Titre original: | Twenty feet from stardom |
Réalisateur: | Morgan Neville |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 04 décembre 2013 |
Note: |
Darlene Love, Merry Clayton, Lisa Fischer, Tata Vega ou encore Judith Hill : ces noms sont largement méconnus du grand public. Pourtant, les femmes qui se cachent derrière ont participé aux plus grands succès de la musique pop et rock des cinquante dernières années en tant que choristes. Ces chanteuses dans l’ombre des vedettes ont rendu de nombreuses chansons inoubliables, sans pour autant réussir forcément le saut vers une carrière en solo.
Rien de mieux qu’un documentaire musical qui donne la pêche pour nous permettre de nous remettre de la première déconvenue majeure de ce festival de Deauville ! Le sous-genre des hommages aux acteurs de l’ombre, longtemps ignorés avant d’être célébrés au grand jour pour leurs accomplissements passés, a en effet tendance à nous faire chaud au cœur. Notre degré d’émerveillement devant ces contes au dénouement heureux dépend toutefois de l’adresse de son agencement, ou plus précisément de sa capacité à nous émouvoir sans que l’on ne se sente manipulé. Il n’y a pas grand-chose à craindre de ce côté-là de la part de Twenty feet from stardom, qui aborde en toute sobriété le sujet des choristes qui peinent sérieusement à s’imposer individuellement.
Or, c’est peut-être justement ce refus de basculer dans l’exagération, que la mise en scène de Morgan Neville revendique clairement, qui nous a laissé un tout petit peu sur notre faim en termes d’enthousiasme sans borne. Une fois qu’on s’est familiarisé avec les cinq divas au centre des préoccupations – une tâche guère facilitée par l’exposition passablement brouillonne –, nous devons en effet apprendre que la reconnaissance et la gloire ne se trouvent pas au bout du chemin pour chacune d’entre elles. Le monde du spectacle ne ménage en effet personne. Pour chaque renaissance passagère l’artiste doit affronter des périodes de doute et de précarité matérielle. Il résulte une grande noblesse de ce constat énoncé sans amertume, dont l’intelligence relativise néanmoins notre accès viscéral au sort des chanteuses, mal servies par une industrie musicale sans scrupules.
Que reste-t-il alors de ce documentaire qui lève le voile sur l’un des très rares sujets pas encore trop largement explorés dans le domaine de l’effort collaboratif qu’est le plus souvent la musique ? Au pire des cas, juste le souvenir de ses prédécesseurs encore plus aboutis, comme Motown La Véritable histoire de Paul Justman, et plus globalement l’assurance que le talent, aussi confidentiel soit-il, finit toujours par être reconnu par quelqu’un, quelque part.
Vu le 31 août 2013, au Casino, Deauville, en VO
Note de Tootpadu: