Cyborg

Cyborg
Titre original:Cyborg
Réalisateur:Albert Pyun
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:07 juin 1989
Note:

Dans un monde apocalyptique, les derniers survivants humains sont décimés par la peste. Le cyborg Pearl a été envoyé en mission afin de récolter les données nécessaires à l’élaboration d’un antidote. Cette femme mi-humain, mi-machine est capturée par le chef de pirates Fender et sa bande, qui veulent semer encore plus la terreur en s’appropriant le remède. D’abord secourue par le lanceur Gibson Rickenbacker, Pearl est finalement enlevée par Fender qui l’emmène à Atlanta, au quartier général des médecins chercheurs. Gibson les suit de près, pas tant pour libérer Pearl, que pour se venger de son ennemi Fender. Sur la route, il rencontre Nady, une jeune femme qui est la seule survivante de son village ravagé par la bande de Fender.

Critique de Tootpadu

Pendant une brève période au début de la carrière de Jean-Claude Van Damme, entre l’anonymat et la transformation en un personnage public bizarre, on allait voir ses films pour la prouesse de ses combats et son premier degré assumé. Il n’y a jamais rien eu de transcendant dans un film avec Van Damme en tête d’affiche. Les meilleurs d’entre eux ont cependant su renouer d’une certaine façon avec un sens primitif du spectacle et de l’aventure, dépourvu du bagage idéologique qui rendait le propos des exploits de la génération précédente de musclors, celle de Stallone et Schwarzenegger, si problématique. Cette production de fin de règne de la société Canon, l’équivalent dans les années 1980 de Europa Corp. en termes de divertissement populiste, déroge légèrement à la règle, puisque c’est surtout du côté formel qu’elle intrigue.

On n’oserait jamais qualifier le réalisateur Albert Pyun de fin narrateur, mais c’est justement la structure brute du récit qui fait son charme. Les transitions entre les différentes séquences sont pour le moins rudes et les enjeux de l’intrigue se résument à un enchaînement d’affrontements, qui fonctionnent plutôt bien pris séparément, mais qui manquent cruellement de cohérence entre eux. Et pourtant, grâce à l’emploi d’un dispositif aussi peu inspiré que le retour en arrière épisodique, censé conférer un semblant d’épaisseur psychologique au protagoniste, le rythme narratif n’a guère tendance à s’essouffler. Mieux encore, la mise en scène se permet un minuscule affront contre les conventions les plus ennuyeuses, à travers la répétition à deux moments différents du film, mais sinon identique plan par plan, d’un souvenir douloureux de Gibson, ce qui revient avec un peu de bonne volonté à sublimer la forme amateur en liberté d’expression décomplexée.

Enfin, l’aspect visuel de Cyborg n’est pas non plus dénué d’intérêt. Des compositions de cadre d’une banalité affligeante coexistent ainsi avec quelques moments plus recherchés, comme par exemple la traque dans la canalisation, uniquement arrosée à ce point afin de correspondre à l’esthétique typique des années 1980. Tandis que cet accent mis sur l’artifice – récupéré depuis principalement par l’univers publicitaire – instaure une certaine distance avec l’action, le rapport direct au corps masculin et quelques symboles aux connotations phalliques curieuses, comme ces couteaux aiguisés à de nombreuses reprises, introduisent une forme presque homosexuelle d’érotisme.

 

Vu le 15 novembre 2013, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: