Carrie La Vengeance

Carrie La Vengeance
Titre original:Carrie La Vengeance
Réalisateur:Kimberly Peirce
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:04 décembre 2013
Note:

Timide et surprotégée par sa mère très pieuse, Carrie est une lycéenne rejetée par ses camarades. Le soir du bal de fin d’année, elle subit une sale blague de trop. Carrie déchaîne alors de terrifiants pouvoirs surnaturels auxquels personne n’échappera…

Critique de Mulder

La projection de Carrie, la vengeance à partager le public du PIFFF ce samedi 23 novembre dans le cadre de la nuit Stephen King. Projeté avant les classiques Christine (John Carpenter), Creepshow (George A Romero) et Simetierre (Mary Lambert). En 1973 (et publié en 1974) Carrie est le premier des livres écrits par un certain Stephen King encore inconnu à l’époque. Dès son premier livre, cet écrivain (à mes yeux le plus grand actuel) a pu créer un univers réaliste dans lequel des éléments fantastiques venaient perturber le cours des choses. Carrie fut aussi le premier livre adapté sur grand écran par Brian de Palma en 1976 avec dans les rôles principaux Sissy Spacek, Piper Laurie, Nancy Allen et un jeune débutant John Travolta. Le film connut une suite guère mémorable en 1999 de Katt Shea  dans laquelle l’actrice Amy Irving reprenait son rôle. Le scénario de cette suite fut signé par Stephen King Lui-même et Rafael Moreu. En 2002, un téléfilm vit également le jour réalisé par David Carson et scénarisé par Stephen King et Bryan Fuller…

Pratiquement quarante ans après que Carrie fut écrit, la réalisatrice Kimberly Peirce (Boys don’t cry, Stop loss) épaulée par les scénaristes Roberto Aguirre-Sacasa (séries Big Love et Glee)  et  Lawrence D. Cohen (Carrie au bal du diable, Ca il est revenu, Les Tommyknockers) ont la lourde tâche de passer après le chef d’œuvre de Brian de Palma. Autre temps, autre mœurs, la nouvelle adaptation plus moderne semble se passer dans un espace temporel incertain où des véhicules dignes des années 70 et où des smartphones et youtube cohabitent. Cette  seule fausse note est la seule à réellement souligner. Aussi fidèle au livre culte et à la structure du récit retenue par Lawrence D Cohen dans la première adaptation sur grand écran, le film repose intégralement sur le personnage de Carrie et de sa mère démente et récitant la bible à la moindre occasion. La présence dans ces deux rôles de Chloë Grace Moretz et Julianne Moore. L’une comme l’autre sont parfaites dans cette nouvelle version et personnalise parfaitement les personnages du roman. La première loin de son rôle de Mindy Macready (Kick-ASS) se retrouve de nouveau dans un film d’horreur réussi (Amityville, Zombies, The eye, Laisse moi entrer..) et personnalise autant l’innocence bafouée que la créature vengeresse. De la même manière, Julianne Moore incarne parfaitement cette mère démente et que l’abus  de religion a rendu dingue et violente.

L’histoire de Carrie est contemporaine et également typiquement américaine avec ce rituel de bal de fin d’année. C’est aussi une des rares histoires où la créature vengeresse est une jeune femme innocente et maltraitée par sa mère. La fidélité envers l’ouvrage de Stephen King et la volonté de l’adapter dans un contexte moderne font tout le charme de cette nouvelle adaptation. Dans un contexte actuel où de nombreux classiques des années 70 et 80 font l’objet de remake tel Nightmare on Elm Street (Les griffes de la nuit), Texas Chainsaw Massacre, celui-ci est l’une des meilleures surprises de l’année face à un manque cruel de films d’horreur réussis. La force du film revient principalement à la présence de l’actrice Chloë Grace Moretz toujours aussi parfaite malgré qu’elle ait dix ans de moins que Sissy Spacek lorsqu’elle interprétait le même rôle.

En plus de quarante ans, les effets spéciaux ont réellement été améliorés et le déluge final de violence provoqué par Carrie humiliée lors du bal réussit à trouver le juste équilibre pour maximiser les effets. Ce film rend donc parfaitement l’équilibre entre un film d’horreur et une approche sociale des mœurs dans un collège américain. Il incarne ainsi parfaitement le reflet de notre société  capable de faire d’une innocente incarnée la plus féroce de créatures diaboliques. De ce cru 2013, on ne pourrait faire qu’un reproche qui est celui de son ambiguité. Par sa nature le personnage de Carrie est une créature tragique. Pourtant le film n’ose pas réellement prendre parti pour sa violente réaction. Les scénaristes ont en effet souhaité que les spectateurs puissent plus facilement s’identifier à cette jeune étudiante. Contrairement à l’approche de Brian De Palma, le film commence par la naissance de Carrie afin de relier le public à cet enfant martyrisé. Nous ne pouvons donc que défendre celle-ci malgré ces actions violentes et voir en elle une mutante n’ayant pas eu le temps de maîtriser parfaitement son pouvoir. Dans cette approche, le film s’impose comme une excellente réinterprétation du livre et donne son premier rôle adulte à l’une des plus jeunes et talentueuses actrices actuelles. Dans un contexte post Columbine et Sandy Hill, un tel film rajoute encore plus de poids à la réalisatrice qui doit tenir compte non seulement de l’histoire originale et du contexte actuel. 

Le film s’impose donc comme un des films incontournables de l’année et nous montre une nouvelle fois que Stephen King a une influence considérable sur le cinéma actuel comme chef de file et source d’inspiration intarissable.

Vu le 23 novembre 2013 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 02, en VO

Note de Mulder: