Titre original: | Fille du 14 juillet (La) |
Réalisateur: | Antonin Peretjatko |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 88 minutes |
Date: | 05 juin 2013 |
Note: |
Le 14 juillet, Truquette cherche à vendre des journaux et des gadgets aux badauds qui sont venus voir le défilé de la fête nationale à Paris. Mais le pays est en crise et les affaires vont mal. Arrivée à la fin de ses études, Truquette aimerait bien trouver un vrai travail, mais faute de logement, même les agences d’intérim ne la prennent pas au sérieux. Elle dort chez une copine, Charlotte, qui est gardienne au musée du Louvre. C’est elle qui présente à Truquette son nouveau collègue Hector. Ce serait le coup de foudre, si les deux amoureux n’étaient pas aussi timides et maladroits. Il leur faudra un petit voyage mouvementé au bord de la mer, en plein croisement des juillettistes et des aoûtiens, pour mieux se retrouver.
Il n’y a rien de plus français que le défilé du 14 juillet, avec sa tradition vétuste de la célébration de la Grande Nation, comme si l’on vivait encore à l’époque glorieuse de l’empire international. La France d’aujourd’hui est difficilement reconnaissable dans cette pompe militaire et ce faste cérémonieux qui se déversent une fois par an le long des Champs-Elysées. Plus que jamais, la France est un pays en crise, à la fois d’un point de vue économique et moral, et ce n’est hélas pas le gouvernement actuel qui nous sortira de ce marasme. Espérer pareil exploit de la part d’un premier film au budget sans doute modeste, ce serait probablement aller trop loin. Toujours est-il que La Fille du 14 juillet apporte un coup de fraîcheur décomplexé en cette période estivale, qui aurait sinon tendance à suivre la nation dans son élan néfaste de léthargie.
Ce film jubilatoire n’est malheureusement pas représentatif du cinéma français actuel. Son immense liberté de ton est certes directement tributaire de la Nouvelle Vague et de ses expériences formelles souvent débridées, quoique pas toujours concluantes. Sa légèreté joyeuse dénote cependant dans le contexte actuel d’une cinématographie nationale qui subit, elle aussi, les effets de la crise. La mise en scène de Antonin Peretjatko s’aventure loin des sentiers battus, pour célébrer un humour absurde et gentiment foireux qui était passé de mode depuis Jacques Tati. Or, à l’inverse de l’univers du réalisateur de Jour de fête, les frustrations des personnages dans ce film-ci ne sont pas nécessairement causées par des objets – en guise de signes annonciateurs d’une ère moderne dans laquelle l’homme sera le corps étranger dans un monde parfaitement automatisé –, mais par une fourberie des manœuvres de séduction qui paraît importer plus au scénario que les conventions fatiguées des contes romantiques.
Ainsi, la folie optimiste sous toutes ses formes prime sur des exigences narratives plus classiques. Il n’y a pas grand-chose à tirer du scénario rudimentaire, mais son agencement plein de désinvolture constitue un divertissement des plus plaisants. Et même si quelques piques réfractaires au conformisme d’un état de droit, qui court toujours le risque de devenir un état de police, surprennent agréablement, le propos sur la civilisation française, tel qu’elle survit en ces temps de crise, s’avère un peu trop loufoque et superficiel pour s’élever au niveau suprême de la satire méchante sans ménagement.
Vu le 6 août 2013, au Louxor, Salle 1
Note de Tootpadu: