
Titre original: | Hors les murs |
Réalisateur: | David Lambert |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 05 décembre 2012 |
Note: | |
Après avoir trop bu lors d’une fête avec des amis, Paulo se réveille dans le lit d’Ilir, un barman d’origine albanaise, qui l’a accueilli chez lui. Alors qu’Ilir ne cache pas l’attirance qu’il éprouve envers Paulo, ce dernier est moins sûr de ses sentiments. Les deux hommes se voient régulièrement, jusqu’à ce que la copine de Paulo en ait marre de sa double vie et qu’elle le mette à la porte. Dès lors, Ilir et Paulo filent le parfait amour. Mais quand Ilir ne revient pas d’un voyage en France, son copain craint d’avoir été une fois de plus délaissé.
Critique de Tootpadu
Avec ce premier film belge, le cinéma gay a enfin atteint un degré de normalité, qui doit probablement rendre nostalgiques tous ceux pour qui l’attirance pour une personne du même sexe avait aussi quelque chose d’interdit et donc digne d’être revendiqué pour déconcerter les avocats de la norme hétéro-centriste. Le fait qu’il s’agit de deux hommes qui s’aiment s’avère en effet secondaire dans le grand schéma narratif de Hors les murs, une fois que Paulo est obligé de rompre avec sa copine, qui était de toute façon au courant de son orientation. Personne ne s’étonne quand Ilir rend leur relation publique, par le biais d’une annonce plutôt comique au supermarché, qui se situe dans sa fierté joyeuse à l’opposé d’une publicité vieille de quelques années qui, elle, jouait justement sur la honte d’acheter des préservatifs en grande surface. Et même les pratiques sexuelles plus extrêmes auxquelles Paulo s’adonne une fois que la romance initiale bât de l’aile s’inscrivent plus dans une démarche de maturation que dans l’exposition voyeuriste d’une sexualité déviante.
Comme dans la plupart des histoires d’amour, le bonheur ne dure ici qu’un certain temps, avant que la réalité avec ses vérités impitoyables ne prenne le dessus. Après l’élan timide des premières rencontres et l’éclat passager d’une symbiose parfaite des corps et des esprits, le ton du film bascule rapidement dans une tristesse, dont il ne cherche plus à s’affranchir réellement par la suite. Très loin de verser dans l’eau de rose indigeste, la mise en scène de David Lambert épingle au contraire les points de rupture potentiels dans cette relation aux rapports de force malgré tout déséquilibrés. Le caractère de Paulo le prédispose clairement au rôle soumis au sein du couple, qu’il adopte à la fois auprès d’Ilir qui lui applique carrément une sorte de ceinture de chasteté et avec son nouveau copain en participant aux jeux sexuels douloureux. Sauf que le personnage gagne curieusement le plus en assurance, grâce à cet apprentissage de la vie à la dure.
A la fin de ce film touchant, les rapports se sont par conséquent inversés d’une manière irréversibles. Paulo et Ilir ne se ressemblent plus sur la photo qu’ils prennent en guise de souvenir ultime, ou plutôt, leur relation désabusée et gangrenée par la séparation forcée n’a plus rien à voir avec l’idéalisme romantique et l’innocence sentimentale qui les avaient réunis au début du film. Autant dire qu’ils ont suivi le parcours habituel de l’amour qui s’estompe avec le temps, peu importe la composition du couple, et qu’ils devront de nouveau apprendre à vivre l’un sans l’autre.
Vu le 28 novembre 2012, au Club Marbeuf
Note de Tootpadu: