Titre original: | Miller Une famille en herbe (Les) |
Réalisateur: | Rawson Marshall Thurber |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 18 septembre 2013 |
Note: |
David Clark est un dealer modeste, qui vend de l’herbe pour le compte de Brad Gurdlinger. Il est content de son style de vie indépendant, surtout en voyant que ses anciens camarades de fac galèrent avec leur rôle d’époux et de père de famille exemplaire. David ne s’occupe que de lui-même, sauf à ce moment de faiblesse, où il a volé au secours de la jeune sans-abri Casey et de son voisin naïf Kenny qui se faisaient agresser par trois voyous. Résultat de cet acte d’altruisme : David se fait voler toute sa marchandise et ses économies. Fortement mécontent de ce faux pas, Brad l’oblige à faire de la contrebande et d’aller chercher un chouïa et demi de drogue au Mexique. Sûr et certain de se faire arrêter à la frontière s’il y va seul, David a l’idée de génie de s’y rendre en camping-car avec à ses côtés Casey, Kenny et sa voisine, la strip-teaseuse Rose, en guise de famille typiquement américaine.
La guerre contre le trafic de drogue a fait des dizaines de milliers de morts au Mexique depuis près de huit ans. En tant qu’arrière-plan d’une comédie américaine, foncièrement inoffensive, on aurait préféré quelque chose d’un peu moins grave que ce cadre désespérant qui n’est pas prêt à quitter la scène des actualités. L’apologie du crime sous-tend en effet de bout en bout Les Millers Une famille en herbe. Cette subversion de pacotille ne serait pas si préoccupante si l’autre finalité du film, à l’issue de maintes blagues vulgaires, n’était pas la célébration de l’esprit fédérateur américain qui se manifeste le mieux – vous l’aurez compris – dans le cercle d’une famille à peine dysfonctionnelle. La tentative du grand écart entre le manque de respect des conventions et leur retour en force, une fois que l’aventure deviendra obligatoirement plus sérieuse, échoue assez misérablement dans cette comédie, qui s’imagine déjà en satire cinglante, alors que ses ingrédients sont bien trop apprivoisés pour ébranler le statu quo.
Parmi ces éléments bien trop sages pour être crédibles en tant que contrebandiers opportunistes figure en première place le choix de Jennifer Aniston pour le rôle savoureux de Rose, la strip-teaseuse au grand cœur. Jamais reconnue pour sa sensualité ou son attrait érotique, l’actrice ne convient nullement à ce personnage réfractaire aux bonnes mœurs. Elle est carrément risible pendant la première partie du film, avec ses numéros aussi excitants qu’un camping-car tout confort, avant qu’elle ne se ravise pour adopter son approche habituelle de la femme pragmatique et prête à céder à l’homme, à condition de se laisser séduire suffisamment longtemps. Nous sommes généralement crédules, lorsqu’il s’agit d’accepter que tel acteur occupe tel rôle, mais dans le cas présent, l’erreur est vraiment trop flagrante pour être passée sous silence. Le reste du casting est guère plus réussi, avec les éternels ringards Jason Sudeikis et Ed Helms dans le contre-emploi fort discutable de magnats de la drogue et le pauvre Tomer Sisley sous les traits d’un Mexicain pour son premier film hollywoodien.
Il y aurait éventuellement eu de quoi concocter une farce irrévérencieuse à l’égard de la culture américaine avec cette histoire absurde de contrebande amateur. Dans les années 1980, pareille prémisse tirée par les cheveux se serait probablement traduit par une comédie joyeusement débile aux nombreux retournements de situation. Hélas, ces temps insouciants sont loin. L’empressement maladif du scénario de passer en revue tous les différents styles de vie et de sexualité qui sont devenus plus visibles depuis, de l’homosexualité à l’échangisme, sans oublier les déformations génitales et une forme bénigne d’inceste – si toutefois une telle chose existait –, alourdit irrémédiablement un récit, qui ne brillait pas par son originalité pour commencer. Car si le crime organisé et ses ravages collatéraux ne nous font guère rire, la volonté mensongère de démolir le modèle familial propret juste pour y revenir en courant a de quoi provoquer chez nous de l’exaspération pure et simple. Une désapprobation point relativisée par le bêtisier en fin de film : une tradition navrante qui cherche à arracher au forceps les quelques rires qu’il nous reste après près de deux heures d’un humour forcé.
Vu le 9 septembre 2013, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu:
Les Miller, une famille en herbe est une nouvelle fois un film qui a divisé notre rédaction.
Il aurait fallu attendre pratiquement neuf années, mois pour mois, avant de retrouver le brillant réalisateur du cultissime film Même pas mal ! (Dodgeball) dans une autre comédie tout aussi corrosive et brillamment interprétée. On savait déjà à voir Dodgeball, que rien ne pouvait arrêter l’humour sans limite du réalisateur et cette fois, il faut croire que le scénario de Bob Fisher et Steve Faber (Serial noceurs), Sean Anders (M Popper et ses pingouins) et John Morris lui a parfaitement convenu.
Loin des comédies hollywoodiennes très convenues et aseptisées, Les Miller ose brocarder la sacro-sainte famille en faisant d’un dealer de stupéfiants, une stripteaseuse et deux adolescents à problème une famille temporairement constituée afin de ramener du Mexique une cargaison de drogues. Rien n’est ainsi épargné aux spectateurs au niveau d’un humour qui vise juste à chaque pointe d’ironie. Le réalisateur peut s’appuyer sur deux comédiens issus du monde de la télévision soit Jason Sudeikis (Saturday Night Live, 30 Rock..) et Jennifer Aniston (Friends). Ces deux comédiens avaient déjà joué ensemble dans la comédie réussie Comment tuer son boss. Leur duo est sans contexte une des clés de réussite de cette comédie américaine. Les différentes situations cocasses que vont rencontrer cette famille reconstituée permet de nombreux rebondissements et surtout de passer un excellent moment. Nous avions en effet rarement autant ri devant une telle comédie américaine.
Le film semble vouloir constamment repousser la bienséance comme cette scène de striptease (torride) mais hélas trop courte de Rose O’Reilly ou cette scène culte d’un apprentissage assez loufoque dans la caravane pour apprendre certains rudiments au fils de la famille. Le film est donc un excellent moyen dans cette période de crise, de chômage omniprésent de se changer les idées. Les nombreuses scènes portant à devenir culte sont nombreuses et surtout montrent que Jason Sudekis à toutes les qualités requises pour s’imposer dans des comédies irrésistibles contrairement à celles avec Adam Sandler devenues affligeantes.
Enfin, le casting de ce film permet de retrouver aussi bien un acteur français convainquant dans le rôle d’un trafiquant de drogue (Tomer Sisley) que des acteurs de séries (Nick Offerman, Kathryn Hahn, Molly C. Quinn) et aussi un des acteurs d’une autre comédie culte d’une production également Warner Bros (Ed Helms). Tout ce casting réuni permet aux spectateurs de passer un excellent moment. Que demander de plus à une comédie hors norme…
Vu le 21 septembre 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 01, en VF
Note de Mulder: