Holy Motors

Holy Motors
Titre original:Holy Motors
Réalisateur:Leos Carax
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:04 juillet 2012
Note:
Au petit matin, la limousine extra-longue et son chauffeur Céline viennent chercher Monsieur Oscar à sa maison en province pour une journée de travail bien chargée à Paris. Une dizaine de rendez-vous rythmera le temps que cet homme-orchestre va passer à bord de son véhicule somptueux, des rencontres pour lesquelles il devra se glisser dans la peau de personnages chaque fois différents.

Critique de Tootpadu

L’enfant terrible du cinéma français a encore frappé. Leos Carax, le cinéaste maudit qui fait une pause de dix ans après chaque film, histoire de se laisser le temps – et surtout de le laisser au public – de se reposer suite à une expérience aussi exténuante que Les Amants du Pont-Neuf et Pola X, avait enflammé le dernier festival de Cannes avec cette œuvre une fois de plus atypique et inclassable, mais à notre humble avis pas aussi visionnaire qu’on aurait pu l’espérer. Le ton très particulier propre aux films du réalisateur est bien sûr présent. Et on retrouve avec un mélange de dégoût et d’admiration un personnage, dont les excès au format court dans Tokyo ! avaient quelque peu suspendus la longue attente d’un nouveau film de Leos Carax. Mais cette journée de travail pas comme les autres, et pourtant inscrite dans une logique fantastique hautement fascinante, n’a pas produit sur nous l’effet enchanteur auquel on aspirait, suite à sa réputation cannoise peut-être démesurée.
Le périple de Monsieur Oscar, au fil d’une série de rendez-vous que le personnage énigmatique aurait éventuellement plus avec lui-même qu’avec des partenaires professionnels au sens classique, représente une odyssée métaphysique pour laquelle la narration ne nous fournit pas toutes les clefs de compréhension. Il devient vite évident que le carrosse prestigieux à bord duquel le protagoniste à l’apparence changeante se déplace n’est point le symbole des hommes d’affaires issus du milieu de la finance, comme ses premiers coups de fil matinaux auraient pu le laisser croire. Cette voiture luxueuse à la couleur traître est davantage son seul repère, tel un vaisseau lumineux dans lequel il peut s’engouffrer après une mission traumatisante et duquel il sort pour s’immiscer dans des scènes de plus en plus absurdes.
Le voyage cinématographique auquel Leos Carax nous convie dès la première séquence de Holy Motors ne poursuit aucune finalité dramatique précise. La tentative d’explication finale pas tout à fait réussie mise à part, quand les limousines rentrent au bercail la nuit et commentent leur journée, le récit s’adonne le reste du temps à une évocation plus viscérale des différentes étapes du travail de Monsieur Oscar. Il y croise la vie et la mort, la sexualité et l’amour, les donne et les subit, dans un cycle de plus en plus frénétique autour d’une panoplie de décors parisiens que la caméra enregistre toujours avec le même attrait poétique. Ce qu’était jadis pour les amoureux le refuge du chantier du Pont-Neuf en plein cœur de la capitale y est désormais celui de la Samaritaine juste à côté : un environnement désert et comme suspendu dans l’espace et le temps, autour duquel la cruauté de la vie fait pourtant rage.

Vu le 26 juin 2012, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: