
Titre original: | Dead man down |
Réalisateur: | Niels Arden Oplev |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 117 minutes |
Date: | 03 avril 2013 |
Note: | |
Alors que son gang est impliqué dans un inquiétant règlement de comptes, Victor, un des acolytes du caïd Alphonse Hoyt, fait la connaissance de sa voisine Beatrice. Cette ancienne esthéticienne, défigurée depuis un terrible accident de voiture, paraît être en manque d’un confident. Mais à l’issue de leur premier rendez-vous, elle annonce ses véritables intentions à Victor : elle compte sur lui pour se venger de l’homme qui a rendu son apparence si monstrueuse. Beatrice croit pouvoir faire chanter son nouvel ami grâce à un enregistrement compromettant, sans se douter qu’il mène en fait un double jeu hautement dangereux.
Critique de Mulder
Le réalisateur danois Niels Arden Oplev fort du succès de la série Millenium dont il signa trois épisodes (les deux premiers correspondent au premier film et le dernier) se voit offrir sa première réalisation américaine par l’intermédiaire de ce film Dead Man Down. Epaulé par le scénariste JH Wyman (série Fringe, notamment), il signe un film indépendant efficace et sans temps mort.
L’histoire contée est celle de Victor (Colin Farrell) qui veut venger la mort de sa femme et de leur enfant tuée par un caïd new-yorkais Alphonse (Terrence Howard). Pour cela, il a intégré le gang de celui-ci comme bras droit. Sa voisine Béatrice (Noomi Rapace), une française exilée qui vit avec sa mère Valentine (Isabelle Huppert) va vouloir utiliser Victor pour se venger de celui qui l’a défigurée. Cette trame est donc celle d’un honnête thriller et bénéfice d’un excellent casting de surplus. Le réalisateur retrouve donc l’actrice qu’il avait dirigée dans le film/série Millenium.
Ce néo-polar s’attache plus à l’ambiance qu’à la profondeur des personnages. Il soigne ainsi plus la forme que le fond et préfère recourir à des scènes d’action qu’au strict minimum soit celle de la fin inexorable que le destin tragique de Victor et Béatrice dessine. Cette plongée dans un monde violent aussi bien celui de la rue pour Béatrice que des enfants appellent monstre que cette lutte des gangs nous renvoie à un climat d’insécurité palpable à chaque instant. Dans un tel monde, l’amour entre deux être semble impossible surtout si chez ses êtres le sentiment qui domine est celui de la vengeance. Ce film se veut donc une honnête série B sauvée par son casting et le plaisir de retrouver sur grand écran l’excellent Colin Farrell. Ce dernier semble privilégier les productions indépendantes (hormis récemment le remake inutile de Total Recall) et ainsi redorer son blason après une période certes propice pour lui (SWAT, Daredevil, Alexandre,, Miami vice) mais nocif pour sa santé. Il est certain que les productions indépendantes apportent une plus grande liberté aux acteurs. Comme ce film le montre, il est encore possible de monter des films comme ceux des années 80. Certes, le résultat ici n’est pas parfait mais témoigne d’un travail sérieux malgré des contraintes budgétaires importantes. Le film n’est pourtant pas lent et immobile mais il prend son temps pour présenter le cadre, les personnages et leurs rapports entre eux avant de déverser une violence plus que salvatrice.
Metropolitan FilmExport permet donc à cette production Original Film Feature films et Frequency Films d’être présente sur un nombre important de salles en France et de donner une seconde chance à ce film passé inaperçu lors de sa sortie en mars dernier aux Etats-Unis.
Nous attendons donc avec impatience la prochaine réalisation de Niels Arden Oplev d’autant plus qu’il s’agit de l’adaptation (sous forme d’une courte série) d’un livre de Stephen King : Under the dome.
Vu le 05 avril 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 05, en VF
Note de Mulder:
Critique de Tootpadu
Une séquence, une révélation. Il faudra un certain temps avant que l’intrigue de ce thriller prenant ne dévoile tous ses secrets, avant que les enjeux n’en soient suffisamment clairs pour apprécier pleinement les motivations des deux personnages principaux. Alors que la plupart des récits à tiroirs ont tendance à s’essouffler, une fois qu’il n’y a plus rien à révéler, celui de Dead man down sait préserver son intensité jusqu’à la finale explosive, qui fait culminer le suspense qui s’était accumulé depuis le début du film dans une fusillade en règle. Auparavant, le sixième film du réalisateur danois Niels Arden Oplev aménage presque délicatement une histoire dont les frustrations intériorisées des personnages nous paraissent plus intéressantes que l’obéissance aux conventions du genre du film de gangster.
Bien que la narration nous fournisse régulièrement des scènes musclées, où elle exprime sans sourciller les rapports de force inégaux dans les cercles fermés du crime organisé à New York, elle leur prépare le terrain d’une manière inattendue. Elle applique en effet une alternance déstabilisante entre d’un côté ces coups de poing violents, qui sont censés mettre les truands devant le fait accompli de la vengeance qui se fraye son chemin, peu importe les dégâts et les dommages collatéraux, et de l’autre des moments remplis d’un espoir illusoire de normalité. Et Victor, et Beatrice, se prennent dans cet engrenage contradictoire des sentiments les plus sombres et les plus lumineux, d’abord parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont plus rien à perdre et puis, à cause de la reconnaissance de la même faille existentielle chez le voisin de l’immeuble en face.
Tandis que Colin Farrell continue de nous charmer par ses choix de rôles peu orthodoxes et que Noomi Rapace tire convenablement profit de sa célébrité passagère suite au phénomène Millénium, ce sont surtout les seconds rôles qui nous surprennent agréablement ici. La joie de retrouver Isabelle Huppert, F. Murray Abraham et Armand Assante n’est ainsi pas due à la qualité exceptionnelle de leur jeu d’acteur, mais au contraire au caractère complètement anecdotique, pour ne pas dire gratuit, de leur emploi. Pourquoi la Huppert, la marraine infatigable des premiers films exigeants, a-t-elle choisi cette production plutôt commerciale pour tester pour la sixième fois dans sa longue et illustre carrière les eaux du cinéma anglophone, après avoir tourné pour Otto Preminger, Michael Cimino, Curtis Hanson, Hal Hartley, et David O. Russell tout de même ? Mystère. Notre étonnement provoqué par ce départ curieux du canon du cinéma artistique est toutefois relativisé par l’assurance que les deux autres comédiens précités seront jusqu’à la fin de leurs jours cantonnés respectivement dans des rôles de figures paternelles aux forts accents ethniques et de parrains de mafia intraitables.
Vu le 26 avril 2013, à l’UGC Forum Orient Express, Salle 3, en VO
Note de Tootpadu: