Le Hobbit : La Désolation de Smaug

Le Hobbit : La Désolation de Smaug
Titre original:Le Hobbit : La Désolation de Smaug
Réalisateur:Peter Jackson
Sortie:Cinéma
Durée:161 minutes
Date:11 décembre 2013
Note:
Les aventures de Bilbon Sacquet, paisible hobbit, qui sera entraîné, lui et une compagnie de Nains, par le magicien Gandalf pour récupérer le trésor détenu par le dragon Smaug. Au cours de ce périple, il mettra la main sur l'anneau de pouvoir que possédait Gollum...

Critique de Mulder

Cette année Warner Bros nous aura redonné l’envie de flotter en apesanteur (Gravity), de croire que nous pouvions voler (Man of steel) et surtout aura dépassé nos attentes en nous proposant enfin la préquelle parfaitement maîtrisée de la trilogie du Seigneur des anneaux.  L’année dernière, nous avions eu l’occasion de retrouver l’univers créé par Tolkien et accompagné ces nains, le hobbit Bilbon et le magicien Gandalf dans leur expédition vers la cité d’Erebor. Ce film est la continuité de leur parcours et nous les suivrons à travers le val d’Anduin, la forêt noire (peuplée d’énormes araignées) et la ville d’Esgaroth.

Contrairement au premier volet qui avait pris une bonne heure avant de réellement prendre sa vitesse de croisade, ce second volet après une scène en flashkback (dans laquelle Gandalf rencontre Thorin dans une taverne) nous fait directement rentrer dans l’action sans aucun temps mort.  De nouveau les scénaristes de cette trilogie préquelle à celle du Seigneur des anneaux, Peter Jackson, Frances Walsh, Philippa Boyens  et Guillermo del Toro nous proposent de vivre une grande aventure épique comme nous n’en voyons plus au cinéma.

Plusieurs éléments non seulement du livre (Beorn, les araignées géantes, la ballade en baril sur la rivière) mais également des personnages clés de la saga du Seigneur des anneaux (Sauron, Legolas..) sont repris à notre plus grand plaisir. Le cliffhanger du premier film se terminait par le dragon Smaug qui se réveillait. Dans ce film celui-ci est bien présent pendant une bonne demi-heure (à la fin) et nous n’assisterons pas ici à sa défaite car seule fausse note du film, il nous laisse face à cliffhanger guère original en nous donnant l’impression que le film intégral de plus de huit heures a simplement été coupé en trois films de même durée. 

Bilbon Sacquet occupe également ici un rôle plus important et nous montre ainsi sa faculté de combattant et contrairement au premier film se plaint nettement moins. Avec le personnage de Thorin, il est le protagoniste principal du film et Gandalf est simplement relayé dans un second rôle. Peter Jackson a  pris quelques libertés avec le récit original en faisant des elfes Legolas et Tauriel des combattants hors pairs aussi à l’aise au tir à l’arc qu’ en parkour. Les personnages ainsi gagnent en consistance par rapport au film précédent et nous permettent une immersion totale dans ce grand film d‘aventures. Evangeline Lilly prête ses traits au personnage de Tauriel et remporte totalement notre adhésion. Même si son personnage n’existe pas dans le livre original on ne peut que remercier Peter Jackson d’avoir pris quelques libertés.

Tel L’Empire contre-attaque dans la saga Star Wars, le film est également le plus noir et le pilier de cette saga. On pourra reconnaître ainsi l’influence de Guillermo Del Toro (scénariste) qui devait à la base réaliser cette trilogie. La forêt noire et ses araignées, le Bourg du lac  en témoignent. De Peter Jackson, on reconnaîtra de nouveau sa manière de mettre en scène des passages hallucinants telle cette traversée de la rivière en baril, les combats contre les Orcs. Mais l’aspect le plus important du film est bien le personnage de Smaug (Benedict Cumberbatch lui prête sa voix). Sa présence aussi dangereuse qu’ électrifiante donne tout son sens à cette terre de désolation.

Peter Jackson a bien compris ce que son public attendait et nous livre donc un film épique grandiose et parfaitement interprété. De la même durée que le film précédent, cet opus semble plus riche et les nombreux ajouts faits par les scénaristes donnent plus de tenue à l’œuvre et un aspect nettement plus cinématographique. Nous ressentons encore plus l’étendue gigantesque de cette terre tolkienesque.

L’année dernière, Le Hobbit : un voyage inattendu avait comme objet de remettre en place cette trilogie. Cela expliquait ainsi cette première heure que beaucoup ont trouvé trop longue. Ce défaut n’est pas présent dans ce film car l’action bat son plein et l’aventure tellement prenante nous fait totalement oublier la longue durée de ce film. Peter Jackson maîtrise totalement ce second opus et ne se contente donc pas d’une simple adaptation. Il s’impose ainsi à la même qualité que la trilogie du Seigneur des anneaux et redonne toute sa noblesse aux œuvres d’héroic fantasy.

Enfin, contrairement au précédent volet, la 3D est parfaitement utilisée et nécessaire pour permettre une immersion totale et donne toute sa splendeur à Smaug. Ce dragon est sûrement l’un des plus beaux que nous avons pu voir dans un film. 

Le Hobbit : la Désolation de Smaug est donc le nouveau chef d’œuvre d’un réalisateur visionnaire. Un film qui donne envie d’aller au cinéma, de relire Tolkien et nous attendons avec la plus grande impatience le prochain et dernier volet de cette trilogie. 

Vu le 09 décembre 2013 au Pathé Beaugrenelle, Salle 10, en VO et 3D

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Même si, comme nous, vous avez raté la première partie de la saga du Hobbit, vous devriez prendre du plaisir à voir sa suite. Car ce plaisir est exactement le même que celui procuré par la trilogie du Seigneur des anneaux, à savoir un grand spectacle d’évasion, au parfum d’aventure indéniable, concocté avec toujours la même expertise par Peter Jackson et sa troupe de magiciens. Le Hobbit La Désolation de Smaug a certes quelques soucis mineurs au démarrage, s’apparentant d’abord à une resucée rébarbative de la recette usée jusqu’à la corde et déjà vieille d’une dizaine d’années, qui nous avait plutôt subjugués à ce moment-là. Mais une fois que les présentations sont faites et que le périple à proprement parler commence, le divertissement de haut vol ne nous lâche plus.

A partir de la séquence des araignées, le récit suit très fidèlement et pratiquement sans interruption la recette à succès de l’univers fantastique auquel le nom de Peter Jackson sera associé pour toujours. La quête d’un objet quelconque y sert de prétexte au dégagement d’une énergie narrative rarement prise en défaut, bien que les différents dispositifs, comme la mise en parallèle de deux ou trois événements, soient employés de la même façon depuis désormais cinq films. Or, l’intensité du divertissement dépend directement de cette capacité de reconnaître les décors et les structures dramatiques fortement manichéennes, de s’y replonger sans arrière-pensée, comme dans un conte de 1001 nuits. En effet, le cadre a beau être peuplé ici de créatures de la mythologie de Tolkien, leurs actions et leurs motivations remontent jusqu’aux origines des récits chevaleresques, à la fois en guise d’hommage à cette longue tradition aventurière et de reconnaissance envers sa modernité pérenne, seulement à la portée des conteurs les plus ingénieux comme Peter Jackson.

Alors oui, l’intrigue n’est essentiellement qu’un enchaînement de scènes d’action spectaculaires, toutes calquées sur le mode opératoire éprouvé depuis longtemps, qui fait par exemple abstraction d’un investissement émotionnel précis envers les personnages, et le charabia mythologique de la plupart des répliques n’est compréhensible que pour les fans indécrottables de l’univers du Hobbit, mais en même temps, le caractère transitoire de ce film sandwich, coincé entre les deux extrémités de la trilogie, ne lui fait porter aucune autre responsabilité que celle de nous divertir en attendant le plat de résistance. La frustration de devoir attendre une année de plus avant de voir l’attaque principale du dragon, ainsi que celle d’un seul effet à la qualité discutable (la destruction de la statue en or), est donc vite relativisée par le plaisir quasiment entier que nous a procuré ce divertissement spectaculaire.

 

Vu le 9 décembre 2013, au Pathé Beaugrenelle, Salle 10, en VO

Note de Tootpadu: