Amour et turbulences

Amour et turbulences
Titre original:Amour et turbulences
Réalisateur:Alexandre Castagnetti
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:03 avril 2013
Note:
Julie et Antoine prennent tous les deux l’avion à New York pour rejoindre Paris. Elle, afin d’y épouser son fiancé Franck, un avocat très respectable, et lui pour décrocher un travail important. Par hasard, ils sont assis côte à côte en classe affaires dans l’avion complet. Et là, ce n’est point le coup de foudre, mais de mauvais souvenirs qui remontent à la surface. Car Julie et Antoine formaient un couple, il y a trois ans. Il reste alors six heures de vol à la sculptrice et au tombeur invétéré de femmes pour se dire leurs quatre vérités ou, qui sait, rallumer la flamme de leur amour.

Critique de Tootpadu

Il n’y a rien de plus frustrant qu’un film indécis, qui ne sait pas sur quel pied danser, pour finir par gaspiller les quelques idées qui auraient pu le rendre intéressant. Le premier film réalisé seul par Alexandre Castagnetti est de ceux-là : une comédie romantique dont la prémisse donne encore l’espoir d’une certaine fraîcheur, avant que la narration ne s’enlise dans un dispositif aussi fatigant qu’un vol transatlantique rallongé en raison de vents contraires. Tandis que le départ sur les chapeaux des roues joue assez malicieusement sur l’opposition entre les deux personnages principaux – Julie, ponctuelle et organisée jusqu’au dernier post-it collé sur son frigo contre Antoine, bordélique et pas à une incivilité près pour embarquer in extremis –, les retrouvailles inopinées marquent le début d’un interminable va-et-vient entre le passé commun heureux et un présent suspendu à la sécurité aérienne, ainsi qu’à la capacité de pardonner et à la volonté de changer.
Les offensives de charme et les mensonges de circonstance qui rythment les longues heures de vol fonctionnent tant soit peu comme une réverbération de la courbe de la romance initiale. Hélas, le seul moment vraiment sincère de cette affaire se situe au tout début, quand Julie ne comprend pas ce qu’elle trouve à ce bourreau des cœurs, incapable de s’engager plus que deux semaines. Tant qu’elle résiste à ses avances mielleuses, le scénario préserve une certaine saveur. Dès lors qu’elle y cède et qu’il lui faudra plusieurs rappels et coups de réveil douloureux pour se rendre compte à quel point Antoine est une ordure, il affiche une fâcheuse tendance à tester notre tolérance aux clichés romantiques les plus convenus. La sympathie que la mise en scène éprouve visiblement pour cet ancien couple en train de recoller les morceaux de leur relation a beau être à peu près touchante, elle n’atténue point le fait préjudiciable de l’assortiment douteux de ces deux personnages, et par conséquent des deux comédiens qui les jouent.
Le côté godiche du jeu de Ludivine Sagnier et la vacuité agaçante de celui de Nicolas Bedos s’accordent en effet plutôt mal, à moins que la finalité de leur emploi ait été d’exacerber la valeur caricaturale de leurs personnages et d’en gommer toute humanité. La tentative timide d’apporter néanmoins un peu de normalité et de vie à l’intrigue par le biais des rôles secondaires dans l’avion, aussi rudimentaires soient-ils, tombe de toute façon à plat à cause de la vulgarité superficielle de ceux au sol. Ni un drame conjugal au ton acerbe, ni une histoire à l’eau de rose au parfum consensuel, Amour & turbulences reste donc un film sans direction claire. Trop bancale et trop peu astucieuse dans l’agencement des transitions entre les différents niveaux temporels, la mise en scène brille presque par son absence, lorsqu’il s’agit de rendre attrayante sur la durée une prémisse à la base point inintéressante.

Vu le 11 mars 2013, à la Salle Pathé François 1er

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Alexandre Castagnetti signe dix ans après un premier film guère mémorable (L’incruste, fallait pas le laisser entrer !) sa seconde comédie nettement plus réussie. Il faut croire que raconter une histoire se passant dans un vol aérien en péril est à la mode vu qu’après le film Les Amants Passagers de Pedro Almodovar, nous nous retrouvons de nouveau dans un vol mais nettement plus recommandable. Sur la base d’un scénario de l’américain Vincent Angel et adapté par pas moins de six personnes (Nirina Ralanto, Brigitte Bemol, Julien Simonet, Xavier Nemo, Nicolas Bedos et Alexandre Castagnetti), le film n’est certes pas la comédie de l’année mais est suffisamment réussi pour remporter notre adhésion. Cela est dû en parti aux talents véritables de ce couple de comédiens Ludivine Sagnier / Nicolas Bedos et à des seconds rôles bien travaillés (Jonathan Cohen, Clémentine Célarié, Jackie Berroyer). Alors que le film de Pedro Almodovar précédemment cité s’enlisait par un manque de rythme évident, celui-ci arrive parfaitement va un système de flash-back à nous faire constamment rire.

Une comédie romantique obéit non seulement à des codes obligatoires mais doit réussir aussi à s’imposer par son propre rythme, son scénario suffisamment ficelé et un casting attrayant. Certes malgré une scène d’exposition un peu trop longue, le film prend son envol tel cet avion où se situe le cadre de l’histoire. Nous avons ainsi plus l’impression de nous retrouver face à une comédie américaine que française. La réussite principale du film tient au pari réussi de donner à Nicolas Bedos son premier rôle principal. Certes, celui-ci est meilleur écrivain humoristique que acteur mais on sent que celui-ci fait tout pour que son film fonctionne. Ce n’est donc pas un hasard si il a participé à l’adaptation de ce film. Il a ainsi pu y injecter son humour caustique et une vision de lui-même guère flatteuse.

Certes, certaines idées ne fonctionnent pas et leurs ficelles sont trop grosses (comme cet entretien professionnel à la fin du film) mais dans l’ensemble, ce film est suffisamment recommandable pour que nous vous conseillons d’acheter une place et de profiter du vol qui se déroulera sans encombre majeure..

Vu le 05 avril 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 06, en VF

Note de Mulder: