Titre original: | Players |
Réalisateur: | Brad Furman |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 92 minutes |
Date: | 25 septembre 2013 |
Note: |
Anciennement un trader de Wall Street dont la carrière prometteuse a été coupé court par la crise, Richie Furst a dû reprendre le chemin de l’école pour décrocher un diplôme à Princeton. Il paye ses frais exorbitants de scolarité en parrainant les autres étudiants auprès de sites de jeux, une forme de racket qui est mal vue par la direction de l’université prestigieuse. A court d’argent, Richie mise toutes ses économies dans une longue partie de poker virtuel. Constamment en position de perdant, il se retrouve sans le sou. Puisqu’il est convaincu d’avoir été arnaqué, le jeune homme ambitieux s’envole au Costa Rica, le refuge de l’entrepreneur véreux Ivan Block, propriétaire du site frauduleux.
Le troisième film du réalisateur Brad Furman a beau vouloir se donner un air de modernité, avec le point de départ des sites de jeux en ligne, il ne fait que copier sans le moindre état d’âme un nombre incalculable de recettes éculées. Players est l’exemple parfait du film tout droit sorti de l’éprouvette, péniblement dépourvu de personnalité, mais néanmoins assez efficace pour ne pas trop laisser entrevoir les ficelles qui animent une histoire très bancale. D’entrée de jeu, la prémisse est d’une fragilité déconcertante, en termes de crédibilité et de logique. La quête du jeune protagoniste, davantage un opportuniste rusé qu’un adhérent innocent au rêve américain poursuivi sur les terres de l’illégalité, ne se remet jamais tout à fait de ce faux départ. Elle se traîne mollement jusqu’à une conclusion, qui voudrait tellement singer l’espièglerie sophistiquée des contes de gangsters sans reproche, mais qui reste hélas aussi insignifiante que le film dans son ensemble.
La tentation de l’argent facile est un des thèmes les plus récurrents du cinéma hollywoodien. On pourrait même écrire qu’elle cristallise à elle seule la contradiction majeure d’une société, qui affiche fièrement ses valeurs morales immaculées, que l’on pourrait très facilement méprendre, voire démasquer, pour de l’hypocrisie ou de la manifestation d’un intégrisme mi-économique, mi-religieux à l’américaine, tout en prônant une course folle à l’enrichissement personnel et égoïste. Richie Furst aurait pu être l’un de ces prototypes d’un idéal américain, travailleur et ambitieux avec un taux de scrupules entièrement négociable, dont le salut ne dépend pas de la différence ténue entre les riches et les super riches, mais de sa volonté de se laisser corrompre par l’appât du gain. Même sous réserve d’un scénario criminellement anémique, le parcours du personnage aurait pu dévoiler, une fois de plus, le revers de la médaille des grosses fortunes, qui se dérobent à la loi tout en mettant les politiciens dans leur poche.
Hélas, il n’en est strictement rien. L’épaisseur morale du personnage principal est quasiment inexistante. Face à ce bien faiblard, le mal sous les traits d’un Ben Affleck, qui est en train de se rendormir sur ses lauriers, ne fait pas non plus le poids. Or, les trois têtes d’affiche – outre Affleck, nous avons droit aux leçons de somnambulisme de Justin Timberlake et Gemma Arterton – s’en sortent encore mieux que le pauvre Anthony Mackie, puni avec le rôle d’un agent fédéral, qui peine sérieusement à trouver un point d’emprise sur son indicateur potentiel. En quelque sorte, le spectateur est dans la même position fâcheuse que lui : plein de bonne volonté face à une affaire hautement prévisible, quoique pas non plus inintéressante, mais sans relâche frustré par un cours des choses qui ne nous a procuré aucune satisfaction.
Vu le 24 septembre 2013, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu:
Curieux titre français Players pour un film appelé initialement Runner Runner qui nous rappelle également à quel point mettre de bons acteurs dans un film ne suffit jamais à le réussir. Malgré un très beau trio d’acteurs principaux Justin Timberlake, Ben Affleck, Gemma Arterton le film n’arrive pas à nous séduire et surtout peine à avancer. Il suit le même constat d’échec que le film de Robert Luketic Las Vegas 21. A en croire que toute la réussite de son excellent précédent film La Défense Lincoln revient au scénariste John Romano et à la présence magnétique de Matthew McConaughey.
Pourtant le film aurait pu convaincre non seulement par le fait que le scénario a été co-écrit par Brian Koppelment David Levien (Les Joueurs, Le maitre du jeu, Ocean’s 13) mais la réalisation et surtout la photographie de Mauro Fiore ne peuvent pas convaincre et laisse les trois têtes d’affiche errer sans réelle direction. Certes la beauté glaciale de Gemma Arterton fait toujours le même effet et Justin Timberlake est devenu à force de travail un excellent comédien mais Ben Affleck retrouve ses tics de ses premiers films et malgré qu’il soit un excellent réalisateur et un acteur convainquant, il ne semble pas croire un instant à son rôle.
Les producteurs semblent vouloir utiliser la formule selon laquelle montrer de beaux paysages originaux (Costa Rica), une superbe actrice et de plus excellente actrice (Gemma Arterton) et des acteurs fortement appréciés permettent nécessairement d’attirer un large public.. Malheureusement un bon thriller devrait au moins s’étaler sur deux heures afin de bien présenter les personnages, supporter une intrigue pleine de rebondissements. De ce fait la trop courte durée du film nuit grandement à notre adhésion.
Players déçoit d’autant plus que le sujet est en lui-même des plus intéressants. Le traitement réservé à démontrer la corruption organisée à l’échelle mondiale aurait mérité d’avoir un réalisateur nettement plus engagé et surtout reposer sur un scénario suffisamment travaillé. Le résultat est donc non seulement une déception mais surtout une perte d’argent telle une somme jouée au Casino et vite perdue au vu du prix d’une place de cinéma actuellement.
Alors que certains films n’ont pas droit à une sortie en salle, d’autres comme celui-ci devrait sortir directement en vidéo sans passer par la case cinéma. L’échec en salle aux Etats-Unis, trente millions de dollar de budget, onze millions de dollars au box-office s’explique donc facilement pour ce film insipide, décevant et racoleur.
Vu le 29 septembre 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 09, en VF
Note de Mulder: