Song for Marion

Song for Marion
Titre original:Song for Marion
Réalisateur:Paul Andrew Williams
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:15 mai 2013
Note:
Alors qu’ils ont des caractères diamétralement opposés, Marion, joyeuse, et Arthur, grognon, forment depuis de longues années un couple uni. Désormais à la retraite, ils vivent ensemble dans une banlieue tranquille de Londres. Marion y participe à une chorale de personnes de son âge, animée par la prof de musique Elizabeth. Arthur voit d’un mauvais œil cette activité à laquelle il est obligé d’emmener chaque semaine sa femme. Quand Marion tombe à nouveau gravement malade, la préparation d’un concours de chant est pourtant son unique rayon de soleil.

Critique de Tootpadu

Un documentaire magnifique sur comment faire fi d’une vieillesse morose était sorti il y a quatre ans : I feel good ! de Stephen Walker ou l’histoire agréablement édifiante d’une chorale de personnes (très) âgées. Ce film anglais en reprend en quelque sorte l’idée, tout en l’enrichissant d’une fiction qui nous a profondément touchés par son refus d’enjoliver le dernier chapitre de la vie de la plupart d’entre nous. Le vieux couple au cœur de Song for Marion est revenu de toutes les passions romantiques pour s’installer dans une forme plus solide de l’amour : celle qui consiste en l’acceptation des défauts de l’autre, c’est-à-dire de l’aimer inconditionnellement en dépit d’eux. Que pareil attachement sur la durée n’est plus à l’ordre du jour pour les générations suivantes, comme le montrent les célibataires plutôt malheureux Elizabeth et James, leur fils, contribue incontestablement au charme irrésistible de ce film très émouvant.
Sa plus grande qualité est cependant qu’il réussit à nous arracher quelques larmes – soyons honnêtes, des torrents de larmes – sans jamais forcer le trait. Le pathos et la manipulation sentimentale sont largement absents d’un film, qui passe moins par la musique pour faire passer son message affirmatif de la vie, à deux exceptions notables près, que par le portrait d’une humanité désarmante de ses personnages. Ni Marion, ni Arthur ne sont des êtres exemplaires auquel on s’attacherait immédiatement. A l’insouciance forcée de l’une répond ainsi la mauvaise humeur obstinée de l’autre. Or, à y regarder de plus près, toutes les deux sont le réflexe d’une vie commune qui cultive peut-être justement ces deux extrêmes parce qu’ils sont si parfaitement complémentaires. La narration de Paul Andrew Williams ne nous oblige à aucun moment de prendre parti pour l’un ou l’autre des conjoints. Elle nous permet au contraire d’apprendre à aimer à notre rythme la douceur apaisante de Marion et le bon fond soigneusement caché de Arthur.
Grâce aux interprétations magistrales de Terence Stamp et de Vanessa Redgrave, le sort de ce couple ordinaire nous tient de plus en plus à cœur, jusqu’à cette finale qui préfère heureusement la délicatesse à l’effusion de sentiments tonitruants. Ce film n’est certainement pas un chef-d’œuvre du Septième art. Il réussit cependant haut la main un exploit au moins aussi difficile que d’atteindre l’excellence cinématographique : celui de nous émouvoir sincèrement sans nous noyer dans des flots d’eau de rose tendancieux, en nous permettant d’envisager avec sérénité de vieillir dignement, si possible avec l’être aimé à nos côtés.

Vu le 19 avril 2013, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les films qui vous surprennent et vous affectent si profondément. Certes la bande-annonce annonçait une comédie dramatique brillante ne serait-ce par la présence de trois immenses comédiens: Vanessa Redgrave, Gemma Arterton et Terence Stamp.

Après le premier film de Dustin Hoffman Quartet nous présentant une maison de retraite bourgeoise répétant un spectacle, le film de Paul Andrew Williams aborde un sujet dans la même thématique. Cette chorale de retraités ne vous laissera en aucun cas insensible.

Ce film est une comédie dramatique et a pour prétexte initial de permettre au réalisateur fort inspiré de donner vie à un projet personnel, inspiré par l'histoire de ses grands parents. Il centre ainsi son film sur le personnage interprété par Terence Stamp. Celui-ci (constamment à l'image) suite à un événement dramatique va se métamorphoser et déchirer sa carapace. Ce personnage complexe, refermé sur lui-même, épris de sa femme, veillera sur elle jusqu'au bout tout en restant enfermé dans ses principes. En colère envers son fils unique et envers la chorale bienveillante de sa femme qu'il intégrera pour honorer sa mémoire, ce personnage est des plus intéressants à interpréter. Pour lui donner l'épaisseur suffisante, il fallait un grand acteur britannique et Terence Stamp est parfait dans chacune des scènes qu’il interprète. Par la clarté de son jeu, les échanges qu'il entretient avec la sublime Elizabeth (Gemma Arterton) sont d’une forte intensité. Celle-ci partage son temps entre son métier de professeur de musique et celui de professeur de chorale pour retraités au détriment de sa vie personnelle. Une fois de plus, après s’être fait connaître par un petit rôle dans l’avant dernier James Bond (Quantum of Solace), elle arrive à conjuguer blockbuster plus ou moins réussi (Le Choc des titans, Prince of Persia) et film d’auteur (Rocknrolla, La Disparition d’Alice Creed, Tamara Drewe).

Par son quatrième film, le réalisateur Paul Andrew Wiliams réussit le pari insensé de nous émouvoir et divertir intelligemment. Dans sa mise en scène fluide et directe, il fait de son film une parfaite réussite. Le ton de celui-ci nous renvoie ainsi au cultissime Full monty. C’est ainsi un cinéma honnête, parfaitement maîtrisé, s’ancrant dans notre réalité quotidienne. Cette banlieue londonienne de la middle class est un reflet de notre société et de notre traintrain quotidien. Bien lui en a pris, car son film est le film à ne pas rater de ce second trimestre. Malgré le fait que sa date de sortie ait été repoussée à deux reprises (pourtant ni pour une raison de 3D, ni pour ajouts de nouvelles scènes), ce film mérite d’être découvert dans un cinéma confortable entre amis. Ne ratez pas sa sortie le 15 mai 2013 !

Vu le 19 avril 2013, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: