Camille redouble

Camille redouble
Titre original:Camille redouble
Réalisateur:Noémie Lvovsky
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:12 septembre 2012
Note:
Camille vit très mal la crise de la quarantaine. Depuis que son mari Eric a demandé le divorce au bout de vingt-cinq ans de vie commune, son alcoolisme ne connaît plus de limites et son travail de comédienne ne lui procure plus la moindre satisfaction. Un peu à contre-cœur, elle se rend à une fête du Nouvel an, où elle retrouve les trois meilleures copines de son adolescence. Alors que les douze coups de minuit résonnent, Camille perd connaissance. Elle se réveille à l’hôpital, stupéfaite d’apprendre qu’elle a de nouveau seize ans et qu’elle devra affronter une fois de plus les événements importants de sa vie, comme sa première rencontre avec Eric et la mort de sa mère.

Critique de Tootpadu

Les années 1980 n’étaient guère une décennie faste pour Francis Ford Coppola. Riche en déconvenues commerciales et artistiques, cette période du réalisateur n’est sauvée de justesse que par Peggy Sue s’est mariée, un voyage dans le temps gentiment rétro, sans autre ambition que de mettre en avant la jeune et pimpante Kathleen Turner. Même si nous ne sommes pas complètement insensibles au charme de cette comédie américaine, nous comprenons mal l’urgence d’en faire un quart de siècle plus tard un remake français à peine différent de l’original. Cette démarche ne s’explique que par un manque d’idées préoccupant du cinéma national, qui va récidiver très prochainement avec Do not disturb de Yvan Attal.
Le cinquième film de Noémie Lvovsky a beau adopter un ton plus grave et moins enjoué que son pendant américain, sa finalité dramatique demeure parfaitement identique à la sienne, c’est-à-dire à démontrer qu’il n’est jamais trop tard pour raviver un amour qui s’est éteint au fil du temps. Les dispositifs pour agencer l’intrigue des deux films sont ennuyeusement semblables, puisque Camille s’évanouit tout comme Peggy Sue au cours d’une fête où elle retrouve ses amies d’antan, qu’elle profite en premier lieu de sa jeunesse retrouvée pour se réjouir de la présence des membres de sa famille disparus entre-temps et pour ne pas refaire les mêmes fautes qui ont rendu sa vie actuelle un enfer, et enfin qu’elle recrute un allié scientifique en guise de repère pour mieux comprendre ce qui lui arrive. La seule différence notable est que la réalisatrice et actrice principale ne cherche nullement à camoufler son aspect physique adulte, dont le décalage avec ses contemporains de jeunesse devient de moins en moins gênant.
Sinon, ce changement de point de vue n’apporte aucune sagesse nouvellement acquise, grâce à laquelle le personnage principal pourrait envisager plus sereinement son existence. La transformation entre la loque humaine du début et la femme radieuse de la fin est certes visible à la surface. Mais le récit s’éparpille trop dans des fils narratifs secondaires, truffés d’antagonistes adultes caricaturaux, pour rendre l’acceptation de cette deuxième chance réellement crédible. Bien que la mise en scène sache toujours séduire par quelques bels éclats de sensibilité, notamment en rapport avec le lien mère-fille, le film dans son ensemble reste trop anodin pour enrichir de quelque manière que ce soit la vaste thématique du voyage dans le temps, imaginaire ou accidentel.

Vu le 18 septembre 2012, au MK2 Quai de Seine, Salle 1

Note de Tootpadu: