
Titre original: | Guetteur (Le) |
Réalisateur: | Michele Placido |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 89 minutes |
Date: | 05 septembre 2012 |
Note: | |
Le commissaire Mattei croit prendre le dessus sur une bande notoire de braqueurs de banques, lorsqu’il la surprend en flagrant délit en plein cœur de Paris. Mais son unité est gravement décimée par un tireur embusqué sur les toits. Bien que la voiture des braqueurs réussisse à s’enfuir, Mattei interpelle le tireur d’élite deux jours plus tard, grâce à un coup de fil anonyme. Qui est cet homme mystérieux, apparemment sans identité, et lequel de ses complices l’a vendu à la police ?
Critique de Tootpadu
Michele Placido persiste et signe avec son nouveau film de gangster, aussi convulsé et incompréhensible que le précédent, mais conté cette fois-ci depuis le point de vue de la police. Même si nous ne connaissons pas tous ses méfaits de metteur en scène, ce que nous en avons vu nous conforte dans l’impression que Placido ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Sa narration est entièrement dépourvue de sens et ses tics formels ne font qu’aggraver encore l’aspect global de ses films, qui posent énormément mais qui n’accomplissent strictement rien. En somme, ce réalisateur est potentiellement mauvais, un cancre cinématographique qui s’emploie à détruire à lui seul l’illustre héritage des films de genre à l’italienne.
Ce n’est pas tant le passage en France qui le sauve d’une nouvelle défaite artistique cuisante, mais la nature douteuse du scénario du Guetteur. Le fait que les chamailleries brutales entre les policiers et les gangsters se passent en français et sur quelques monuments parisiens ne change en effet pas tant la donne que la structure aberrante de l’histoire, qui sied parfaitement à l’esthétique approximative du cinéma selon Michele Placido. Des trous béants qui veulent se faire passer pour des ellipses, une structure temporelle chaotique et des stéréotypes en guise de personnages sans le moindre point d’attache émotionnel : tous les ingrédients sont réunis pour un résultat étrangement fascinant. Il faudra effectivement faire preuve d’un sens considérable d’abstraction pour tirer un quelconque plaisir des montages parallèles, à trois niveaux sans la moindre raison, et du vocabulaire filmique toujours aussi pompeux et superficiel dont la mise en scène se sert sans modération.
Et pourtant, même s’il ne nous viendrait jamais à l’esprit de supposer un système quel qu’il soit derrière une telle folie créatrice, la démesure dans ce film problématique a indubitablement quelque chose d’ébouriffant. Fanny Ardant y fait une apparition éclair et complètement dispensable, soit, la narration nous trimbale à droite et à gauche, en avant dans le temps et en arrière, sans jamais provoquer la plus infime tension dramatique, soit, mais en dépit de ses nombreux défauts, il émane une liberté pas toujours employée à bon escient de ce film, qui le rend curieusement passionnant.
Vu le 28 août 2012, à la Salle Pathé Lincoln
Note de Tootpadu: