Titre original: | Suzanne |
Réalisateur: | Katell Quillévéré |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 18 décembre 2013 |
Note: |
Fille-mère à l'adolescence, Suzanne vit avec son père routier et sa sœur dont elle est inséparable. Sa vie bascule lorsqu'elle tombe amoureuse de Julien, petit malfrat qui l'entraine dans sa dérive. S'ensuit la cavale, la prison, l'amour fou qu'elle poursuit jusqu'à tout abandonner derrière elle...
Sur la base d’un brillant scénario que la jeune réalisatrice Katell Quillévéré a co-écrit (scénario et dialogue) avec Mariette Désert (Un poison violent, Memory Lane), ce film très attachant suit la vie d’une jeune femme d’un milieu défavorisé sur vingt-cinq ans et sa relation avec son père (un camionneur) et sa jeune sœur.
C’est après avoir regardé l’émission de Laurent Ruquier On n'est pas couché dans laquelle François Damiens et Sara Forestier étaient venus présenter ce film que je me suis rendu dans un cinéma de Paris (ce film n’étant malheureusement pas diffusé dans tous les cinémas de la banlieue parisienne) pour découvrir ce film. Je dois reconnaître que contrairement à Tootpadu je préfère le cinéma dit commercial au cinéma d’auteur que je trouve pour la plupart du temps trop lent et assez ennuyeux en général. Certes l’influence du cinéma américain se ressent non seulement par l’attrait qu’exerce sur moi la ville de Los Angeles mais également par le fait que les bons films français se font de plus en plus rares et surtout rarement arrivent à retenir toute mon attention. C’est donc par simple curiosité que j’ai découvert non seulement une grande réalisatrice Katell Quillévéré mais surtout vu l’excellente interprétation (une fois de plus) de l’une des meilleures actrices françaises Sara Forestier. Non seulement elle irradie le film de sa présence et permet de dresser le portrait d’une femme enfant complexe et entière trop occupée à vouloir chercher le grand amour quitte à y perdre son enfant et son père et sa sœur.
Le film Suzanne surprend aussi par cette peinture plus vraie que nature de la classe défavorisée et sur ces deux sœurs livrées à elle-même en l’absence de leur mère défunte et d’un père routier souvent absent du domicile familial. Cette approche tragique d’une famille n’arrivant plus à communiquer est un des plus beaux portraits vus dans un film récemment. Parfaitement dans l’ère du temps, les personnages principaux sont synonymes d’une période où malgré la recrudescence des moyens de communication (téléphone, internet..) les membres d’une même famille ont de plus en plus de mal à communiquer. Ce manque de communication et de repères moraux fait que le personnage de Suzanne semble vouloir se détruire de l’intérieur et perdre pied. La réalisatrice Katell Quillévéré arrive à rendre passionnant sur une durée assez courte vingt-cinq années de cette famille attachante.
Pour son second film, Katell Quillévéré arrive à s’affirme comme une réalisatrice à suivre de près. Non seulement elle donne aux comédiens François Damiens et Sara Forestier l’un de leurs meilleurs rôle à ce jour mais surtout elle réussit sur un canevas assez difficile à rendre fluide et parfaitement homogène cette histoire. Le comédien François Damiens habitué aux films comiques (Seuls Two, JCVD, Le petit Nicolas, L’arnacoeur) se montre parfaitement crédible dans le rôle de ce père perdu et complètement dévasté.
Le personnage de Suzanne n’a rien à envier aux personnages romanesques car elle est non seulement captivante mais d’un éclat aussi fragile qu’ étincelant. Ce film restera longtemps dans les mémoires des spectateurs ayant pris le risque de le découvrir. Loin des films français abêtissant tel 100% Cachemire, il montre que l’on peut divertir intelligemment le public tout en lui donnant envie de retourner au cinéma voir d’autres films aussi attachants.
On ne pourra qu’ être reconnaissant envers le producteur Gaetan David d’avoir pris le risque de produire un tel film dans un marché où la plupart des films français se contente d’aligner une simple formulaire en mettant en avant un casting apprécié, un sujet populaire et un réalisateur prêt à écouter tel un yes man les diktat des studios.
Vu le 19 décembre 2013 au Gaumont Opéra Côté Français, Salle 10
Note de Mulder: