Titre original: | Il était temps |
Réalisateur: | Richard Curtis |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 124 minutes |
Date: | 06 novembre 2013 |
Note: |
Après une enfance préservée, Tim apprend à l’âge de 21 ans de la part de son père que tous les hommes de sa lignée ont le pouvoir de voyager dans le temps. Ces sauts intertemporels ne lui permettront pas de changer l’Histoire, mais de revenir suffisamment en arrière dans sa propre vie pour rattraper d’éventuels ratages ou maladresses aux conséquences néfastes. Tandis que son père s’était servi de ce don pour se plonger corps et âme dans la littérature, Tim décide de le mettre au service de l’amour. Bien qu’il échoue dans ses premières tentatives de séduire la femme de son cœur, sa chance tourne avec Mary, une lectrice américaine belle et fragile.
Le temps qui tourne en boucle dans un engrenage perpétuel, laissant finalement peu de choix aux protagonistes, est un dispositif régulièrement sollicité par la comédie, dont la variation la plus réussie reste le classique Un jour sans fin de Harold Ramis. Dans le cas présent, entre les mains de Richard Curtis, un scénariste solide qui a la mauvaise habitude de s’essayer tous les quatre, cinq ans à la mise en scène, il tourne surtout en rond au fil d’une aventure romantique, qui conforte les règles de la bienséance sentimentale, au lieu de les miner intelligemment. Les implications philosophiques du don de Tim, au fonctionnement de plus en plus embrouillé, ne sont ainsi qu’effleurées dans le cadre d’une histoire qui célèbre la banalité d’une vie rangée. A la possibilité de mener plusieurs existences en parallèle ou d’utiliser le voyage dans le temps pour atteindre un degré de sagesse ou de folie inaccessible au commun des mortels répond ici le message très terre à terre qu’il suffit d’un peu de sérénité et de savoir vivre pour s’épanouir dans un quotidien médiocre. Sans oublier les relents sexistes de la prémisse, qui attribue le monopole du droit à une deuxième chance aux seuls hommes.
Ces réserves mises à part, Il était temps est la copie conforme des autres comédies à succès de ses créateurs, en particulier des producteurs Tim Bevan et Eric Fellner. L’idéal romantique y est suffisamment malmené pour garantir un divertissement de qualité, qui n’ébranle pourtant à aucun moment l’assurance que tout se finira bien au pays de l’amour rose bonbon britannique. Les particularités de l’humour de nos voisins d’outre-Manche préservent en effet le récit d’un ton trop sirupeux, qui aurait rendu indigeste pareille entreprise du côté du cinéma hollywoodien. Ce qui ne veut pas dire que la noirceur serait à l’ordre du jour dans cette histoire aux personnages peut-être trop raisonnables pour se laisser abattre longtemps par quelques coups du destin. Mais même la dureté de ces derniers est rapidement relativisée dans le contexte du provisoire qui devient permanent pour Tim, à force de pouvoir revenir en arrière pour faire, sinon mieux, au moins différemment.
Le seul et unique aspect qui distingue tant soit peu ce film-ci des dizaines d’autres qui l’ont précédé et qui le suivront est la chanson « How long will I love you », une ballade plaisante dont la mélodie rythme les coups de cœur éphémères du jeune héros et qui l’accompagne jusqu’à la conclusion, à l’effet étonnamment apaisant pour un film qui chante les louanges d’une forme d’autosatisfaction pas vraiment à notre goût.
Vu le 16 octobre 2013, à la Salle Pathé François 1er, en VO
Note de Tootpadu:
Le thème du voyage dans le temps a donné naissance à de grands livres de science-fiction (Herbert George Wells, René Barjavel, Ray Bradbury, Stephen King…) mais aussi à de grands films (C’était demain (1979), Terminator (1984), Retour vers le futur (1985), L'Armée des douze singes (1995) . Cependant, il était temps n’apporte aucun élément nouveau et révolutionnaire et ne fait que partir du postulat que remonter le temps ne peut uniquement servir à résoudre ses problèmes personnels et de ses proches. Nous sommes donc loin de ces films de science-fiction mettant en relief l’effet papillon.
Le réalisateur Richard Curtis scénariste aguerri dans le registre de la comédie (série La vipère noire, série Mr Bean, Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Bridget Jones, Cheval de guerre) apporte sa touche sensible à cette histoire romantique mais ne semble pas totalement maîtriser l’approche fantastique qu’un tel sujet lui aurait permis de transcender. Ainsi, le héros Tim apprenant à 21 ans que tous les hommes de sa lignée ont le don de voyager dans le temps uniquement en s’enfermant dans un placard, en serrant les poing, fermant les yeux et en se rappelant d’un moment fort de son passé. Au lieu de vouloir améliorer le monde environnant, il préfère améliorer sa condition. Le film déçoit donc par son manque d’ambition malgré qu’il soit bien écrit, réalisé avec soin et interprété par des comédiens aussi bien à l’aise dans une comédie que dans un film dramatique. Rachel McAdams se retrouve une seconde fois dans une histoire fantastique traitant du voyage dans le temps (Hors du temps (2009)) et une nouvelle fois retient toute notre attention. De même Bill Nighy semble être relié au réalisateur Richard Curtis vu qu’il apparaît à un rôle stratégique dans chacun de ses films.
La grande linéarité du film et sa construction typique du cinéma britannique apportent pourtant une certaine fraîcheur dans une thématique mainte fois traitée et guère propice à la nouveauté. Certes le réalisateur réussit à nous proposer une comédie dramatique intelligente fait de moments drôles et d’autres très émouvants. Au lieu de mettre l’accent sur la dimension fantastique, il préfère cependant porter son intérêt sur les rapports entretenus entre le personnage principal et son père et son rapport avec sa compagne. Il en ressort un film bancal misant trop sur le caractère comique de certaines situations. Le fait d’avoir un réalisateur s’amusant avec sa télécommande qui nous montre plusieurs fois les mêmes scènes est également lassant à force d’utiliser le même mécanisme sans réel rebondissement. Il était en effet temps que le film s’arrête….
Vu le 10 novembre 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 16, en VF
Note de Mulder: