Croods (Les)

Croods (Les)
Titre original:Croods (Les)
Réalisateur:Kirk De Micco, Chris Sanders
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:10 avril 2013
Note:
Eep est une fille rebelle et curieuse, constamment à l’affût de nouvelles choses à découvrir. Son problème est qu’elle fait partie de la famille des Croods, un clan préhistorique particulièrement peureux. Son père Grug croit en effet dur comme fer qu’en ces temps difficiles, la survie des siens dépende entièrement du refus de tout changement. Eep doit donc passer le plus clair de son temps en parfaite sécurité dans la grotte familiale. A son grand soulagement, ce quotidien préservé sera chamboulé par l’arrivée de Guy, un jeune nomade à l’esprit progressiste, et surtout par la formation des continents.

Critique de Tootpadu

Les bêtes humanisées de L’Age de glace ont de la compagnie. La prémisse d’une communauté préhistorique, qui devra faire face aux événements cataclysmiques allant de pair avec le changement d’une ère, revient en quelque sorte à son point de départ avec Les Croods. Tandis que les rapports entre Diego, Manny et Sid sont marqués par un degré de civilisation comparable au nôtre, cette production Dreamworks Animation se fait un malin plaisir d’imaginer comment le cercle familial a dû fonctionner aux tout débuts de l’évolution humaine. Les trois générations des Croods forment en effet une drôle de micro-société, aussi sauvage qu’attachante. Alors que cette famille Pierrafeu nullement sophistiquée maîtrise à la perfection une méthode de récupération de nourriture, qui laissait une marge importante d’amélioration pour nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, il lui manque un tissu culturel commun, qui va plus loin que la lutte collective pour la survie. La philosophie primaire de l’immobilisme comme meilleure façon de ne pas s’exposer aux dangers du monde n’y reste bien sûr pas longtemps intacte, grâce à l’idéalisme de Eep, une aventureuse impulsive dont les bonnes et les moins bonnes actions changeront définitivement la donne dans ce microcosme répétitif.
Après s’être longuement et joyeusement moqué de l’aspect arriéré des mœurs des personnages, le récit suit ces derniers dans un périple aussi rocambolesque que classique. La découverte de nouvelles contrées, plus exotiques les unes que les autres, ouvre logiquement des horizons au clan des néandertaliens. Le décalage entre les deux extrêmes d’un conservatisme exacerbé du côté du père et d’un goût prononcé pour la découverte de celui de la fille s’amenuise au fur et à mesure que ces points de vue diamétralement opposés sont confrontés aux dures réalités d’un voyage à travers un territoire hostile. C’est en quelque sorte le pragmatisme qui prévaut à la fin, ou en tout cas jusqu’à ce que les bons sentiments les plus sirupeux prennent in extremis le dessus. La subversion toute relative du propos initial du film de Chris Sanders et Kirk De Micco est malheureusement diluée dans une trame hautement divertissante, certes, mais qui se dirige inexorablement vers la conclusion la plus consensuelle imaginable.
Heureusement, le souffle épique et spectaculaire de la narration nous fait avaler sans trop de difficulté la pilule du monde utopique où l’harmonie serait omniprésente. Les effets de l’animation en relief sont proprement bluffants et permettent une immersion complète dans cet univers enchanteur, qui recèle déjà à l’état embryonnaire une multitude d’inventions sur lesquelles se base l’illusion du bien-être à l’américaine. Enfin, la bande originale de Alan Silvestri puise amplement dans les thèmes expressifs caractéristiques des années 1990, avec toutefois un résultat final qui nous ferait presque croire en une renaissance fulminante de ce compositeur plutôt discret.

Vu le 4 mars 2013, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

A savoir comment vivait une famille pendant la préhistoire, The Croods semble apporter avec beaucoup d’humour une étude sociologique des plus originales. Dès les premières minutes de ce grand film d’animation, grâce à une utilisation parfaite de la 3D nous rentrons pleinement dans la vie de cette famille composée de deux adolescents (Eep et Thunk (Emma Stone/Clark Duke) et d’un bébé , d’un père (Grug, Nicolas Cage) et d’une mère (Ugga , Catherin Keener) et d’une grand-mère (Gran, Cloris Leachman). L’intrusion dans la vie d’un jeune adolescent aventurier (Guy, Ryan Reynolds) va bouleverser leurs règles de vie et leur manière de voir le monde.

Les deux réalisateurs et scénaristes Chris Sanders (Lilo et Stitch, Dragon) et Kirk DeMicco (son premier film) semblent avoir été des plus inspirés pour présenter dans un monde hostile et avec un humour digne héritier de Tex Avery leur vision de la première famille humaine. Tous les parents ont en effet leurs propres règles de vie qu’il font respecter afin d’éviter à leurs enfants de s’exposer aux dangers extérieurs. Ce cocon familial représenté par une caverne va exploser à l’arrivée de Guy qui représente à lui seul le progrès (maîtrise du feu, nouveaux vêtements)... Ce divertissement familial non seulement amuse intelligemment mais également nous renvoie une vision de nos propres idées sur la notion de société et de progrès. C’est en cela que le film est une pure réussite et non un simple placement publicitaire pour des produits dérivés (peluches et autres objets). On reconnaît ainsi dans ce film tout ce qui a fait le succès de Dragon soit une animation de tout beauté (et en 3D) et un vrai scénario travaillé et pleins de rebondissements. Le personnage de Eep est en lui-même la personnification de la révolte adolescente qui prône la nouveauté, la découverte du monde et l’innocence.

Le film après avoir présenté cette famille, les Croods nous emmène ensuite vers une quête d’un monde meilleur et où une nouvelle société pourrait se développer. Tels les premiers Christophe Colomb, ces aventuriers malgré eux vont devoir apprendre au contact de Guy qu’il faut prendre des risques pour continuer à avancer. Une nouvelle fois, le film porte un message optimiste sur le fait qu’il ne faut pas vivre de ses acquis mais continuer à les compléter et surtout que c’est en associant les compétences de chacun que le succès peut arriver.

En dehors de Disney et Pixar, The Croods montre que réaliser des grands films d’animation peut encore voir le jour. Loin de se contenter de formules déjà toutes faites, les deux réalisateurs montrent avec ce film qu’il est encore possible d’innover au niveau de la forme (l’image) que du fond (scénario).
Je ne peux que conseiller ce pur chef d’œuvre à voir et revoir en famille et au cinéma et si possible en version française.

Vu le 22 février 2013, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: