Titre original: | Robot and Frank |
Réalisateur: | Jake Schreier |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 89 minutes |
Date: | 19 septembre 2012 |
Note: | |
Dans un avenir proche, l’ancien cambrioleur Frank vit seul dans sa maison à la campagne. La monotonie de son quotidien n’est interrompue que par les visites hebdomadaires de son fils Hunter et des excursions en ville, afin d’emprunter des livres à la dernière bibliothèque encore en activité. A cause des troubles de la mémoire de plus en plus sévères de son père, Hunter lui impose un robot qui devra veiller sur sa santé. D’abord réticent à l’idée d’un valet électronique, Frank se lie petit à petit d’amitié avec son domestique futuriste.
Critique de Tootpadu
La perte de l’autonomie des personnes âgées est un thème intemporel, qui subit un traitement différent selon les époques. Alors que le remède miracle à la perte des repères était encore un chauffeur bienveillant, voire servile, dans l’excessivement nostalgique Miss Daisy et son chauffeur de Bruce Beresford, la mise à l’écart de la vieille génération s’opère dans ce film-ci par le biais sensiblement moins chaleureux d’un robot, très à cheval sur le respect d’une hygiène de vie impeccable. Mais comme dans le cas de la veuve sans permis, les contraires s’attirent. L’échange entre le vieux cambrioleur grognon et la machine impassible produira des moments touchants, qui réussissent même à rendre humain un rapport qui a pourtant tout d’un simulacre de liens familiaux en pleine décomposition.
Robot and Frank observe avec une malice amusante le rapprochement entre ce voyou incorrigible en perte de ses capacités mentales et son assistant de vie, qui laisse entrer un semblant de sentiment et de sympathie dans ses algorithmes, censés garantir un comportement exemplaire et impartial en toute circonstance. Ce sont surtout les premières étapes de cette complicité inattendue qui nous ont subjugués, grâce à la délicatesse du ton de la mise en scène de Jake Schreier. Cette dernière ne se moque jamais des imperfections de l’un, qui traverse parfois tel un somnambule un monde dont il ne perçoit plus les changements, ou de l’autre, qui n’est initialement qu’un tas de plastique et de circuits électriques sans personnalité. Sans forcer le trait, elle s’attache davantage à souligner l’importance de la stimulation mentale chez des personnes dont l’âge avancé les inciterait sinon à sombrer dans un état végétatif, et les risques d’une révolution culturelle numérique, qui dégraderait un lieu aussi essentiel pour l’instruction que les bibliothèques en un simple musée de méthodes archaïques de l’acquisition du savoir.
Dommage alors que la dernière partie du film manque quelque peu de cohésion. Une fois que Frank a convaincu le robot de l’importance vitale des cambriolages nocturnes pour son bien-être, le scénario s’éparpille dans une chasse à l’homme inoffensive. Les revirements qui surgissent dès lors d’une façon peu organique ne font que jouer sur le degré de démence plus ou moins grave dont souffre le personnage principal. Les touches comiques récurrentes du début laissent la place à un traitement plus grave, qui se solde par une conclusion sans l’espoir d’un crépuscule de vie serein pour Frank. Heureusement que l’interprétation très digne, et parfois enjouée, de Frank Langella sauve le ton du film d’un larmoiement excessif à ce moment-là.
Vu le 23 août 2012, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: