Gravity

Gravity
Titre original:Gravity
Réalisateur:Alfonso Cuaron
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:23 octobre 2013
Note:

L’équipe de la navette spatiale Explorer est en intervention dans l’espace pour effectuer quelques réparations mineures. Tandis que Matt Kowalsky, un spationaute aguerri qui effectue sa dernière mission, ne pense qu’à établir un nouveau record de durée de sortie, la jeune spécialiste Ryan Stone a du mal à s’habituer aux effets secondaires de l’apesanteur qu’elle vit en vrai pour la première fois. La base de Huston ne peut les prévenir qu’à la dernière minute d’un champ de débris qui s’approche à grande vitesse de leur position. Les dégâts sont énormes. Matt et Ryan, les deux seuls survivants, devront alors trouver un moyen de rejoindre la Terre, s’ils ne veulent pas partir à la dérive dans l’espace.

Critique de Mulder

Soyons direct,  le nouveau film de Alfonso Cuarón Gravity est un pur chef d’œuvre de la science-fiction, le 2013 de l’Odyssée de l’Espace.

Pour mieux appréhender la réussite de ce film exemplaire, il vaut mieux revenir en arrière et en saisir tout le cheminement. Le projet initial de ce film a été longtemps en développement au sein du studio Universal Pictures puis repris par le studio Warner Bros en février 2010. De nombreuses actrices américaines furent contactées pour le rôle principal que ce soit Angelina Jolie, Marion Cotillard, Scarlett Johansson, Natalie Portman et finalement Sandra Bullock.  Enfin, le budget du film estimé à 80 millions de dollars permet de voir des effets spéciaux révolutionnaires. Les éléments live furent tournés aux studios Pinewood et Shepperton en Angleterre sous la supervision des effets spéciaux par Tim Webber. Les effets spéciaux ont été désignés et supervisés par Chris Parks. Gravity révolutionne toute l’industrie du monde du cinéma par son approche pratiquement en temps réel et se déroulant dans l’espace.

Le synopsis est assez simple en soi et n’a pour vocation que de nous immerger totalement dans l’action sans nous laisser une minute de repos. Gravity est techniquement irréprochable et surtout nous fait le même effet qu’une montagne russe et arrive même à nous donner une impression d’asphyxie. Après un accident intervenu pulvérisant leur navette, les deux astronautes survivants de l’équipage Matt Kowalsky (George Clooney) et Ryan Stone (Sandra Bullock) se retrouvent livrés à eux-mêmes dans l’espace et avec des réserves d’oxygène s’épuisant de plus en plus. Leur temps est compté… 

La première chose que nous nous demandons en voyant ce film est de savoir comment un tel réalisateur (surdoué) a pu donner l’impression que le film se déroule réellement dans l’espace. Comment une telle sensation aussi palpable d’immensité et de vertige peut apparaître aussi brillamment à l’écran. Le film s’apparente presque à une démonstration de l’utilisation quasi parfaite de la 3D (le film a été vu en version 3D non IMAX) et surtout ce que devrait être le cinéma dans un avenir proche. De la même manière que Ridley Scott a révolutionné le cinéma de science-fiction avec Aliens et Blade Runner, Alfonso Cuarón appose de son empreinte indélibile  son empreinte titanesque. Tout sonne à la perfection que ce soit au niveau d’une image glaciale, d’un son retranscrivant parfaitement ce sentiment d’impuissance du personnage principal Ryan Stone.

Comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace, le film n’est pas simplement un film de science-fiction car il touche à des thèmes plus larges comme le sens de la vie. Certains plans montrant l’astronaute Ryan Stone nous retranscrivent totalement cette impression notamment un plan vers la fin du film (je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir immense). Le film témoigne de l’affrontement entre un milieu hostile et un être humain qui doit réussir à trouver une solution pour revenir sur terre. Gravity rappelle et surpasse aisément le film All is lost de J.C. Chandor par la pureté de ses images, son scénario parfaitement maîtrisé et par le nombre impressionnant de rebondissements. 

Gravity témoigne aussi du courage et la ténacité d’un des plus grands réalisateurs actuels qui a porté son œuvre à bras le corps. Il occupe ainsi plusieurs postes sur le film tel le poste de scénariste (le scénario a été co-écrit avec son fils Jonás Cuarón), de chef monteur et producteur. Il maîtrise ainsi son film en étant aux postes clés de l’élaboration de celui-ci. La naissance  de cette œuvre fut longue mais le résultat s’impose comme étant un « petit pas » pour un réalisateur mais un « grand pas » pour l’industrie du cinéma…

Gravity est donc l’œuvre d’un cinéaste qui a réussi à imposer sa vision et nous donner l’envie d’aller au cinéma voir et revoir son film.

Vu le 24 septembre 2013 au Pathe Wepler, Salle 01, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Une petite balade dans l’espace, ça vous dit ? Peu importe ce que l’on peut penser du côté filmique de Gravity, son effet dépaysant est proprement bluffant et sans doute pour beaucoup dans son succès planétaire, qui se chiffre par exemple à plus de quatre millions de spectateurs en France. Il y a déjà eu des aventures dans l’espace, auxquelles des réalisateurs aussi illustres que Stanley Kubrick, Ron Howard ou encore Brian De Palma se sont essayés dans le passé. Mais l’impression d’immersion n’a jamais été plus entière que dans le cas présent, le genre de spectacle sensoriel que nous ne voudrions surtout pas vivre de façon renforcée par toutes sortes de gadget qui ne font heureusement pas long feu, comme les sièges qui bougent ou, pourquoi pas, la température de la salle qui s’adapterait à celle, glaciale ou infernale, de l’action. Bref, avec le concours d’une mise en relief prodigieuse, nous nous trouvons là face à un cinéma d’attraction de la plus pure espèce, un divertissement d’évasion qui emmène le spectateur vraiment très, très loin.

Dommage que ces prouesses techniques soient au service d’une histoire déjà sensiblement moins passionnante. Contre vents et marées, ou plutôt contre défaillances des différents modules et vagues de découragement, il faut survivre certes, mais cette lutte permanente contre la montre et une mort certaine qui guette dans le vide immense de l’espace suit un schéma sentimental auquel nous éprouvons un certain mal d’adhérer. Nous nous attendions évidemment pas à une grande leçon philosophique, soit alambiquée à la 2001 L’Odyssée de l’espace, soit gentiment naïve comme dans Mission to Mars. Mais les tentatives assez maladroites de conférer une personnalité à la rescapée courageuse, en accentuant son instinct maternel, s’apparentent plus à une distraction larmoyante qu’à une touche d’humanité à la hauteur des enjeux dramatiques. De même, l’ultime sursaut de rage de vivre est agencé selon une formule largement trop artificielle et éculée pour ne pas dénoter dans la sobriété presque scientifique qui caractérise le ton pendant la majeure partie du film.

Grâce à Alfonso Cuaron et son équipe de génies des effets spéciaux, nous avons eu le privilège de nous promener dans l’espace. L’expérience aurait été plus concluante, si elle n’avait pas été tributaire à ce point d’un conte de survie très classique, qui ne nous épargne pratiquement aucun poncif dans le domaine des mauvais coups du sort et des issues de secours empruntées in extremis.

 

Vu le 12 décembre 2013, à l’UGC Ciné Cité La Défense, Salle 9, en VO

Note de Tootpadu: