Into the abyss

Into the abyss
Titre original:Into the abyss
Réalisateur:Werner Herzog
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:24 octobre 2012
Note:
En octobre 2001, dans une petite ville du Texas, Jason Burkett et Michael Perry ont assassiné d’abord Sandra Stotler, parce qu’ils voulaient voler sa voiture, puis son fils Adam et Jeremy Richardson, un ami de ce dernier. Dix ans plus tard, Perry est à quelques jours de sa date prévue d’exécution, tandis que Burkett doit purger une peine de prison d’au moins quarante ans. Le réalisateur Werner Herzog vient à leur rencontre, il interroge les proches des victimes et s’engouffre dans un milieu défavorisé où la peine capitale et la prison font partie du quotidien.

Critique de Tootpadu

La peine de mort aux Etats-Unis est un sujet au moins aussi rebattu que le port d’armes. Tout a déjà été dit dessus et la question a été étudiée depuis tous les points de vue imaginables. Pourtant, rien ne change dans un pays qui se réclame fièrement de sa suprématie morale et qui exécute chaque année une quarantaine d’individus au nom de la loi. Pour mieux s’approprier cette discussion interminable, Werner Herzog part d’un cas bien précis et assez peu équivoque, sur deux jeunes qui avaient sauvagement assassiné trois personnes au début du siècle. Bien que Jason Burkett et Michael Perry cherchent à se défausser tant soit peu de leur part dans le crime, leur culpabilité ne fait a priori aucun doute. Ce qui importe à ce documentaire est davantage d’étudier l’environnement de l’acte abominable et les justifications légales et morales qui ont mené l’un des assassins jusqu’à l’injection létale.
La méthode employée par le réalisateur pour tenir compte de faits qui font hélas partie du quotidien peu reluisant de l’Amérique s’avère cependant problématique. La quête d’une valeur humaine abstraite par le biais de questions qui n’ont pas grand-chose à voir avec le cas étudie mène constamment le fil conducteur vers des digressions anecdotiques. L’intérêt que Herzog porte aux gens qu’il interroge en dit ainsi plus sur l’état d’esprit du réalisateur, investi d’une bienveillance paternelle qui vire parfois à la manipulation émotionnelle, que sur le véritable impact de l’exécution sur ceux qui en sont responsables d’une façon ou d’une autre. L’origine des tatouages de certains intervenants a autant d’importance dans la direction désordonnée des entretiens que la tragédie familiale des victimes. Ce manque de précision devient évident dès la première intervention d’un prêtre qui préfère parler de ses parties de golf en pleine nature et de courses poursuites d’écureuils, plutôt que de son assistance spirituelle dans un assassinat soi-disant légal.
Peut-être l’intention du réalisateur, qui délaisse de plus en plus la fiction au profit du documentaire, a-t-elle justement été avec Into the abyss de montrer que la vie continue et qu’il y a des anecdotes personnelles aussi dignes d’intérêt pour connaître un homme et une femme que son opinion sur une question aussi cruciale que la peine de mort. L’essai nous laisse cependant perplexes, tant la conduite des entretiens dévie trop souvent de ce qui devrait importer le plus dans ce dilemme morale sans réponse facile.

Vu le 1er septembre 2012, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: