Titre original: | Brasiers de la colère (Les) |
Réalisateur: | Scott Cooper |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 116 minutes |
Date: | 15 janvier 2014 |
Note: |
À Braddock, une banlieue ouvrière américaine, la seule chose dont on hérite de ses parents, c’est la misère. Comme son père, Russell Baze travaille à l’usine, mais son jeune frère Rodney a préféré s’engager dans l’armée, en espérant s’en sortir mieux. Pourtant, après quatre missions difficiles en Irak, Rodney revient brisé émotionnellement et physiquement. Lorsqu’un sale coup envoie Russell en prison, son frère cadet tente de survivre en pariant aux courses et en se vendant dans des combats de boxe. Endetté jusqu’au cou, Rodney se retrouve mêlé aux activités douteuses d’Harlan DeGroat, un caïd local sociopathe et vicieux. Peu après la libération de Russell, Rodney disparaît. Pour tenter de le sauver, Russell va devoir affronter DeGroat et sa bande. Il n’a pas peur. Il sait quoi faire.
L’Amérique profonde est marquée par une crise persistante de l’emploi et par la prolifération de traffic de toutes sortes (drogue, prostitution). Face à une crise persistante de l’emploi, certains essayent de rester dans le droit chemin tel le personnage de Russell Baze qui malgré tout après une soirée trop arrosée commettra un accident irréparable et ira en prison purger sa peine. D’autres comme son frère Rodney Baze Jr. tenteront l’aventure de l’armée afin de se sauver d’une ville minière sans réel avenir. Malheureusement, il en reviendra perturbé et ira jusqu’à combattre dans des combats clandestins pour réussir à survivre. D’autres comme les personnages de Curtis DeGroat et John Petty tirent profit de cette crise et du désarroi des habitants de cette ville ouvrière de Braddock. Le film repose ainsi sur ces quatre personnages parfaitement campés par des comédiens aguerris.
Le premier film réalisé et scénarisé par Chris Cooper avait retenu toute notre attention et comme l’avait si bien dit Tootpadu, était un testament magnifique au talent de Jeff Bridges et surtout un très beau film sur le déclin et la rédemption. Le second film Les brasiers de la colère corrobore tout le bien que nous pensions de ce réalisateur et ici co-scénariste (avec Brad Ingelsby). Une nouvelle fois le thème du déclin et de la rédemption est abordé au travers du personnage de Russell Baze. Une nouvelle fois, le réalisateur réussit à s’imposer comme un directeur hors pair et surtout peut s’appuyer sur un excellent casting.
Christian Bale (de très loin et depuis American Psycho mon acteur préféré) se montre parfaitement convaincant dans son rôle de grand frère brisé par une erreur passée et ravagé par la perte de son frère. Très loin de son personnage de vengeur invincible (saga Dark knight, Equilibrium..), son personnage se rapproche plutôt de celui du film David O. Russell Fighter c'est-à-dire à un personnage meurtri mais capable de se battre pour la bonne cause. Une nouvelle fois son interprétation oscarisable témoigne de la grande minutie avec laquelle il aborde chacun de ses rôles et de la transformation physique qui l’accompagne. Le reste du casting est également au diapason avec Woody Harrelson (Curtis DeGroat), Casey Affleck (Rodney Baze Jr.), Willem Dafoe (John Petty) et dans des rôles secondaires Forest Whitaker (Wesley Barnes), Zoe Saldana (Lena Taylor) et Sam Shepard (Gerald "Red" Baze).
Dès la première scène se passant dans un Drive-in projetant un film, Scott Cooper installe le cadre et la tonalité très noire du film en nous présentant le personnage sadique de Curtis DeGroat. Dès le départ nous sentons que ce personnage est l’opposé de celui de Russell Baze campé par Christian Bale. Tout le film sera alors telle une marche funèbre teintée par une approche sombre et glaciale. C’est dans ce monde que le caractère de Russell devra affronter ses démons quitte à faire sa propre justice quand il se rendra compte que les forces de police ont les mains liées. C’est en cela que le film Les Brasiers de la Colère n’est pas un film optimiste mais pourtant très attachant et magnifiquement interprété. La force du scénario aux multiples rebondissements explique aisément la présence d’acteurs plus habitués à de grosses productions hollywoodiennes qu’indépendantes. Quand un acteur aussi brillant que Christian Bale refuse une somme considérable pour reprendre son rôle de justicier de Gotham City pour préférer être dans des films d’auteurs tel celui-ci nous ne pouvons que suivre son exemple. Le cinéma est d’abord un art comme ce film le montre si bien. Celui-ci ne se contente pas d’être un simple film d’action et cela se ressent au travers de son évolution . Ce qui intéresse le réalisateur est l’approche psychologique des personnages. Si lors d’une partie de chasse, Russel refuse de tuer un animal innocent, la scène de fin s’explique alors aisément (on n’en dira pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir). Le film est tout simplement l’une des meilleures performances de Christian Bale. L’alchimie qui s’opère entre le réalisateur et l’acteur principal se ressent à chaque plan.
Le film s’impose tout simplement comme l’un des films incontournables de l’année 2014 à ne pas rater…
Vu le 17 décembre 2013, à la Salle Metropolitan, en VO
Note de Mulder: