Gatsby le Magnifique

Gatsby le Magnifique
Titre original:Gatsby le Magnifique
Réalisateur:Baz Luhrmann
Sortie:Cinéma
Durée:142 minutes
Date:15 mai 2013
Note:
Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses.

Critique de Mulder

En 1974, le réalisateur Jack Clayton nous proposait son adaptation du roman de Francis Scott Fitzgerald, paru en 1925 et portant le même nom. A bien regarder, il s’agissait pourtant déjà de la troisième adaptation cinématographique après celle de Herbert Brenon en 1926 et Elliott Nugent en 1949. Le nouveau film de Baz Luhrmann est donc à ce jour la quatrième adaptation. En faisant l’ouverture du 66ème festival de Cannes, son film allait être scruté et surtout très attendu. Pour son cinquième film, Baz Luhrmann occupe comme ses précédents films la triple casquette de réalisateur, producteur et scénariste. Cependant, n’est pas qui veut James Cameron et une nouvelle fois son film présente comme l’empire de Gatsby des fissures à peine masquées.

Comme tous les grands réalisateurs, Baz Luhrmann a sa propre conception de mise en scène et malheureusement ses propres tics également. Autant à l’aise pour filmer les grandes fêtes données dans le château de Jay Gatsby que les moments intimistes entre celui-ci et le personnage de Daisy Buchaman, il échoue pourtant à donner du relief à la ville de New York en pleine construction. Son film reproduit ainsi la mise en scène trop théâtrale et non naturelle du pourtant excellent Moulin Rouge datant de 2001. Dans le cas présent, l’accès à son film n’est guère facile et ce dernier aurait mérité à être plus court.

Pourtant, malgré une mise en scène qui est parfois irritante, le film parvient à nous captiver et surtout à nous convaincre qu’un excellent casting peut sauver une œuvre de la perdition. Dix-sept ans après Romeo& Juliette, Baz Luhrmann retrouve à notre plus grand plaisir Leonardo DiCaprio. Une nouvelle fois, cet acteur est prodigieux et personnalise parfaitement Gatsby. De la même trempe que Robert Redford, il rentre totalement dans la peau de ce personnage au passé trouble et à la condition de classe usurpée. Le reste du casting est également au diapason avec notamment Tobey Maguire (Nick Carraway), Carey Mulligan (Daisy Buchanan), Isla Fisher (Myrtle Wilson), Joel Edgerton (Tom Buchanan) et Jason Clarke (George Wilson). Cet excellent casting fait de ce film un évènement en soi car chacun d’entre eux se surpasse dans son rôle même si certains pourront penser que le choix de Tobey Maguire n’est pas aussi bon que cela. Reste que ces acteurs par leur alchimie ne peuvent que retenir notre attention.

Dans ce monde tendant au chaos et à sa perte de repère, le réalisateur fait de Gatsby certes un personnage complexe autant menteur au niveau de ses origines que fin homme d’affaires mais surtout un homme capable de se construire un univers uniquement pour conquérir la femme qu’il aime depuis toujours. Un tel personnage littéraire superbement campé certes aurait mérité un traitement plus réaliste et moins tape à l’œil pour capter toute notre attention. Gatsby personnalise à lui seul ce qu’est le cinéma c'est-à-dire une représentation à peine déguisée de notre société du passé, contemporaine ou du futur forcément fausse, imparfaite et irréaliste. Le film Gatsby colle donc parfaitement à son personnage principal étant donné qu’il arrive certes à nous captiver mais sa mise en scène certes inventive est trop clinquante pour que l’on puisse totalement adhérer à cet univers.

Baz Luhrmann une fois de plus n’arrive pas malgré l’artillerie lourd sortie à imposer son film comme une réussite exemplaire. Son film ressemble trop à un clip vidéo surgonflé comme une baudruche et prêt à tout moment à éclater et donc à se briser. La mort de Gatsby dans sa piscine restant une scène nous rappelant un très grand film de James Cameron et notre regret que cela ne soit un réalisateur de sa trempe derrière la caméra.

Vu le 17 mai 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 01 , en VF

Note de Mulder: