Quelques heures de printemps

Quelques heures de printemps
Titre original:Quelques heures de printemps
Réalisateur:Stéphane Brizé
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:19 septembre 2012
Note:
Sorti de prison après avoir purgé une courte peine, Alain Evrard est obligé de retourner vivre chez sa mère Yvette. Une situation qui devient vite intenable, puisque le fils ne retrouve pas du travail et que la mère ne peut s’empêcher de lui reprocher la bêtise qui l’a envoyé derrière les barreaux. Quand Alain découvre que la maladie de sa mère risque de s’aggraver et qu’elle a opté pour un suicide assisté en Suisse, il ne sait pas comment réagir.

Critique de Tootpadu

La banalité est d’une beauté écrasante dans le cinquième film de Stéphane Brizé. Plutôt que de procéder au chantage sentimental d’une efficacité prévisible, ce drame éprouvant aborde la mort et les conflits familiaux sans la moindre fioriture. Il devient du coup difficile de déceler une émotion aussi positive que l’amour dans Quelques heures de printemps. Mais c’est justement l’embarras de le montrer, voire l’impossibilité de l’exprimer, qui confèrent au film toute sa dignité et sa noblesse.
Aucune bonté sirupeuse ne vient en effet dénaturer l’humanité rude qui caractérise le ton très sobre du film. Les deux personnages principaux n’y cherchent point à se repentir de leurs manquements du passé, afin de pouvoir envisager plus paisiblement la dernière ligne droite de leur vie commune, avant une fin certaine. Ils persistent au contraire d’une façon fort têtue dans leur comportement respectif de mère acariâtre et de progéniture volontairement indigne. Bien qu’ils ne soient pas originaires d’un milieu social qui cherche à résoudre de tels différents par la parole, leur refus obstiné de s’expliquer calmement est avant tout révélateur d’une sérieuse rupture familiale, qui remonte peut-être même avant l’incarcération de Alain.
Contrairement aux bons bougres au cœur d’or que Vincent Lindon a l’habitude d’interpréter, celui-ci peine considérablement à se racheter pour les fautes qu’il a commises et qu’il continue de commettre. Ce serait presque un personnage antipathique, si les bribes de bonne volonté dont il est malgré tout capable ne le mettaient pas en valeur par rapport à sa mère, une femme froide et autoritaire. Il ne s’agit pas du premier rôle maternel hors du commun avec lequel Hélène Vincent nous gratifie, puisqu’il suffit de se rappeler ses collaborations avec Etienne Chatiliez et Albert Dupontel pour s’assurer du talent indéniable de la comédienne. Sous l’œil intransigeant de la caméra de Stéphane Brizé, elle réussit pourtant un tour de force complètement intériorisé, qui se fraye in extremis un chemin à l’extérieur, comme pour mieux démentir toute l’aigreur qui définissait son personnage jusque là.
Enfin, un film aussi exigeant et parfois même austère dans son attachement à une humanité sans fard ne se permettrait jamais de faire platement l’apologie de l’euthanasie assistée. Sa description de la démarche, jusqu’au triste dénouement d’un impact émotionnel d’autant plus puissant parce que la narration ne s’était point évertuée à embellir artificiellement les choses auparavant, fait plutôt preuve de respect à l’égard de cette décision assez courageuse, que chacun d’entre nous devrait prendre individuellement et selon sa conscience.

Vu le 19 septembre 2012, à l’UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 4

Note de Tootpadu: