Homme aux poings de fer (L')

Homme aux poings de fer (L')
Titre original:Homme aux poings de fer (L')
Réalisateur:RZA
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:02 janvier 2013
Note:
Dans Jungle Village, les clans des Lions et des Loups font la loi. Sollicité par le gouverneur pour protéger un convoi d’or, le chef Lion d’or est assassiné par ses subordonnés Lion d’argent et Lion de bronze. Ceux-ci comptent bien voler le trésor à ses protecteurs actuels, les Gémeaux. Avant de pouvoir asseoir leur pouvoir nouvellement gagné, ils devront cependant se défaire du guerrier Zen Yi, le fils préféré de Lion d’or, qui a juré de venger son père. Impuissant face à l’arme secrète des nouveaux chefs du clan, il pourra cependant s’appuyer sur Jack Knife, un aventurier anglais attiré par l’or, et le forgeron Thaddeus, qui rêve de partir de cette ville corrompue avec la femme de ses rêves, Lady Soie qui travaille dans la maison close de Lady Rose.

Critique de Tootpadu

Puisqu’il vaut visiblement mieux ne plus attendre que les maîtres autochtones du genre du wu xia pian, comme Tsui Hark, se réveillent de leur état de léthargie artistique prolongée, autant laisser libre jeu aux récupérateurs de cadavres étrangers, qui n’inventent certes rien, mais qui abordent ces aventures asiatiques de cape et d’épée avec une passion exemplaire. Avec la bénédiction de Quentin Tarantino, le roi de ces relectures dans l’air du temps des séries B des années 1960 et ’70, et la collaboration d’Eli Roth, un tâcheron dans le sillage de l’idole Quentin, le rappeur RZA s’attaque ainsi joyeusement au genre depuis le point de vue américain, tout en en préservant l’essence hautement jouissive. Son premier film en tant que réalisateur ne peut certes pas égaler la sagesse qu’il avait su insuffler à travers sa musique à Ghost dog de Jim Jarmusch. Mais contre toute attente, il s’agit là d’un divertissement royal dont les plus grands experts ès recyclage de styles n’auraient pas à rougir !
Qu’il n’y ait pas de malentendu : la forme prime toujours sur le fond dans ce film d’action musclé. L’histoire tient ainsi en quelques lignes et sa complexité de pacotille ne sert en fin de compte que de prétexte aux nombreuses séquences de baston, plus spectaculaires et majestueuses les unes que les autres. Or, c’est justement dans la maîtrise de ses moyens grandiloquents que la mise en scène sait nous subjuguer, quelques écrans divisés dispensables mis à part. En effet, la narration ne rechigne devant aucune surenchère formelle. Mais en même temps, elle sait préserver une intensité et une beauté visuelle au récit, qui faisaient cruellement défaut à d’autres tentatives de récupération plus bancales de la part de producteurs américains opportunistes.
Enfin, on pourrait reprocher au réalisateur de s’être attribué le beau rôle du narrateur quasiment sans faille et de ne pas avoir su mieux encadrer le cabotinage atroce de Byron Mann dans le rôle de Lion d’argent – tandis que Russell Crowe s’en donne à cœur joie dans l’emploi savoureux de l’Anglais bon vivant. Mais ce sont au mieux des réserves mineures à l’égard d’un film à la vigueur et à la cohérence formelle impressionnantes !

Vu le 5 décembre 2012, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Universal a eu l’idée d’organiser mardi 30 avril une projection de rattrapage privée dans ses locaux du film L’homme aux poings de fer. N’ayant pas pu voir à l’époque ce film ni en projection de presse ni dans mon antre (le cinéma Gaumont de Disney Village), cette séance de rattrapage fut une excellente occasion de (re)découvrir un excellent film d’action rendant le plus beau des hommages aux codifications des films asiatiques de combats (Shaw Brothers).

Le premier film de Robert Fitzgerald Diggs (RZA) a été écrit avec collaboration au niveau de l’écriture avec Eli Roth (Cabin fever, Hostel) ici crédité également comme producteur. On notera aussi la participation de Quentin Tarantino comme producteur. Le film sans être des plus originaux est un très bel hommage aux films asiatiques des années 70/80. Il présente comme ses modèles une intrigue sommaire propice à de nombreuses scènes de combats superbement chorégraphiées. L’ombre de Quentin Tarantino est omni présente par constante passerelle entre la bande musicale utilisée et les scènes montées. Ce film est un spectacle jubilatoire très gore montrant des affrontements irréalistes certes mais au plus haut point marquantes.

Le film apparaît ainsi comme le prolongement de la scène de combat culte de Kill Bill dans laquelle le personnage campée pr Uma Thurman venait à bout d’une meute de tueurs sanguinaires dans un restaurant-club musical, le fameux gang d’Ol-Ren Ishii. Ce n’est donc pas un pur hasard de retrouver dans ce film dans le rôle le plus important féminin l’actrice Lucy Liu. L’homme aux poings de fer est donc le prolongement à son paroxysme de cette scène..

Cependant, le film n’est pas uniquement un hommage aux films de kung-Fu mais rappelle aussi la grande époque du western spaghetti en présentant trois héros qui vont devoir s’unir pour ramener l’ordre dans le Jungle Village. Les trois personnages principaux sont ainsi campés par trois comédiens très à l’aise dans ce genre de films. RZA qui dirige le film se donne donc le rôle principal, celui du forgeron qui se voit associé des poings d’acier. On l’avait entraperçu récemment dans les films GI Joe conspiration, Repo men et les trois prochains jours. Son personnage sera épaulé par le personnage de Zen Yi interprété par Rick Yune (Ninja Assassin, la chute de la Maison Blanche). Enfin, le dernier des trois personnages principaux et sûrement le plus important dans le récit est Jack Canif superbement interprété par Russell Crowe. On ne présente plus cet acteur néo-zélandais, véritable caméléon (Gladiator, American gangster, Robin des bois, les misérables, Man of Steel (à venir)). La présence de ces trois personnages renforce notre adhésion totale à ce premier et parfaitement maîtrisé film de RZA.

Le seul point faible du premier film de RZA est son manque de rebondissements du point de vue scénaristique mais venant en parti de Eli Roth, il ne fallait pas s’attendre à un travail d’orfèvre comme ceux écrits par l’un des meilleurs scénaristes américains Quentin Tarantino. Ce dernier a su optimiser le matériel disponible et en faire par la juxtaposition des idées de montage communiquées un excellent divertissement certes imparfait mais à ne pas rater.

On notera enfin que ce film sort ce jeudi 02 mai en DVD/BR donc si vous l’avez raté au cinéma, on ne saura trop vous conseiller de le voir sur un excellent home cinéma.

Vu le 30 avril 2013 salle Universal, en VO

Note de Mulder: