Warm Bodies Renaissance

Warm Bodies Renaissance
Titre original:Warm Bodies Renaissance
Réalisateur:Jonathan Levine
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:20 mars 2013
Note:
R aimerait tant entrer en contact avec les autres, leur parler, voire les aimer. Mais R est un jeune zombie, qui passe ses journées à arpenter les couloirs d’un aéroport déserté par les hommes, mais peuplé de ses semblables. Lors d’une expédition près de la ville pour trouver de la chair fraîche, R vient en aide à Julie, la fille du colonel Grigio, le commandant des rares survivants qui se sont retranchés derrière un mur infranchissable. Grâce à la consommation du cerveau de Perry, l’ami de Julie mort au cours de l’attaque des zombies, R trouve les mots justes pour convaincre cette fille de bonne famille de se cacher quelques jours avec lui dans l’avion dont il a fait son antre.

Critique de Tootpadu

Des prémisses originales, on en redemande. Celles qui ne savent pas comment résoudre une situation de départ prometteuse, quoique pauvre en dénouements plausibles, nous laissent déjà plus dubitatifs. Et puis celles qui se dérobent à ce dilemme en optant in extremis pour de la guimauve à l’esprit fédérateur, ne méritent guère qu’on s’attarde sur elles. Le quatrième film du réalisateur Jonathan Levine montre d’emblée un certain potentiel, avant de sombrer dans le genre de délire guerrier – tendancieux et mal fait – qui relativise tout de suite la qualité de sa variation pas sans mérite sur l’éternel thème des zombies. De la télévision au cinéma, les morts-vivants sont en effet si omniprésents dans les médias que nous avons atteint, depuis quelque temps déjà, notre taux de saturation par rapport à ce milieu morbide. Seules les histoires d’amour improbables avec des vampires ou les aventures de jeunes magiciens prodigieux nous inspirent une indifférence encore plus blasée. Bref, ce que Warm Bodies Renaissance gagne grâce à son inventivité pour tirer un point de départ pas complètement exsangue de la dépouille des films de zombies, il le perd progressivement à cause d’une exécution de plus en plus laborieuse.
Puisque tout, ou presque, a déjà été imaginé au sujet de ces cadavres déambulants, pourquoi ne pas adopter une perspective passablement ingénieuse : celle d’un zombie bienveillant, qui aimerait bien changer les choses, mais qui ne dispose plus d’assez de sa propre cervelle pour savoir comment rompre la routine de son quotidien, rythmé par des grognements et la recherche titubante de la chair humaine, qui se fait de plus en plus rare. Jusqu’ici tout va bien, à l’exception de l’emploi déjà envahissant de la voix off en guise de monologue intérieur du protagoniste. Hélas, la longue manœuvre de séduction de Julie – une sorte de retour en arrière émotionnel vers l’âge de l’adolescence timide et complexé – se solde par un hymne grotesque à l’amour, auquel pratiquement tous les participants succombent. L’antagonisme assez bancal entre les hommes et les zombies, qui conférait une base tant soit peu solide à l’intrigue au début, disparaît alors comme par miracle. Elle laisse la place à l’union qui fait si bien la force que, une fois les méchants à l’esthétique plus laide qu’effrayante exterminés, la narration se sent obligée de promouvoir un monde harmonieux sans barrières, qui sonne encore plus faux que la romance centrale, très superficielle.
C’est lors des variations de ton que le principal point faible de la mise en scène se manifeste. Constamment indécise entre le conte apocalyptique, l’eau de rose à l’état pur, et le pamphlet antimilitariste, elle peine sérieusement à acquérir la personnalité indispensable à l’acceptation des nombreuses irrésolutions du scénario. Rapidement, on ne sait donc plus à quoi s’en tenir avec ce film inégal. Car ce dernier n’apporte en fin de compte pas grand-chose aux figures emblématiques de notre époque, qu’il se complaît au mieux à détourner maladroitement, pour arriver à l’amalgame saugrenu du zombie humain.

Vu le 25 mars 2013, à l’UGC Ciné Cité La Défense, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après avoir incarné un Fauve bleuâtre (Hank McCoy dans X-men Le Commencement), cette fois, l’acteur Nicholas Hoult devient dans le cadre de ce film un zombie en passe de redevenir humain (rôle de R). C’est en 2001 que nous découvrions ce jeune acteur aux côtés de Hugh Grant dans le film Pour un garçon des frères Weitz. Quelques épisodes de séries télé et films guère mémorables plus tard, c’est grâce au Choc des Titans et à X-men Le Commencement que ce jeune acteur britannique revient en pleine forme dans une comédie qui risque de devenir culte comme l’est le film Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer.

Après avoir signé en 2006, l’excellent film d’horreur Tous les garçons aiment Mandy Lane qui avait permis à Amber Heard de lancer sa carrière, Jonathan Levine revient à un genre qu’il maîtrise totalement, soit le film d’horreur mais en y injectant une bonne dose d’ironie sur notre société contemporaine de consommation.

Summit Entertainment continue dans son exploitation de couples maudits et contre nature et après la saga Twilight (un vampire, une étudiante), Sublimes créatures (une sorcière, un étudiant), nous avons maintenant droit au couple contre nature (un zombie, une femme soldat). Pourtant, l’humour ici présent dès la première scène du film, une voix off fait que ce film tient autant de la caricature sociale que du film d’horreur de zombie. L’excellente ambiance présente sur le plateau de tournage se ressent sur l’écran, tellement les comédiens semblent prendre plaisir à interpréter leur personnage. Ce plaisir communicatif fait que le film est une véritable réussite et rend également le plus beau des hommages à un pan du cinéma fantastique. La scène de la photo de R avec le DVD de Zombie est tout à fait représentative de ce film. La courte durée du film fait que celui-ci passe trop rapidement et surtout donne envie de le partager avec ses proches. Non seulement, le nombre de scènes excellentes est important mais la présence de l’actrice Teresa Palmer est un pur enchantement que l'on partage avec R.

Jonathan Levine ne néglige pas non plus le côté horrifique avec cette horde de squelettes zombies n’ayant plus rien d’humain. La scène d’affrontement final témoigne certes d’un budget insuffisant pour faire réellement titanesque, mais est nettement suffisante pour nous faire jubiler face à un tel spectacle.

Coup de cœur de la semaine, ce film mérite d’être découvert en salle.

Vu le 20 mars 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 09, en VF

Note de Mulder: