No pain no gain

No pain no gain
Titre original:No pain no gain
Réalisateur:Michael Bay
Sortie:Cinéma
Durée:130 minutes
Date:11 septembre 2013
Note:

En 1995, le coach sportif Daniel Lugo ne manque pas d’ambition. Un adepte inconditionnel des leçons édifiantes et volontaristes du milliardaire Johnny Wu, il rêve de faire fortune, quitte à ce que ça se fasse dans l’illégalité. Son chemin vers la richesse commence par l’enlèvement d’un de ses clients, l’entrepreneur Victor Kershaw, à qui il voudra ensuite soutirer tout son argent. Pour mener à bien son projet, Daniel s’assure les services de Adrian Doorbal, un ami culturiste, et de Paul Doyle, un ancien prisonnier qui a décroché de la drogue grâce à sa conversion au christianisme. Ensemble, les trois fanatiques des muscles gonflés vont sérieusement galérer avant de toucher au jackpot du crime.

Critique de Tootpadu

Nous savions que Michael Bay valait mieux que cette sépulture précoce d’une suite de Transformers après l’autre, dans laquelle il s’est volontairement enfermé depuis près de dix ans ! Malgré les sérieuses réserves que nous inspire sa filmographie d’un point de vue esthétique, l’homme qui a donné une mauvaise réputation aux blockbusters dans les années 1990 n’est point un tâcheron fini. De là à s’attendre à un règlement de compte déchaîné avec le rêve américain, c’était un pas que nous n’osions pas franchir, jusqu’à présent. No pain no gain est loin d’être un chef-d’œuvre. Il s’agit cependant de l’occasion rare d’observer un enfant du système – puisque Michael Bay est le symbole même du côté commercial de Hollywood – se retourner sans regrets contre une philosophie de vie confortable dont il profite chaque jour. On connaissait déjà les satires sarcastiques de Robert Altman ou de Oliver Stone, voire plus récemment et d’une façon plus confidentielle de Bobcat Goldthwait. Or, ces cinéastes vilipendaient depuis l’extérieur une civilisation à laquelle ils se sentaient sans doute intellectuellement supérieurs. Ce qui ne veut nullement dire que Michael Bay est un crétin mercantile, juste que la subversion venue de l’intérieur, aussi ironique et mesurée soit-elle, comporte toujours plus de vérités savoureuses qu’une simple critique détachée.

L’angle d’attaque du dixième film de Michael Bay n’a rien à voir avec le fonctionnement de la fabrique de rêves américaine sous son aspect filmique. Le réalisateur ose voir plus grand, en tournant en dérision la culture populaire des Etats-Unis dans son ensemble. Aucun cliché n’est ainsi épargné au fil d’un récit au ton étonnamment acerbe, pour ne pas écrire intelligent, de la part d’un cinéaste jusque là célèbre pour la suprématie de la forme sur le fond. Les piques du scénario méchamment divertissant ne s’aventurent jamais vers le mauvais goût assumé. Elles orchestrent toutefois un petit feu d’artifice de railleries qui culmine dans la célébration de la plus honteuse des caractéristiques américaines : la bêtise absolue érigée en mode de vie sans scrupules.

Quelques lacunes formelles mises à part, comme l’emploi un peu trop systématique et arbitraire de la voix off et un rythme qui s’essouffle sérieusement pendant la dernière demi-heure, cette comédie irrévérencieuse est sans l’ombre d’un doute ce que nous pouvons espérer de mieux de Michael Bay. C’est même une réelle bonne surprise, peut-être aussi parce que la lucidité du propos ne perd jamais de vue l’absurdité de cette histoire abracadabrante, comme on ne peut en trouver qu’en Amérique.

 

Vu le 21 août 2013, au Royal Monceau, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

La curieuse traduction française du titre américain à la négative (Pain & Gain devient No Pain, No Gain) est le premier élément qui retient notre attention. Pourtant ce film semble être nettement plus en rapport avec l’histoire ici comptée et inspirée d’une histoire vraie. Le film s’inspire en effet de plusieurs articles écrits par le journaliste du Miami New Times Pete Collins. Ces articles concernaient l’histoire de bodybuilders devenus criminels. Curieux choix aussi de film pour un réalisateur habitué à nous proposer des blockbusters décérébrés et pourtant ultra jouissifs (Armageddon, Pear Harbor, Transformers) de se retrouver à la direction d’une comédie digne de Tarantino ou des frères Coen. Les trois pieds nickelés Daniel Lugo (Mark Wahlberg), Paul Doyle (Dwayne Johnson) et Adrian Doorbal (Anthony Mackie) semblent tout droit sorti d’une comédie des frères et plus précisément de Dumb and Dumber. A force de vouloir vivre le rêve américain à tout prix, le personnage Daniel Lugo emmène ses meilleurs amis  dans des aventures rocambolesques (enlèvement, vols divers..).

Michael Bay avant d’être un réalisateur de long métrage est comme Fredrik Bond un metteur en scènes de spots publicitaires (Nike, Budweiser, Coca Cola) et il a ainsi représenté à travers ses différents clips une image idyllique de notre société. Le sujet du film était donc pour lui parfait pour appliquer sa méthode fortement critiqué reposant sur des mouvements de caméras trop voyants, des plans esthétisés au possible et un montage nerveux. Cette méthode qui irrite au possible notre critique Tootpadu se révèle ici parfaitement en phase avec cette histoire hors norme. Loin de s’appuyer sur l’utilisation d’effets spéciaux ultra spectaculaires qui ont fait sa réputation, il préfère cette fois s’appuyer sur la présence de deux acteurs excellents dans leur rôle : Mark Wahlberg et Dwayne Johnson. Ce n’est donc pas un hasard de retrouver dans le rôle principal de son prochain blockbuster Transformers 4 Mark Wahlberg. 

Ce film est donc une manière pour ce réalisateur de faire un film plus proche de sa vision des revers de l’american way of life. On se doute que pour monter le financement d’un tel film il dut négocier sévèrement avec Paramount Pictures et notamment la promesse de réaliser un nouveau Transformers. Sa fresque  est donc une réjouissante farce à l’humour digne d’un grand cru Tex Avery. No Pain No gain est ainsi une excellente comédie et à ce jour l’un des meilleurs films de ce réalisateur pourtant tant critiqué et respecté pour les nombreux énormes succès au box-office mondial.

Vu le 13 septembre 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 01, en VF

Note de Mulder: