Titanic

Titanic
Titre original:Titanic
Réalisateur:Jean Negulesco
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:01 octobre 1953
Note:
En 1912, le paquebot "Titanic" part pour son voyage initial de Cherbourg à New York. A bord de ce plus beau et plus grand bateau jamais conçu se trouvent des milliers de passagers, des immigrés pauvres qui espèrent recommencer leur vie aux Etats-Unis, et des membres de la haute société qui ne veulent pas louper cette traversée historique. Parmi ces derniers, Julia Sturges ramène ses deux enfants dans son Michigan natal, où elle espère leur donner une éducation plus solide que dans le monde frivole de son mari. Mais Richard Sturges embarque à la dernière minute, afin de la faire changer d'avis. Une tentative de sauvetage pour un mariage en perdition qui ne pourra pas aboutir, puisque le Titanic entre en collision avec un iceberg en plein Atlantique quelques jours plus tard.

Critique de Tootpadu

A sujet égal, le traitement n'aurait pas pu être plus différent entre cette version-ci de la plus grande catastrophe de la navigation civile et le spectacle tonitruant avec lequel James Cameron allait marquer l'histoire du cinéma plus de quarante ans plus tard. Au lieu d'être des récits qui rappellent un événement marquant du passé d'une façon réaliste, les deux films sont symptomatiques de l'époque de leur réalisation. Tout le monde sait que le Titanic a coulé et les détails plus ou moins macabres de ce naufrage épique sont universellement connus. Certes, la version de 1997 a pu s'appuyer sur des documents supplémentaires et l'épave même pour étayer son histoire, mais à la base, les faits demeurent similaires. Tandis que la version de James Cameron est donc synonyme de grands sentiments et d'effets époustouflants, celle de Jean Negulesco fonctionne davantage sur le plan humain.
Le public visé par cette production tout de même prestigieuse n'est visiblement pas le même que pour l'appât idéal de midinettes en manque de sensations fortes ultérieur. Beaucoup plus adulte et modérée, voire sophistiquée, que la romance entre Jack et Rose, l'histoire prend plus la forme d'un drame familial ici, avec seulement une intrigue annexe pour les adolescents. La tragédie du naufrage y prend presque une place secondaire, en dépit des images menaçantes du pré-générique. Le temps pour arriver à l'iceberg fatidique est à peu près identique, si nos souvenirs quant à l'autre Titanic sont bons, mais la course contre la montre et l'eau glaciale est traitée bien plus sobrement et rapidement ici. En à peine une demi-heure, le bateau et la plupart de ses passagers ont coulé, faisant preuve d'une dignité peut-être un peu trop naïve. L'enchaînement frénétique de cascades et d'effets spéciaux gargantuesques de chez Cameron est simplement remplacé ici par quelques intrusions d'eau mineures et un chant solennel des hommes condamnés à périr. Difficile à dire si l'atmosphère à peine chaotique sur le paquebot de Negulesco n'est finalement pas aussi efficace, mais certainement plus touchante, que le brouhaha éloquent sur le mastodonte de Cameron.
Les effets employés par le réalisateur, plutôt un routinier honnête qu'un visionnaire, sont simples mais justes, sans le bagage excessif de son successeur. Rien que la musique est dosée avec parcimonie, à l'opposé total de la symphonie entraînante et bruyante de James Horner. Quant à l'interprétation, elle est à l'image du film d'une solidité sans affectation, la sublime Barbara Stanwyck en tête.

Revu le 18 mai 2006, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: