Sunlight Jr.

Sunlight Jr.
Titre original:Sunlight Jr.
Réalisateur:Laurie Collyer
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:00 2013
Note:

Melissa Winters travaille comme caissière à l’épicerie du coin, le Sunlight Jr. Elle supporte tant bien que mal ce travail et les avances déplacées de son patron qui vont avec, mais elle compte postuler prochainement pour un programme d’études financé par l’entreprise. C’est ainsi qu’elle espère ouvrir des perspectives au couple qu’elle forme avec Richie, un paraplégique qui investit l’essentiel de sa rente du gouvernement dans l’alcool. Melissa croit toutefois en l’avenir de cette relation, surtout parce qu’elle en a marre de se faire harceler par son ex-copain Justin et qu’elle ne souhaite pas retourner chez sa mère, elle aussi alcoolique.

Critique de Tootpadu

Les Etats-Unis sont fermement sous l’emprise de la crise économique. Il suffit de regarder l’immense majorité des films sélectionnés et projetés jusqu’à présent à ce festival de Deauville pour se convaincre que ça ne va pas fort, ni pour le porte-monnaie, ni pour le moral des Américains. Rien de mal à première vue à ce reflet direct d’une réalité sociale que le cinéma cherche à figer sur quelques octets numériques. Car la vocation du cinéma, de fiction ou documentaire, est aussi l’enregistrement d’un état d’esprit à un moment donné, qui est influencé par le niveau de vie global, conditionné à son tour par le climat économique et social ambiant. Quand pareil témoignage en temps réel jouit d’une crédibilité qui va droit au cœur, grâce à la modestie du budget et à l’authenticité des interprétations, ces contes peuvent prétendre à être ce que le cinéma indépendant produit de plus pur et de plus beau.

Hélas, le deuxième film de la réalisatrice Laurie Collyer souffre d’une lacune majeure qui relativise considérablement son impact. En effet, la participation de comédiens comme Naomi Watts et Matt Dillon pousse le ton de son film vers un misérabilisme des plus artificiels. L’histoire en elle-même, truffée de clichés navrants sur les bas-fonds de la société américaine, de l’alcoolisme aux familles d’accueil insalubres, en passant par des rapports professionnels graveleux et un système de santé inégalitaire, aurait pu fonctionner, si seulement les deux rôles principaux avaient été confiés à des acteurs moins facilement identifiables en tant que vedettes hollywoodiennes. Ce n’est pas tant le fait que les deux têtes d’affiche ménagent leurs efforts pour donner vie à leurs personnages qui nous a sortis du film, mais qu’ils n’arrivent à aucun moment à s’affranchir de l’impression d’être des privilégiés, qui font semblant d’être pauvres pour les besoins d’un film, sans doute bien intentionné.

Du coup, ce sont les bonnes intentions indéniables de la réalisatrice elles-mêmes qui engagent Sunlight Jr. sur la voie fort discutable d’un misérabilisme à peine voilé. Un choix d’autant plus regrettable que le sort des laissés-pour-compte du rêve américain mériterait une approche moins convenue que ne l’est celle de ce film à peine honorable.

 

Vu le 3 septembre 2013, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: