Titre original: | Vacances de Noël |
Réalisateur: | Robert Siodmak |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 93 minutes |
Date: | 14 septembre 1949 |
Note: | |
Le jeune officier Charles Mason est sur le point de partir pendant sa permission de Noël à San Francisco, afin d’y épouser sa fiancée Mona, quand il reçoit un télégramme d’elle qui lui annonce qu’elle vient de se marier avec un autre homme. Complètement atterré, Mason décide quand même de prendre l’avion et de confronter Mona à l’autre bout du continent. Mais de mauvaises conditions météorologiques obligent son vol à faire une escale imprévue à la Nouvelle Orléans. Alors qu’il attend dans son hôtel la reprise du trafic aérien, Mason est invité par un journaliste local dans un club à la réputation douteuse. Il y fait la connaissance de la chanteuse Jackie Lamont, qui lui fait la confidence qu’elle est en réalité Abigail Martin, la femme de l’assassin condamné à la perpétuité Robert Manette.
Critique de Tootpadu
Non, ceci n’est pas une comédie musicale où Gene Kelly et Deanna Durbin – à l’époque une immense vedette internationale, qui est quasiment oubliée de nos jours – danseraient gaiement autour du sapin en poussant la chansonnette. Il ne s’agit absolument pas d’un précurseur de Noël blanc de Michael Curtiz, mais au contraire d’un drame sombre, proche du film noir, qui est bien plus qu’un simple prétexte pour permettre aux deux têtes d’affiche de briller dans des contre-emplois plutôt savoureux. Car même s’il s’avère rétrospectivement parlant que Vacances de Noël se situe vers la fin de la carrière de l’adolescente proprette et vers le début de celle d’un danseur de légende du cinéma hollywoodien, leur emploi respectif n’a pas grand-chose à voir avec le genre de rôle pour lequel ils sont encore (re)connus aujourd’hui.
La mise en scène comme toujours très maîtrisée de Robert Siodmak ne fait rien pour exacerber cette exception à la règle, pour enlaidir artificiellement le côté ténébreux de ces personnages antipathiques interprétés par des comédiens normalement porteurs de tous les idéaux de l’Amérique. Elle s’emploie davantage à maintenir un degré d’ambiguïté assez développé. Celui-ci s’étend jusqu’aux implications psychologiques d’une intrigue, qui cache savamment son jeu pendant la première demi-heure du film. Alors que le spectateur ne sait pas trop à quoi s’en tenir avec cet ample récit cadre, tant que le jeune officier dépité n’aura pas découvert la véritable identité de sa compagne avec laquelle il visite des endroits aussi contrastés qu’un bar miteux et une messe de minuit solennelle, le fondement psychologique de l’amour inconditionnel qui lie Abigail à Robert regorge de sous-entendus œdipiens nullement sommaires.
Comme il se doit en cette période faste du film noir, la narration s’amuse, sans scrupules et sans forcer le trait, avec la moralité douteuse de tous les personnages. Bien que le ton devienne un brin trop mélodramatique à la fin, lorsque Abigail en véritable héroïne tragique voit néanmoins le ciel se dégager, ce film est suffisamment solide et élégant pour qu’on s’en souvienne pour ses qualités intrinsèques et pas exclusivement en tant que rencontre de deux monstres sacrés du cinéma dans des rôles hautement atypiques.
Vu le 22 décembre 2012, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO
Note de Tootpadu: