, du transfert du savoir et sur l’entraide. Pour son premier film, le réalisateur britannique Brian Percival qui a fait ses armes à la télévision (séries  Downton Abbey, North & South..) s’en sort plutôt bien. Non seulement il bénéficie de l’appui d’un des plus grands compositeurs actuels John Williams (saga Star Wars, saga Indiana Jones, saga Harry Potter…)  mais également de la présence de Geoffrey Rush et Emily Watson dans les rôles des parents adoptifs de Liesel.

Le cadre  atypique du film basé  non pas surune famille anglaise ou française pendant la seconde guerre mondiale mais une famille allemande permet de mieux se rendre compte de la gangrène qui frappait ce peuple. La scène où les livres sont brûlés nous renvoie à une triste période de l’Allemagne où un tyran était au pouvoir et prônait des idées nauséabondes. De ce fait nous ne pouvons que prendre part à la défense de Liesel et se rendre compte que malgré le mal omniprésent, des gens bons continuent à se battre et défendre des causes justes.

Sur un canevas de conte moderne sur fond d’holocauste, l’histoire contée nous renvoie d’une certaine manière aux contes des frères Grimm avec cette orpheline et ce monstre représenté par l’armée nazie. L’intention du livre et sa valeur aussi bien culturelle qu’ éducative nous montre bien l’importance du savoir et de la mémoire collective. Nous ne sommes donc pas loin du livre Le Journal de Anne Franck. La force épique de cette histoire universelle nous touche et nous rappelle notre devoir de défendre des causes justes, de lutter contre toutes ces pensées abjectes relatives à cette Allemagne dominée par le mal et un dictateur ayant commis les pires atrocités de guerre envers certains peuples. Certes la tonalité du film nous rappelle plus les mises en scènes classiques britanniques qu’ américaines qui  transforment par un montage trafiqué  des film en véritables clips vidéos. 

Le réalisateur Brian Percival qui s’est fait notamment connaître en mettant en scène l’une des plus respectables séries britanniques Downton Abbey témoigne d’un vrai don de mise en scène et de direction d’acteurs. Tout sonne juste dans cette reconstitution d’un petit village allemand durant la grande guerre. Le réalisateur nous présente donc des atrocités de cette guerre. Cette très bonne adaptation d’un livre incontournable a le mérite de nous instruire et nous divertir intelligemment. Liesel personnifie l’héroïne littéraire en lutte contre le mal et qui connaîtra les pires souffrances et qui malgré tout réussira à se reconstruire et à bâtir une famille comme le dernier plan du film le montre. Rares sont les films m’ayant aussi ému et touché personnellement.

Vu le  18 décembre 2013  au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: