Prometheus

Prometheus
Titre original:Prometheus
Réalisateur:Ridley Scott
Sortie:Cinéma
Durée:124 minutes
Date:30 mai 2012
Note:
En 2093, le vaisseau Prometheus part pour une mission secrète vers une planète lointaine. Grâce aux fonds mis à leur disposition par le riche industriel mourant Weyland, les deux anthropologues Elizabeth Shaw et Charlie Holloway espèrent y trouver la réponse aux questions qu’ils se posent depuis des années par rapport à l’origine de la vie humaine sur Terre. Le voyage stellaire sous la direction du commandant intransigeant Meredith Vickers ne poursuit cependant pas exclusivement un but scientifique. Les véritables raisons pour cette découverte potentielle, qui pourrait ébranler l’ensemble des théories de l’évolution connues jusque là, risquera même de mettre sérieusement en danger l’équipe disparate de cette expédition confidentielle.

Critique de Tootpadu

Ridley Scott savait forcément qu’il serait attendu au tournant, lors de son retour vers l’univers d’Alien, plus de trente ans après que le premier film de la saga l’a propulsé sur la scène à la fois exclusive et prestigieuse des réalisateurs mythiques du cinéma de genre. Et il savait sans doute aussi pertinemment, qu’il serait impossible de reproduire le même effet de choc collectif suscité par l’œuvre originale, répété, transformé, voire parodié à de nombreuses reprises depuis. Par conséquent, imbu de cette sagesse pour l’acquisition de laquelle il aura fallu toute une filmographie, mais qui ne fait pourtant pas de Prometheus un film de vieillesse, il a opté pour une approche moins viscérale et plus intellectuelle. Ainsi, cette épopée de l’espace, que nous sommes hélas dans la minorité de trouver grandiose, en dit plus long sur nos propres peurs ancestrales et le rôle de plus en plus commercialement teinté que la science joue dans notre civilisation, que sur le mouvement de panique instinctif face à un intrus invisible, si magistralement orchestré dans Alien Le Huitième passager.
Le thème ancien des scientifiques idéalistes, qui voient leur rêve d’une découverte phénoménale anéantie par des impératifs matériels ou existentiels infiniment plus pragmatiques, subit ici une cure de jouvence à coups d’effets spéciaux impressionnants. Néanmoins, c’est surtout dans le fond que ce film nous a interpellés, à l’image d’un Mission to Mars de Brian De Palma, où les chimères d’une planète lointaine enfin colonisée par l’homme étaient déjà au service d’une théorie de l’évolution nébuleuse, quoique intriguante. Dans le cas présent, le couple de chercheurs, formé par la star montante du cinéma international Noomi Rapace et le magnifiquement beau Logan Marshall-Green, est progressivement dépossédé de leur « bébé » – un terme que l’on pourrait presque prendre littéralement, par rapport à l’une des séquences les plus éprouvantes du film –, avant de chercher in extremis à faire marche arrière pour éviter que son côté obscur n’engloutisse l’humanité toute entière. Au fil d’un scénario dense, quoique moins ponctué de sursauts d’horreur que l’original, la nature perfide de la mission est mise à jour et le double jeu des participants révélé.
Au fond, Ridley Scott ne dit rien de nouveau avec ce film étonnamment vigoureux et maîtrisé pour ce qui aurait très bien pu n’être qu’une œuvre crépusculaire de la part d’un réalisateur tout de même déjà septuagénaire. Il transmet cependant sa mise en garde contre les dérives d’une liaison trop étroite entre le capital et la recherche par le biais d’un spectacle tonitruant et visuellement fascinant. La bande son tellement puissante qu’elle a fait disjoncter à deux reprises l’équipement de la salle – ce qui représente d’ailleurs notre seul réserve à l’égard d’un film que l’on courra revoir pour suivre d’une traite son rythme de narration soutenu – ainsi que la qualité tout aussi irréprochable des autres aspects techniques du film nous ont permis une immersion quasiment parfaite – petit souci de projection mis à part – dans un monde peut-être implanté dans un futur proche, mais dont les préoccupations philosophiques et son commentaire sur la cupidité et le caractère égoïste de l’âme humaine résonnent d’ores et déjà dans notre ère de la commercialisation à outrance des sciences.

Vu le 28 mai 2012, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Prometheus était l’un des films les plus attendus de l’année 2012. Non seulement ce film marquait les grandes retrouvailles entre l’un des plus grands réalisateurs anglais Ridley Scott et un genre auquel il a donné ses lettres de noblesse (Alien, Blade runner), mais s’annonçait comme la préquelle d’un film qui a imprégné à jamais nos mémoires collectives. Fort de son expérience, Ridley Scott produit et réalise ce film et laisse le soin du scénario entièrement à Damon Lindelof (scénariste de séries et de Cowboys et envahisseurs) et John Spaihts (The Darkest hour). Cela était une erreur de taille, vu le traitement calamiteux.

Le film commence pourtant sous de bons auspices : un alien géant à forme humaine donne son ADN en se dissolvant, afin de permettre à l’espèce humaine de voir le jour. La théorie de l’évolution naturelle de Darwin est ainsi rejetée et bafouée et annonce le traitement à suivre de ce film, qui malgré une excellente bande-annonce noie ses qualités dans les dédales d’un scénario guère original et reprenant la plupart des idées d’autres films à son escient. L’équipage du Prometheus composé de dix-sept membres, dont les principaux sont Elizabeth Shaw (Noomi Rapace), son compagnon Charlie Holloway (Logan Marshall-Green), David un androïde (excellent Michael Fassbender) et la capitaine de bord Meredith Vickers (Charlize Theron), en arrivant au but de son expédition, soit la planète lune lointaine appelée LV-223, va se voir confronté à une menace pouvant anéantir la Terre toute entière.

Une nouvelle fois, Ridley Scott impose une direction d’acteurs et une ambiance malsaine tout au long de ce film, dans lequel chaque personnage ne semble pas être ce qu’il parait. Le personnage de Meredith Vickers semble être aussi un androïde à sa manière d’agir (clin d’œil volontaire au personnage de Rick Deckard (Harrison Ford) dans Blade runner). Comme dans le film culte Alien, le personnage féminin est une femme forte, interprétée avec brio par Noomi Rapace, qui devra se battre contre la malveillance de certains membres de l’équipage et contre une menace mutante. Après le rôle percutant de Ripley tenu par Sigourney Weaver dans quatre films, Noomi Rapace impose son personnage comme une digne héritière.

Après deux longues années d’absence, Charlize Theron continue à s’affirmer comme une des plus grandes actrices actuelles. Que cela soit dans une comédie (Young adult), un film de science-fiction ou un conte (Blanche Neige et le chasseur), cette année 2012 marque donc son grand retour dans des films de genre différents. Ce n’est donc pas un pur hasard si son rôle dans Prometheus semble montrer qu’elle est trop parfaite pour être une simple humaine.

Malgré ce casting excellent, des effets spéciaux spectaculaires, le scénario de Prometheus est le point faible de l’aventure. Comparé au classique et très prenant Alien, ce film semble avoir été élaboré, afin d’être tout public et ne heurter la sensibilité de personne. Aucune scène culte ne s’extirpe de ce voyage "new-age" aux origines de l’homme. Dommage que les fondations d’une telle œuvre semblent vaciller à ce point et manquer de la moindre idée originale. Ce film s’apparente ainsi à une commande de studio, mais fait malheureusement pâle figure, comparée aux mastodontes récents (Avengers) et à venir (The Dark Knight rises, Amazing Spider-man). Dommage d’autant plus grand que Ridley Scott a pu bénéficier d’un budget considérable, s’entourer de trois excellents comédiens (Charlize Theron, Noomi Rapace et Michael Fassbender) et d’une excellente photographie (Dariusz Wolski de la saga des Pirates des Caraïbes). Son film aurait gagné et aurait pu devenir un succès en puissance, si les scénaristes s’étaient donné un peu plus de mal et ne se seraient pas contentés d’aligner des idées d’autres films (mention spéciale à Abyss). Ils auraient ainsi pu créer un nouveau monde propice à une nouvelle saga.

Prometheus reste un honnête film de science-fiction, sujet à la réflexion sur l’évolution de l’espèce humaine et sur la découverte de nouvelles contrées inexplorées, tel Christophe Colombe. Un film dont la 3D est certes utilisée avec parcimonie, mais qui ne tient pas la concurrence par rapport à d’autres œuvres récentes.

Vu le 4 juin 2012, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder: