Titre original: | Lone Ranger Naissance d'un héros |
Réalisateur: | Gore Verbinski |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 149 minutes |
Date: | 07 août 2013 |
Note: |
En 1869, la construction des chemins de fer est sur le point de relier définitivement les deux côtes du continent américain. Pour l’occasion, l’homme d’affaires Latham Cole fait venir exprès le bandit Butch Cavendish, qui doit être pendu publiquement. Mais Butch réussit à s’enfuir avant que son train n’arrive à destination, laissant derrière lui l’autre prisonnier, le chef indien Tonto, et John Reid, un avocat venu de la grande ville pour prêter main forte à son frère, le shérif local. Reid et les autres rangers se lancent à la poursuite des bandits. Pris dans une embuscade, il ne devra sa survie qu’à Tonto, qui voit en lui avec une certaine réticence le guerrier légendaire qui rendra justice à son peuple.
Au plus tard depuis qu’il est devenu le pygmalion de la facette enfantine de Johnny Depp avec les trois premiers Pirates des Caraïbes, le réalisateur Gore Verbinski conçoit chacun de ses films comme une attraction. Toutes proportions gardées, cela le place à la fin d’une longue lignée, jadis commencée par Cecil B. DeMille, de cinéastes populaires dont la qualité de l’expression cinématographique reste discutable, mais qui ont su célébrer sans complexe l’aspect spectaculaire du cinéma. Face à un film de Gore Verbinski, le spectateur n’a point besoin de réfléchir, mais de s’abandonner à l’envergure d’un divertissement qui lui en met plein les yeux et les oreilles, sans pour autant souscrire à l’esthétique agressive d’un Michael Bay. La prise du plaisir y est aussi immédiate qu’éphémère, un interminable titillement des sens qui ne laisse pourtant aucun arrière-goût.
Les agissements des dispositifs filmiques employés par Gore Verbinski à la surface de la perception ne se prêtent guère à des réflexions plus profondes. L’une des rares fausses notes de ce western de haut vol est ainsi son commentaire sur l’extermination des Indiens, inclus avec un opportunisme déplacé dans l’avant-dernier affrontement tonitruant. Cette tentative maladroite de ramener le conte à une réalité infiniment moins féerique contredit le ton joyeusement enjoué qui l’a précédé. Car c’est précisément la relecture des vieux mythes de l’ouest américain à travers une aventure estampillée Disney qui confère à Lone Ranger Naissance d’un héros tout son charme.
Quant au pillage sans vergogne de l’Histoire du genre sous toutes ses formes, nous devrions y être habitués, depuis le temps que la machine hollywoodienne tourne en rond dans son refus catégorique de l’originalité. Le dilemme de voir une nouvelle génération de spectateurs devenir réceptive au western, en s’émerveillant devant un souffle épique et un aspect visuel majestueux, sans savoir que tout cela est à la base l’œuvre de John Ford et de Sergio Leone, et en ignorant que le récit cadre est directement pompé sur Little Big Man de Arthur Penn, devient cependant supportable grâce à l’efficacité de l’exécution de cette épopée joliment rétro. Dans ce sens, la bande originale de Hans Zimmer parfait l’impression d’un hommage ambigu, puisqu’il copie librement à la fois sur lui-même et ses thèmes de Rango – en quelque sorte l’esquisse animée de ce film-ci –, ainsi que sur les maîtres incontestés Ennio Morricone et Maurice Ravel.
Vu le 25 juin 2013, à l’UGC Normandie, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu:
Lone Ranger est l’un des blockbusters que s’apprête à sortir Disney en France pour contrer la vague offensive Warner (Man of steel, Pacific Rim..), 20th Century Fox (Wolverine, Percy Jackson la mer des monstres..) et Universal (RIPD brigade fantomes, Kick Ass 2..). Nous avons eu la chance de découvrir ce film avant sa sortie américaine et française le 7 aout prochain.
Sur un synopsis assez classique, Tonto (Johnny Depp en grand forme), guerrier indien, raconte l’histoire méconnue qui a transformé John Reid (Armie Hammer), un ancien défenseur de la loi, en un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Ce film est ainsi l’adaptation d’une série culte américaine de 221 épisodes de 25 minutes, créée par George W. Trendle et diffusée entre le 15 septembre 1949 et le 6 juin 1957 sur ABC.
Ce film est surtout un moyen de réunir de nouveau sur grand écran l’équipe de la première trilogie de Pirates des Caraibes soit les scénaristes Terry Rossio et Ted Elliott, l’acteur principal Johnny Depp, le producteur Jerry Bruckheimer et surtout le grand réalisateur Gore Verbinski. La réunion d’une telle équipe il y a encore quelques années aurait été gage d’un carton au box office mondial mais les temps ont changé et le public est de plus en plus difficile. Pourtant ce film est une sacrée réussite en soit car il repose sur un scénario aux multiples rebondissements. Il est tourné en partie dans des paysages fabuleux (le Grand Canyon) et aborde le Western sous une adaptation moderne sans trop rester coller à l’histoire de la construction du chemin de fer aux Etats Unis. Le film est surtout un moyen de retrouver un Johnny Depp enfin dans un film parfaitement maitrisé, loin des derniers Tim Burton pure machine à tiroir à caisse où le génie que fut ce réalisateur semble tourner uniquement vers une orientation marketing et sans profondeur. Dans le rôle de Tonto, il vole pratiquement la vedette à Armie Hammer qui semble sans réelle conviction dans son rôle de chevalier masqué.
Par bien des côtés ce film nous rappelle l’excellent troisième opus de la saga Retour vers le futur se déroulant également au Far West). Gore Verbinski revisite ainsi à sa manière l’Ouest Sauvage et de la même manière que pour sa trilogie des Pirates des Caraibes parsème son film de scènes incroyables (courses poursuites multiples sur des trains, affrontement avec des indiens..). Rien ne manque au film pour en faire l’un des succès de l’été pourtant certains choix risqués ne semblent pas plaire à tous. En effet, le manque de charisme de Armie Hammer, la présence de Ruth Wilson (erreur de casting) fait que seul Johnny Depp semble tenir le film sur ses épaules mais sa fonction de second rôle empêche réellement le film de prendre son envol. De même les seconds rôles ne sont pas toujours très convaincants (Barry Pepper, Helena Bonham Carter et Tom Wilkinson). Reste que le film est une réelle réussite car il permet de retrouver le charme perdu d’un genre que l’on croyait disparu.
Lone Ranger est donc un film à découvrir en salles même si certaines critiques américaines ne semblent pas avoir apprécié celui-ci. Certes également son budget trop élevé de plus de 250 millions semblent en parti dû au salaire trop élevé de Johnny Depp et à des frais imputés aux remontages successifs du film. Malgré tout, nous ne pouvons que vous encourager à découvrir ce blockbuster disneyen en salle.
Vu le 25 juin 2013, à l’UGC Normandie, Salle 1, en VO
Note de Mulder: