Pacific Rim

Pacific Rim
Titre original:Pacific Rim
Réalisateur:Guillermo Del Toro
Sortie:Cinéma
Durée:131 minutes
Date:17 juillet 2013
Note:

Dans un avenir proche, l’humanité risque de céder sous la menace des Kaiju, d’affreux monstres montés depuis les profondeurs de l’océan Pacifique grâce à une brèche intergalactique. Le seul espoir de venir à bout de cette invasion pour l’instant ponctuelle de ces bêtes d’un autre monde réside dans les Jaeger, de gigantesques robots construits pour être pilotés par deux hommes à travers une passerelle neuronale. Le jeune Raleigh Becket était aux commandes d’une de ces armes surpuissantes avec son frère aîné Yancy, jusqu’à ce que celui-ci meure lors du combat contre un Kaiju d’une nouvelle catégorie. Cinq ans plus tard, alors que Raleigh travaille comme ouvrier à la construction du mur côtier qui est censé retenir les Kaiju de plus en plus grands, son ancien supérieur Stacker Pentecost fait appel à lui pour monter une ultime offensive.

Critique de Mulder

Souvent les Majors américaines ont tendance à vouloir montrer tous les moments clés d’un blockbuster dans leurs bandes annonces ce qui fait que lorsque nous regardons réellement le film en salle nous avons souvent l’impression de ne rien découvrir de bien nouveau réellement. Après l’excellent Man of Steel, Warner Bros Entertainement frappe de nouveau aussi fort qu’un Jaegers dans le paysage cinématographique assez calme actuellement.

Le film nous relate ainsi l’affrontement entre des hordes de créatures monstrueuses surgies d’une brèche sous marine et l’espèce humaine. Pour les combattre, une armée de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent être impuissants face aux titanesques Kaiju. Alors que la défaite paraît certaine, les forces armées n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros déchus et blessés: un ancien pilote qui a perdu son frère lors d’un combat (Charlie Hunnam) et une jeune femme japonaise en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manœuvrer un Jaeger d’apparence obsolète….

Guillermo Del Toro signe avec Pacific Rim son meilleur film. Non seulement, il réalise celui-ci mais s’est complètement investi en qualité de coscénariste (avec Travis Beacham / Le Choc des Titans) et de producteur.  Il livre ainsi via son huitième film, vingt ans après son premier film (Cronos) l’un de meilleurs films de science fiction vu depuis une vingtaine d’années sur grand écran. Loin d’être un simple plan marketing comme l’a été dans le passé Jurassic Park (excellent film au passage), Pacific Rim est surtout le plus beau des hommages que peut faire l’un des plus grands réalisateurs actuels au monde du cinéma. En effet, Pacific Rim n’est pas seulement le plus beau des hommages rendus au genre des Kaijû (monstres géants) dont Godzilla est le plus connu des ambassadeurs mondiaux mais il rend aussi hommage aux films japonais de samouraïs des années 60, aux films de guerre américains des années 70 et surtout aux mangas qui ont bercé notre enfance (Y?f? Robo Gurendaiz? (Goldorak)). Guillermo Del Toro tel un sculpteur construit son film comme une œuvre d’art parfaite et tire le maximum du budget conséquent alloué au film. Non seulement, il ne trahit en rien sa vision du cinéma mais surtout ose le pari de montrer l’inimaginable en terme de cinéma en prise réelle. Ce n’est pas un hasard, si il dédie son film à Ray Harryhausen l’un des maîtres incontestés des effets spéciaux.  Loin d’être une suite de combats entre monstres aquatiques géants et Robots contrôlés par deux humains reliés entre eux télépathiquement, le film est surtout une étude de personnages blessés et meurtris par les dégats causés par ces Kaiju.

Pacific Rim est donc un film d’auteur qui réussit à garder toute son intégrité et à mettre en place un mécanisme sans aucune faille pour réaliser le blockbuster de cet été à voir et revoir. Loin d’oublier dans son sillage ses proches, il collabore ainsi une fois de plus avec l’excellent Ron Perlman (Cronos, Blade 2, Hellboy 1&2). Il s’appuie aussi sur une des meilleurs compositeurs actuels Ramin Djawadi (Game of Thrones). Surtout, il réussit à faire de son film une retranscription de peintures vivantes telles ces scènes de combat entre un Jaeger et un Kaiju. Pour ces scènes, il a ainsi étudié le Colosse de Goya, ainsi que La Grande Vague de Kanagawa de Hokusai. Le film s’appuie aussi sur les effets spéciaux exceptionnels du studio ILM  (Industrial Light & Magic).

Un choix aussi ambitieux et risqué mais pleinement réussi est d’avoir composé le casting du film d’aucun acteur médiatisé mais plutôt de secondes têtes d’affiche et chacun étant parfait dans son rôle. On retrouve ainsi  dans les rôles principaux des comédiens issus du monde de la télévision Charlie Hunnam (Raleigh Becket) (Série Sons of Anarchy,), Idris Elba (Série Luther) (Stacker Pentecost), et Charlie Day (Dr. Newton Geiszler) (Série Philadelphie) et surtout la sublime Rinko Kikuchi (Mako Mori). On reconnait ainsi la patte de Guillermo Del Toro qui tel un orfèvre sait tirer parti de la meilleure manière du budget alloué pour faire de Pacific Rim un film où chacun des dollars investis est palpable sur l’écran. 

Pacific Rim est ainsi un pur chef d’œuvre, un grand film qui marquera toute une génération et surtout le rêve d’un visionnaire qui de film en film s’est bâti une filmographie parfaite.

Vu le 11 juillet 2013 à l’UGC Normandie , Salle 01, en VO

ReVu le 19 juillet 2013 au Gaumont Disney Village , Salle 11, IMax, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Cet été, le calendrier des sorties françaises ne veut vraiment pas du bien au réalisateur Roland Emmerich ! Quand son White House Down sortira enfin d’ici quelques semaines, notre mémoire de spectateur aura déjà amplement saturé en termes de stéréotypes généralement associés à son œuvre, sans parler du doublon bon marché sur l’attaque de la Maison Blanche passé dans les salles au printemps et d’ores et déjà disponible en vidéo. Après la transposition efficace des scénarios de la fin de monde dans l’univers des zombies par le biais de World War Z de Marc Forster, voici le mélange passablement ingénieux entre les recettes de Independence Day et Godzilla. En effet, les productions hollywoodiennes de cette saison estivale restent toujours aussi frileuses, et donc étroitement redevables envers un manque d’originalité – et un appui inflexible sur la sécurité supposée des formules éprouvées – qui n’équivaut pas toujours à un bon retour sur investissement.

Le très long pré-générique de Pacific Rim, qui s’étale sur un quart d’heure tout de même, nous avait cependant donné l’espoir d’assister enfin à un mastodonte d’action suffisamment vigoureux pour ne pas devoir craindre la comparaison avec ses contemporains, voire avec toute une tradition de divertissements tonitruants vieille de trente-cinq ans. La prémisse de cette épopée de science-fiction plutôt abracadabrante y est présentée avec une telle conviction et un sens aigu pour le spectacle passionnant, visuellement parlant et du point de vue de la gestion de la tension issue d’un sentiment oppressant d’urgence, que nous aurions presque eu envie de partager l’enthousiasme de notre confrère Mulder.

Hélas, l’intensité baisse progressivement, au fur et à mesure que la structure narrative du film s’éternise dans des affrontements répétitifs et interminables, ainsi que dans une conception très conventionnelle du héros, téméraire et imprévisible mais prêt à faire les bons choix quand cela compte réellement. La mise en scène de Guillermo Del Toro ne manque pas d’aplomb pour franchir les différentes étapes de la guerre contre un ennemi a priori invincible. On pourrait qualifier son film de mesuré, voire de relativement intelligent, dans le réchauffement des poncifs qui ont traversé l’Histoire du cinéma, pour faire simple de George Lucas et Star Wars à Roland Emmerich et ses opéras de panique à l’aspect plus ou moins collectif. Il n’empêche que son talent est au service d’un film formaté du début jusqu’à la fin, qui n’a strictement rien de pertinent à dire sur la condition humaine, mais qui se laisse regarder sans trop de déplaisir.

 

Vu le 6 août 2013, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: