
Titre original: | Sous surveillance |
Réalisateur: | Robert Redford |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 121 minutes |
Date: | 08 mai 2013 |
Note: | |
Trente ans après avoir participé à l’opposition armée sur le sol américain contre la guerre du Vietnam, Sharon Solarz est arrêtée par les agents fédéraux. Son ami Billy Cusimano, qui savait qu’elle comptait se rendre de toute façon, approche alors l’avocat Jim Grant pour lui demander de prendre sa défense. Mais Grant, veuf depuis quelques mois et père d’une fille de douze ans, ne veut pas être mêlé à cette affaire qui fait grand bruit dans la région. Le journaliste ambitieux Ben Shepard mène une enquête approfondie pour savoir pourquoi Solarz a été appréhendée après tant de temps. Il découvre alors la vérité sur Grant, en apparence un notable des plus respectables, qui devra pourtant fuir les conséquences néfastes de son passé militant.
Critique de Tootpadu
Que ce soit du côté de la protection de l’environnement ou de celui de la promotion du cinéma indépendant, l’activisme de Robert Redford ne fait plus de doute. Dans les désormais neuf films qu’il a réalisés, son engagement citoyen se montre beaucoup plus discret. A l’exception de la résistance des fermiers mexicains contre le capitalisme américain dans Milagro et de l’interrogation sur les chimères de la télévision dans Quiz show, les films de Robert Redford restent docilement dans le sillon d’un cinéma hollywoodien de qualité qui ne fait pas de vagues. Les premières images d’archives de Sous surveillance sur les circonstances quasiment révolutionnaires aux Etats-Unis à la fin des années 1960 nous donnent ainsi le faux espoir – alors que nous devrions pertinemment savoir à quoi nous attendre – d’un film aventureux et habité d’une énergie contestataire qu’il est sans doute difficile de conserver jusqu’à un âge avancé.
Or, l’un des sujets principaux du film est justement la perte de l’idéalisme de jeunesse et la difficulté de continuer à mener une vie rangée après avoir goûté aux extrêmes d’un fanatisme en marge de la société. Ce n’est hélas pas le seul. En effet, dans la tradition des Hommes du président de Alan J. Pakula, le scénario de Lem Dobbs cherche également à rallumer la flamme vertueuse du journaliste tenace, qui trouve au moins une bribe de vérité en dépit de tous les obstacles qui se présentent à lui. Le problème majeur de cette narration aux préoccupations multiples, c’est que l’intrigue aux pieds d’argile s’enlise de plus en plus dans une quête non plus de vérité, mais de démêlage de tous les fils qu’elle a commencés sans réellement savoir comment les terminer.
A chaque apparition guère plus qu’anecdotique de la bonne dizaine d’acteurs de renom qui ont suivi la légende Robert Redford dans cette aventure, le récit se complique donc au lieu de gagner en intensité. Seule Susan Sarandon, dans le rôle de celle par qui le scandale arrive, réussit à apporter un peu de fraîcheur à cette affaire, qu’on aurait presque envie de qualifier d’exsangue, si la mise en scène s’était avérée moins soignée et solide que d’habitude. Elle n’est malheureusement que dans deux séquences vers le début du film, dont celle de l’interrogatoire / entretien avec Shepard, la seule à la vigueur suffisante pour dissiper l’odeur persistante de naphtaline.
Car au lieu d’admettre franchement que les utopies d’il y a deux, trois générations sont définitivement mortes et enterrées, le film s’engage dans une danse des œufs vaguement nostalgique, mais point convaincante pour intéresser les jeunes spectateurs à un chapitre fascinant de l’Histoire américaine récente. Afin d’en savoir plus sur ce mouvement de protestation violente, essayez plutôt à dénicher quelque part le documentaire The Weather Underground de Sam Green et Bill Siegel, sorti très discrètement en France il y a huit ans.
Vu le 18 avril 2013, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: