Cherchez Hortense

Cherchez Hortense
Titre original:Cherchez Hortense
Réalisateur:Pascal Bonitzer
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:05 septembre 2012
Note:
Le professeur Damien Hauer est dans l’embarras. Sa compagne Iva, metteur en scène qui accouche difficilement d’une nouvelle pièce de théâtre, lui a demandé de solliciter son père Sébastien, président du conseil d’état, afin que celui-ci intervienne dans le dossier d’une amie serbe qui risque d’être expulsée. Or, Damien entretient des rapports compliqués avec son père, qui est au demeurant trop occupé pour l’écouter jusqu’à la fin de sa requête. Le fait de ne pas oser dire la vérité à sa femme et son beau-frère, qui le félicitent déjà pour son intervention, plonge Damien dans une crise existentielle. Seule Aurore, une jeune femme croisée dans la librairie près de son bistro habituel, pourrait lui redonner le goût de vivre.

Critique de Tootpadu

Après la parenthèse regrettable d’un film à la Pascal Thomas, c’est-à-dire d’une adaptation molle d’Agatha Christie dans laquelle les vedettes plus très fraîches du cinéma français se bousculent, le réalisateur Pascal Bonitzer revient heureusement à ce qu’il fait de mieux : des drôles d’histoires et de rencontres dans le milieu de la bourgeoisie intellectuelle. Dans son sixième film, il confie à son acteur principal Jean-Pierre Bacri le genre de rôle qui lui va comme un gant, celui d’un pauvre type, complexé et mal dans sa peau, qui trouve un peu de quiétude aux endroits les plus improbables. A l’image de la tronche du comédien, dont la mine inquiète aux rides froncées se détend progressivement, le récit de Cherchez Hortense gagne doucement en assurance et en aisance, afin de nous charmer par son histoire gentiment rocambolesque.
Une notion concrète de la mise en scène s’impose dès le premier plan du film, la fille de Bonitzer qui répète la pièce de théâtre de la femme du protagoniste. Cette mise en abîme presque caricaturale d’une institution culturelle ancienne se poursuivra plus tard par le biais des cours nébuleux sur la culture chinoise que Damien donne avec une certaine désinvolture et les incursions de plus en plus agitées dans le saint des saints de la République française, le Conseil d’état. Or, ce n’est pas dans des environnements aussi codifiés que les personnages font tomber leurs masques. Ils sont au contraire plus à l’aise dans le vide, qu’ils choisissent comme Iva qui en profite pour rentrer à pied et faire seule le point sur son couple, ou bien dans lequel ils sont propulsés malgré eux, comme Damien qui réagit à l’aveu d’infidélité avec un sursaut d’indignation qui mettra enfin les choses en branle. Après, ceci ne serait pas un film de Pascal Bonitzer, s’il n’était pas rythmé par des pirouettes enjouées de la narration. Elles confèrent toute sa saveur à un film ne tournant essentiellement qu’autour de quelque chose d’aussi vague et vain qu’une crise de la cinquantaine conventionnelle.
Grâce au ton ironique mais jamais blessant à l’égard de la condition parfois pitoyable des personnages, nous nous laissons volontairement enchanter par ce conte à la fois plein de sagesse et d’un goût affirmé pour la dérision. Il a beau ne pas refléter la réalité précise de l’intelligentsia parisienne contemporaine, les libertés qu’il prend avec ce milieu potentiellement ennuyeux garantissent un divertissement simultanément subtil et haut en couleur.

Vu le 28 août 2012, à la Salle Pathé Lincoln

Note de Tootpadu: