Jacky au royaume des filles

Jacky au royaume des filles
Titre original:Jacky au royaume des filles
Réalisateur:Riad Sattouf
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:29 janvier 2014
Note:

En république démocratique et populaire de Bubunne, les femmes ont le pouvoir, commandent et font la guerre, et les hommes portent le voile et s’occupent de leur foyer. Parmi eux, Jacky, un garçon de vingt ans, a le même fantasme inaccessible que tous les célibataires de son pays : épouser la Colonelle, fille de la dictatrice, et avoir plein de petites filles avec elle. Mais quand la Générale décide enfin d’organiser un grand bal pour trouver un mari à sa fille, les choses empirent pour Jacky : maltraité par sa belle-famille, il voit son rêve peu à peu lui échapper...

Critique de Mulder

Le premier film de Riad Sattouf, avait connu un beau succès public et critique (César du meilleur premier film) malgré le fait qu’il ne m’avait point convaincu. C’est donc avec un certain à priori que j’ai découvert un mois avant sa sortie le nouveau film de ce jeune réalisateur. Notamment auteur-dessinateur pour Charlie Hebdo, il faut au moins lui reconnaître un véritablement talent pour mettre en scène des anecdotes de son passé. Cependant Jacky au royaume des filles de nouveau m’a déçu car malgré une excellente idée sur papier le résultat final manque réellement de conviction et de profondeur.

Dans un royaume imaginaire, la République dictatoriale de Bubunne (sûrement dûe aux effets secondaires d’une bouillie illégale), les femmes ont pris le pouvoir et les hommes suivent leurs diktats. Cette République rappelle en quelque sorte la condition (inversée) des femmes voilées dans les pays arabes. A cela rajoutez une dose de pensées communistes et de sectes nauséabondes et vous obtiendrez une vision plutôt juste de cette contrée à fuir.  Comme dans les contes de fées (mais  inversée et sous acide), le héros pauvre souhaite conquérir le cœur de la princesse la Colonelle et il profitera du grand bal pour exaucer son vœu. Rien de bien nouveau si on regarde de plus près ce film qui aurait peut être gagné à être adapté sous forme d’un film d’animation.

Malgré quelques bonnes idées comme inverser les rôles, parodier les conflits actuels, revoir le principe des contes de fées, le film n’arrive jamais à prendre vie et les personnages une certaine profondeur et crédibilité. Telle la bouillie unique nourriture du peuple opprimé de ce pays imaginaire, le film ressemble plus à un simple téléfilm du service public plutôt qu’à la consécration d’un auteur plutôt talentueux.

De la même manière le casting malgré la présence de certains comédiens que nous apprécions (Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Valérie Bonneton et Michel Hazanavicius, Valeria Golino, Emmanuelle Devos) ne convainc pas un seul instant. On retrouvera ici également les deux acteurs principaux assez énervants du film Les Beaux gosses (Vincent Lacoste, Anthony Sonigo) et même la présence du réalisateur dans un rôle rappelant un personnage secondaire de Spirou. Dubitatifs, nous nous demandons ce que l’excellente Charlotte Gainsbourg est venue faire dans un tel projet car après avoir interprété des rôles pour des réalisateurs reconnus et expérimentés tels Lars von Trier, Patrice Chéreau, Michel Gondry, Alejandro González Iñárritu, elle ne semble pas à sa place. Un tel condensé de talents n’arrive  pas à rendre cette République fréquentable.

On aurait aimé défendre ce film original mais malheureusement nous n’adhérons pas à cette tentative de vouloir faire d’un film une bande dessinée live. On ne pourra que trop vous conseiller de revoir les comédies cultes des ZAZ tel les Y a-t-il un…. 

Vu le 19 décembre 2013  à la Salle Pathé Lamennais, en VO

Note de Mulder: