Titre original: | Shadow dancer |
Réalisateur: | James Marsh |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 06 février 2013 |
Note: | |
En 1993, vingt ans après avoir perdu son frère dans le conflit de l’Irlande du Nord, Collette McVeigh est une collaboratrice peu enthousiaste de l’armée républicaine. Elle se rend à Londres, où elle doit déposer une bombe dans le métro. L’attentat échoue et Collette est appréhendée par l’agent secret britannique Mac. Celui-ci la met devant un choix cornélien : soit elle refuse de collaborer et se retrouvera derrière les barreaux pendant vingt-cinq ans sans revoir son fils, soit elle accepte d’espionner les moindres faits et gestes de ses frères Gerry et Connor, qui sont depuis longtemps dans le collimateur des services secrets britanniques.
Critique de Tootpadu
La situation en Ireland du Nord ne fait plus la une de l’actualité depuis de nombreuses années. Ce qui était pendant des décennies un des conflits les plus sanglants et inextricables en Europe paraît désormais pacifié, même si quelques sursauts d’une rancune profondément enracinée se manifestent encore de temps en temps, comme le petit tollé à Belfast en ce début du mois de décembre à cause de l’enlèvement du drapeau anglais de la mairie. Le cinéma ne s’y est jamais intéressé de près non plus, malgré toutes les bonnes volontés réunies de réalisateurs comme Jim Sheridan, Paul Greengrass et Ken Loach. Dans un tel contexte, le quatrième film de fiction de James Marsh ne cherche point à se dresser comme la première épopée à attaquer de front cette guerre larvée qui appartient à peu de choses près au passé. Il fait au contraire le plus possible abstraction des circonstances géopolitiques, pour mieux pouvoir se concentrer sur le côté intimiste du drame éprouvant qui touche des personnes à la périphérie d’une guerre fratricide.
Et la taupe involontaire, et son agent de liaison, particulièrement soucieux du bien-être de son poulain, ne sont en fait que des pions sur l’échiquier de considérations politiques et policières, qui ne comptent pas le taux de réussite en nombre de vies sauvées ou sacrifiées. Par leur impuissance face à un système qui les dépasse, les personnages de Shadow dancer sont clairement plus tributaires du genre du thriller, qui confronte des hommes et des femmes ordinaires à des événements extraordinaires, que de celui du drame historique, jugé par rapport à sa capacité d’évoquer une époque révolue. La guerre des nerfs que Collette et Mac se livrent à tour de rôle ne les rapproche pas d’un accomplissement quelconque. Elle leur permet tout juste de survivre dans un environnement hautement hostile, où chaque faux pas peut avoir des conséquence graves.
Haletant avant tout grâce à l’incertitude qu’il distille savamment, ce film fascinant vaut principalement le détour pour l’interprétation impressionnante d’Andrea Riseborough dans le rôle de Collette. Le conflit d’intérêts entre son propre salut et celui de sa famille génère une prestation à fleur de peau, comme on ne s’y attendait pas de la part d’une actrice, qui comptait jusqu’à présent parmi les représentants plutôt effacés de la nouvelle garde prometteuse du cinéma britannique.
Vu le 29 novembre 2012, à la Salle Pathé François 1er, en VO
Note de Tootpadu: