
Titre original: | Un grand mariage |
Réalisateur: | Justin Zackham |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 89 minutes |
Date: | 22 mai 2013 |
Note: | |
Ellie et Don sont divorcés depuis dix ans. Lors du mariage de leur fils adoptif Alejandro, ils se retrouvent pour la première fois, en compagnie de leurs deux autres enfants, Lyla et Jared, et de Babe, la nouvelle femme dans la vie de Don et anciennement la meilleure amie de Ellie. La mère biologique du jeune marié sera également parmi les convives, faisant pour la première fois le voyage depuis la Colombie jusqu’aux Etats-Unis. Puisqu’il craint pour l’approbation de sa mère, une catholique très pieuse, Alejandro demande à ses parents adoptifs de faire semblant d’être toujours ensemble, au grand dam de Babe qui menace de tout plaquer le jour du mariage.
Critique de Tootpadu
Le mariage, pour tous ou juste pour certains, est censé être un jour de bonheur, le point de départ officiel d’une relation qui, dans le meilleur des cas, perdurera à travers vents et marées du destin jusqu’à ce que la mort sépare les deux amoureux. Au plus tard depuis Le Mariage de mon meilleur ami de P.J. Hogan, le cinéma hollywoodien se fait un malin plaisir de tourner en dérision ce moment sacré de la pseudo-religion romantique, en s’intéressant de près aux déboires de l’entourage du couple béni par Cupidon. Ceci dit, la tradition de ces comédies fallacieuses remonte bien sûr un demi-siècle plus loin, jusqu’au Père de la mariée de Vincente Minnelli. Tandis que ces deux films-là faisaient preuve d’un goût certain et d’un ton mi-enjoué, mi-fataliste des plus divertissants, leurs successeurs se démarquent plutôt négativement, par une vulgarité et une ineptie narrative qui nous font plus que jamais fuir l’autel de la bénédiction matrimoniale. Le dernier exemple en date est le deuxième film du réalisateur Justin Zackham, qui après pareille déconvenue cinématographique ferait mieux de mettre un terme à sa carrière !
La prémisse du film français sur lequel le scénario abominable d’Un grand mariage se base, Mon frère se marie de Jean-Stéphane Bron, sorti il y a six ans dans l’indifférence la plus totale, disposait encore d’un minimum de pertinence sociale. Les Vietnamiens venus en Suisse sont hélas remplacés ici par des Colombiens en Amérique. Autant écrire qu’on assiste hébété à une déclaration de guerre des stéréotypes à laquelle il ne manquerait plus que celui de la mule qui fait passer de la drogue pour parfaire le tableau sinistre d’une civilisation sclérosée en panne de certitudes. Du début jusqu’à la fin, l’intrigue s’emploie en effet laborieusement à sortir chacun des personnages de sa zone de confort existentielle pour le rendre à nouveau réceptif au caractère imprévisible de la vie. Malheureusement, le point d’arrivée de ce cheminement à travers le champs de mine des mauvaises surprises et autres révélations faussement fracassantes n’est guère plus crédible que le point de départ, dans cette farce pénible qui s’étrangle dans ses propres mensonges.
La mise en scène de Justin Zackham, dépourvue de la moindre ligne directrice en termes de montage et de composition du champ, échoue lamentablement dans l’interrogation subtile de l’hypocrisie qui anime ses personnages. L’artifice sous son aspect le plus laid et consternant prime ainsi sur un flux narratif qu’on aurait tant aimé voir ponctué par autre chose que des confessions intimes maladroites et des bifurcations dramatiques superficielles. Enfin, les interprétations sont à la hauteur de cette comédie bassement insignifiante, puisque le cabotinage est le maître mot chez les légendes d’autrefois qui assurent leur retraite avec ce genre de production commerciale sans intérêt : Diane Keaton, Robert De Niro, Robin Williams et Susan Sarandon, qui aurait pu quitter le navire à temps. Quant à Katherine Heigl, Amanda Seyfried et Topher Grace, leur jeu hystérique convient parfaitement au ton affligeant et nullement amusant de cette soit-disant comédie.
Vu le 23 mai 2013, au MK2 Bibliothèque, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu: