Elysium

Elysium
Titre original:Elysium
Réalisateur:Neill Blomkamp
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:14 août 2013
Note:

En 2154, la Terre est malade, polluée et surpeuplée. Les riches ont depuis longtemps déserté la planète en perdition, afin d’élire domicile sur Elysium, une station spatiale artificielle où l’air est propre et les maladies sont détectées et guéries rapidement. Depuis qu’il a été à l’orphelinat, Max rêve de partir un jour vers ce paradis lointain. Sa vie a pourtant mal tourné et, après quelques délits mineurs, il est fiché comme criminel, à la merci des procédures répressives des forces de l’ordre complètement automatisées. Suite à un grave accident de travail à l’usine qui ne lui laisse que quelques jours à vivre, Max accepte une proposition périlleuse de Spider, le caïd qui organise des expéditions clandestine vers Elysium.

Critique de Tootpadu

Quel bel avenir nous prédit le deuxième film du réalisateur Neill Blomkamp ! Le pire, c’est que sa version d’une civilisation vouée à la pauvreté et à l’anarchie est plutôt réaliste, en tout cas du côté sombre d’une population désœuvrée et soumise, qui devra se battre violemment pour les quelques avantages sociaux que nous considérons comme acquis aujourd’hui. En tant que mise en garde contre une humanité qui court à sa perte, Elysium remplit amplement le contrat d’une analyse pessimiste, qui ne fait point dans la dentelle lorsqu’il s’agit d’esquisser assez brutalement comment serait la vie dans un futur proche, si les extrêmes sociaux s’accentuaient davantage, sans l’espoir de ressusciter le doux souvenir de la classe moyenne, la colle qui garantit la cohésion et la paix au sein de la pyramide sociale.

La dureté du propos dénote même positivement dans le contexte d’une grosse production américaine, qui sait au moins se préserver pendant une bonne heure des impératifs plus commerciaux d’un spectacle tonitruant et en fin de compte rassurant. Les choses se gâtent petit à petit, dès qu’il faut faire entrer la prophétie néfaste dans le moule d’un antagonisme plus classique, qui se conjugue au fil de quelques affrontements conventionnels. La constellation quasiment parfaite entre les bons et les méchants, caricaturaux et pourtant crédibles dans leur quête désespérée d’améliorer ou de préserver leur style de vie, commence ainsi à se détraquer au fur et à mesure que les acolytes s’effacent au profit d’un manichéisme plus primaire. Pendant les dernières minutes du film, il ne reste pratiquement plus rien de la noirceur du ton qui nous avait subjugués initialement, puisque la mise en scène bascule sans gêne du côté d’une esthétique à la Ridley Scott, aux images léchées mais au fond creux et sans prise de position hardie.

Neill Blomkamp continue donc de nous plonger dans le dilemme entre d’un côté l’enthousiasme sans réserve que nous inspirent ses prémisses ingénieuses et habitées d’une conscience et d’une intelligence sociales que l’on trouve hélas rarement dans le cinéma commercial pur et dur, et de l’autre une perception plus dubitative causée par une exécution adéquate qui se laisse invariablement parasiter par une conclusion plus consensuelle. Au moins quelques personnages hauts en couleurs, comme Jodie Foster dans le rôle aussi cynique que réactionnaire de la ministre de la défense, prête à tout pour assouvir sa soif de pouvoir, épicent suffisamment le récit pour presque nous faire oublier le décalage sensible – et malheureusement inhérent depuis longtemps au cinéma hollywoodien – entre la prouesse sans fard de la première moitié du film et son dénouement moins exceptionnel.

 

Vu le 19 août 2013, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Neill Blomkamp fait partie des dignes successeurs du très grand John Carpenter. Plus à l’aise avec une production au budget limité, il se retrouve ici avec les mêmes soucis que John Carpenter avec Los Angeles 2013. Ainsi Elysium pourrait s’apparenter à une version boostée de son premier film District 9. On se retrouve ici ainsi en territoire connu et on reconnaît aisément ces bidonvilles d’Afrique du Sud servant cette fois à abriter une terre abîmée par l’homme et où ne vivent  que les plus déshérités. En effet les plus riches ont pu trouver refuge dans la station orbitale Elysium. Comme District 9, le personnage principal va se voir subir une mutation non pas en extraterrestre mais en véritable homme machine en se voyant attribué une sorte armure.

Une nouvelle fois également le réalisateur fidèle artisan livre un fort message social montrant que les disparités entre les classes sociales ne pourront que s’agrandir au fur et à mesure. Il signe ici non seulement le scénario et la réalisation de ce film mais également agit en temps de producteur. Cette maîtrise totale sur son œuvre se ressent par cette volonté de montrer un monde réaliste et de donner une vraie âme à ses personnages. Certes ce pari est un pari risqué car à force de s’attacher à ceux-ci le rythme du film reste comme son précédent film très (trop lent) et ainsi pourra déplaire au public friand de scènes d’action non-stop, d’effets spéciaux spectaculaires et d’une réalisation très vidéoclip comme celle de Michael Bay.

Reste que Elysium est un grand film de science fiction dans la même veine que District 9 et reposant sur un casting cette fois plus réputée. Ainsi Matt Damon interprète le rôle de Max, modeste ouvrier qui suite à une exposition à la radioctivité n’a plus que cinq jours à vivre. Une nouvelle fois, il se montre parfait dans son rôle et réussit à donner vie à son personnage. De la même manière Sharlto Copley (déjà présent dans District 9), Alice Braga et Diego Luna sont parfaits dans leur rôle et donnent aux films toute sa force. On ne pourra pas en dire autant malheureusement de Jodie Foster dans le rôle Ministre Rhodes de Elysium. Cette grande actrice ne semble pas très inspirée.

Elysium peut ainsi concourir comme film de science-fiction de cette période estivale. Il se révèle être une distraction intelligente et salvatrice pour un public friand de films de science fiction. En voyant ce film, comment ne pas penser au manga Gunnm de Yukito Kishiro et à ce héros malgré lui qui va se dépasser pour sauver l’humanité de sa perte. Force est de constater que le réalisateur semble être friand de manga vu au soin apporté aux vaisseaux spatiaux et multiples androïdes aussi bien présents sur cette terre dévastée que sur Elysium. Neill Blomkamp pour son second film témoigne qu’il a tout le talent nécessaire pour devenir un grand réalisateur et corriger ses erreurs de film en film. Il créé ainsi un univers futuriste crédible et apporte un soin véritable à élaborer une intrigue pleine de rebondissements et de scènes d’action spectaculaires. On pourrait peut-être lui reprocher un excès de zèle par son idée simpliste qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour guérir les plus riches de toutes les maladies. On pourra peut-être aussi lui reprocher après un excellent départ de ne pas choisir entre faire un film indépendant et faire un blockbuster estival tellement son film semble être en permanence entre ces deux catégories. Un bon blockbuster de science-fiction se doit d’avoir un rythme lent au départ et de s’accélérer au fur et à mesure que le héros s’avance dans un monde hostile. Aidé par un budget plus de trois fois supérieur à son premier film, le résultat aurait du être réellement supérieur à son premier film or hormis quelques effets spéciaux supplémentaires ces deux films se ressemblent trop. 

C’est en cela en comparant New York 1997/ Los Angeles 2013 et District 9/Elysium que John Carpenter et Neill Blomkamp n’arrivent pas totalement à nous surprendre. Ces réalisateurs semblent être meilleurs avec peu de moyens mais recourant à un système D qu’ avec un gros budget et ne sachant pas trop comment l’exploiter parfaitement. Elysium est malgré tout une excellente surprise et le plaisir de retrouver l’un des meilleurs acteurs actuels américains Matt Damon. Il livre une nouvelle fois une grande interprétation et son absence lors du 39ème festival du cinéma américain de Deauville se fera ressentir.

Vu le 27 aout 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 11, en IMAX et VF

Note de Mulder: