Deep blue sea (The)

Deep blue sea (The)
Titre original:Deep blue sea (The)
Réalisateur:Terence Davies
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:20 juin 2012
Note:
A Londres vers 1950, Hester Collyer fait une tentative de suicide. Depuis un certain temps, elle vit avec son amant Freddie Page, un ancien pilote de l’armée britannique, pour lequel elle a quitté son mari, le juge Sir William Collyer. Hester s’en sort de justesse grâce à l’intervention des voisins. La réaction virulente de Freddie quand il apprend l’incident, fait toutefois craindre la fin de leur liaison à cette femme en manque d’amour et de passion.

Critique de Tootpadu

Le nouveau film de Terence Davies évolue comme dans une bulle, suspendue dans l’espace et surtout dans le temps, tel le constat tortueux d’une relation amoureuse en fin de vie. Il en émane quelque chose de profondément anachronique, comme si cette histoire aurait aussi bien pu être filmée un demi-siècle plus tôt – ce qui fut bien entendu le cas lors de la première adaptation de la pièce de Terence Rattigan par Anatole Litvak avec Vivien Leigh dans le rôle principal –, voire encore trois décennies auparavant, tant le physique séduisant de Tom Hiddleston nous rappelle les jeunes premiers du cinéma muet. Le cadre de The Deep blue sea, cette monotonie londonienne de l’immédiat après-guerre, est en effet si peu prisé par le cinéma britannique et international, qu’il faudra remonter jusqu’à La Fin d’une liaison de Neil Jordan pour trouver un autre mélodrame aussi sinistre.
Une tristesse étrangement feutrée est d’emblée de mise ici, puisque le récit commence avec le suicide manqué de Hester, qui est moins un appel au secours que la conséquence logique de quelques choix de vie néfastes. Le scénario nous fournit certes par la suite un début d’explication à cet acte du désespoir – un mariage ennuyeux et suffocant, dont la fadeur de l’époux n’est dépassé que par les piques pleines de jalousie de la belle-mère possessive, ainsi que la promesse d’une relation fusionnelle avec le héros de guerre charmeur –, mais l’aspect tragique de cette romance éphémère ne prend jamais vraiment corps à travers l’attitude presque masochiste de Hester. Son impuissance à accomplir sa décision fatale, à regagner le cœur d’un homme qui avait en fin de compte toujours gardé ses distances, ou au pire à se résigner à renouer avec son existence morne d’avant, prive la narration du moindre élan de vie.
Ce qui ne signifie nullement que Terence Davies rate l’évocation d’un ton et de mœurs quelque peu antiques. Seulement que le côté vieillot du film, tout en retenue et au vocabulaire visuel sans doute trop précieux, est à la fois son plus grand atout et son pire défaut. Bien que l’approche délicate corresponde aux tourments du cœur de ce triangle fatidique, il lui manque le genre d’ampleur directe qui nous arracherait de la torpeur dans laquelle la narration nous berce volontairement.

Vu le 17 juillet 2012, à l’Arlequin, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: