Goodbye Morocco

Goodbye Morocco
Titre original:Goodbye Morocco
Réalisateur:Nadir Moknèche
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:13 février 2013
Note:
Dounia est en charge, avec Dimitri, son amant serbe, du chantier d’un lotissement près de Tanger. Quand les ouvriers y découvrent par hasard des catacombes chrétiennes très anciennes, elle espère tirer profit de la vente clandestine d’une fresque en parfait état pour s’exiler en Europe avec son fils, dont son ex-mari a la garde. Tout bascule cependant suite à la disparition mystérieuse de Gabriel, un travailleur nigérien, qui avait subtilisé un crâne de cette tombe enfouie depuis des siècles.

Critique de Tootpadu

Le récit du quatrième film du réalisateur Nadir Moknèche est si touffu, qu’on risque à plusieurs reprises de s’y perdre. L’éventail des sujets traités dans Goodbye Morocco est si large et la structure narrative si alambiquée, qu’il devient difficile d’en tirer quoique ce soit de concret. Le facteur d’égarement le plus préjudiciable est sans doute la multiplication des niveaux temporels, puisque après une introduction assez confuse, le scénario opère un premier retour en arrière, avant de revenir au présent et de repartir plus tard au moment fatidique qui a rendu impossible tout espoir de salut. Ce n’est pas tant la complexité de ce va-et-vient qui irrite, mais son agencement lourd et peu fluide.
De même, derrière ses faux airs de film noir poisseux qui vire in extremis à la caricature, l’histoire touche à une multitude de points sensibles dans cette civilisation marocaine, qui n’a pas encore franchi le pas vers la révolution comme ses voisins orientaux. Du divorce jusqu’à l’homosexualité, en passant par le vol des trésors nationaux et l’immigration sous toutes ses formes, aucun sujet d’actualité n’est épargné. Malheureusement, aucun d’entre eux n’est abordé non plus avec une franchise qui y apporterait quelque chose de nouveau. Le Maroc de cette histoire inutilement complexe et plutôt déprimante n’est qu’un lieu de passage, un terrain vague sur lequel il vaut mieux ne pas s’éterniser, mais dont on ne peut s’échapper qu’au risque de sa vie.
En dépit de toute son affection narrative, le film suggère quelques pistes de réflexion pas sans mérite. Ainsi, une étrange dynamique des binômes se met rapidement en place, puisque la plupart des personnages fonctionnent en couple (les vigiles, les mères, les homos, les restaurateurs, voire les chiens). Seule Dounia s’épuise dans un triangle amoureux impossible, ce qui la mènera à sa perte, ou plus précisément à l’anéantissement de ses rêves de liberté et d’affranchissement de ses origines. Cette condamnation larvée de l’individualisme s’avère bien plus pertinente que toutes les observations sur les différents niveaux sociaux réunies.

Vu le 28 janvier 2013, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: