Titre original: | Frères du désert |
Réalisateur: | Shekhar Kapur |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 131 minutes |
Date: | 05 novembre 2003 |
Note: | |
En 1898, Harry Feversham, un officier de l'Empire britannique, refuse d'aller défendre la forteresse coloniale de Khartoum attaquée par une armée de rebelles soudanais. La veille du départ des troupes, Harry tourne le dos à la guerre et quitte l'armée.
Choqué par l'acte de son fils, son propre père le désavoue. Trois de ses amis, dont le lieutenant Jack Durrance et sa fiancée Ethne Eustace, lui envoient par ailleurs quatre plumes blanches symbolisant la lâcheté.
Incompris, solitaire et tourmenté, Harry vit à Londres où il apprend que son meilleur ami Jack et son ancien régiment sont tombés aux mains des rebelles. L'officier britannique décide alors de regagner son honneur en participant à leur sauvetage déguisé en bédouin.
(Source Allociné)
Critique de Tootpadu
La résurrection d'un genre est une entreprise risquée, surtout par les temps qui courent avec leur stagnation de la fréquentation, leur coûts de production qui n'arrêtent pas de grimper et un avenir sombre qui se dessine à l'horizon avec des piratages de films à l'échelle de ceux de la musique. Pour chaque "Gladiator" ou "Chicago", on trouve une "Ile aux pirates" ou même un "Moulin Rouge !" dont les revenus initiaux ne correspondaient pas aux attentes. Le fait de voir cette épopée d'aventures coloniales nous parvenir plus d'un an après sa sortie américaine, dans un parc de salles très réduit et face à une concurrence écrasante, suffit comme preuve de son échec, tout au moins commercial, de mettre au goût du jour le monde des colonies du XIXème siècle. Cependant, ce manque d'engouement est-il justifié par un manque de qualité du film ?
L'histoire des "Quatre plumes blanches" de A.E.W. Mason a déjà été portée maintes fois à l'écran, dans son adaptation la plus connue en 1939 par Zoltan Kordan (une version qui a assez mal vieilli, d'ailleurs). Avec son récit de bravoure, de lâcheté et de rédemption, elle fournit un canevas à la fois édifiant par les motivations de son héro et divertissant par les périples que celui-ci doit affronter pour mener à bien son plan. En gros, il s'agit d'un roman type d'une certaine littérature d'aventures qui se prête manifestement bien à la transposition sur un écran de cinéma. Malgré son ancrage dans un environnement particulier et révolu, il transcende ce dernier à travers ses thèmes universels.
Deuxième film anglais du réalisateur indien Shekhar Kapur, après "Elizabeth", une autre évocation de l'Histoire britannique, ces "Frères du désert" intriguent par les mêmes qualités que l'oeuvre précitée, tout en se passant d'un certain nombre de ses maladresses. D'une beauté plastique époustouflante, avant tout due à la splendeur des décors naturels du Maroc, il nous transmet son histoire de façon conventionnelle, mais avec une finesse et subtilité toute relative, qui évite les détours farfelus pour se concentrer sur une demi-douzaine de personnages principaux (le jeune Feversham, ses quatre camarades, sa fiancée, son ami africain). En effet, la durée conséquente du film ne se fait guère sentir, grace notamment aux nombreux rebondissements. Ce sont en effet ces éléments de caractère aventurier (les batailles, les poursuites, les combats, la prison) qui confèrent au film son souffle épique authentique.
Alors que, d'un point de vue narratif et technique, le film correspond parfaitement au canon de son genre et nous transporte dans notre enfance aux histoires héroïques, il peine légèrement en termes d'interprétation pour que l'expérience soit complètement satisfaisante. En effet, Heath Ledger dispose de suffisamment d'attraits pour nous séduire, par contre, pour habiter un personnage complexe qui vit une transformation douloureuse physiquement et psychologiquement, il lui manque, hélas, la carrure nécessaire. Ainsi, lorsque sa fiancée s'exclame comment il a changé depuis le début, cette nouvelle maturité ne se voit qu'à sa barbe et ses cheveux coupés. Même Wes Bentley et le toujours aussi imposant Djimon Hounsou arrivent à tirer davantage de leurs personnages à l'évolution plus réduite.
Enfin, signalons une continuité dans la mise en scène qui fixe les plus beaux plans au moment de la plus grande horreur, comme pour la styliser et pour relativiser à la fois le fond et la forme.
Vu le 06 novembre 2003, au MK2 Bibliothèque, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu: