Titre original: | Spectacular now (The) |
Réalisateur: | James Ponsoldt |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 95 minutes |
Date: | 08 janvier 2014 |
Note: |
Sutter est le garçon le plus populaire de sa classe. Alors que ses camarades remplissent les formulaires de candidature pour aller à l’université l’année suivante, Sutter vit en toute insouciance l’instant présent, qu’il conçoit comme une fête bien arrosée. Quand sa copine Cassidy met fin à leur relation, il est certes dépité, mais ne se laisse guère abattre par la première épreuve sérieuse de sa vie d’adolescent. Une nuit de beuverie plus tard, il est réveillé au petit matin par Aimee, qui l’a découvert par hasard pendant sa tournée de distribution de journaux. Bien que tout paraisse séparer le fêtard invétéré et l’intellectuelle peu sure d’elle, Sutter commence à fréquenter Aimee.
Avec son troisième long-métrage, James Ponsoldt poursuit sa drôle de régression. L’alcool y joue une fois de plus un rôle important, sauf que, comparé aux deux premiers films du réalisateur, les personnages sont encore plus jeunes et donc plus susceptibles de minimiser le côté sombre de la dépendance. Le dernier volet de cette trilogie officieuse sur l’alcoolisme montre ainsi comment tout a commencé, comment les adultes de Smashed ont initialement pu être séduits par l’allégresse et l’assurance factices que leur apporte l’ivresse et aussi sans doute comment a débuté la lente descente aux enfers du protagoniste de Off the black, que nous n’avons certes pas vu, mais la description de Nick Nolte comme un « homme sans illusion et trop porté sur la boisson » ne prête guère à équivoque dans le domaine des loques humaines.
Pourtant, The Spectacular now n’est pas vraiment un film sur l’alcoolisme. C’en est également un sur les premières amours, le passage à l’âge adulte et les histoires de famille, le tout sur fond d’un cadre provincial qui confère une innocence toute relative à l’action. Au lieu de se complémenter, ces différents aspects de la vie d’adolescent ont plutôt tendance à se neutraliser, comme si la mise en scène ne savait pas trop sur quel pied danser avec un récit qui nous inspire alors principalement de l’indifférence. Ce n’est pas tant que le sort de Sutter est dépourvu d’intérêt, mais le ton curieux sur lequel il est conté, à mi-chemin entre le narcissisme et une maturité intérieure indéniable, prive la narration de toute énergie particulière.
L’impression persistante que ce genre de film aurait parfaitement sa place au sein de la sélection du festival américain de Deauville, tant il en englobe tous les aspects, même les plus caricaturaux, et la participation de ce que le cinéma indépendant d’outre-Atlantique a de plus prometteur à offrir parmi ses jeunes talents (Brie Larson, Mary Elizabeth Winstead, Shailene Woodley et beaucoup moins Miles Teller qui s’efforce en vain d’imiter les maniérismes d’un bon-vivant comme Vince Vaughn) ne suffisent donc pas pour nous faire adhérer à un film en fin de compte trop sage et prévisible pour se démarquer des œuvres semblables.
Vu le 26 novembre 2013, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu: