
Titre original: | Sans issue |
Réalisateur: | Mabrouk El Mechri |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 93 minutes |
Date: | 02 mai 2012 |
Note: | |
Will Shaw arrive en Espagne pour une semaine de vacances. Il n’a pas vraiment l’esprit au repos, alors que son entreprise à San Francisco risque le dépôt de bilan, mais cette première réunion familiale depuis longtemps lui permettra peut-être de se changer les idées. Après un incident mineur à bord du yacht sur lequel les Shaw ont embarqué, Will rejoint la côte à la nage pour acheter des médicaments. A son retour, il retrouve le bateau vide, sans le moindre signe de ses proches. Sa démarche auprès de la police locale se solde par une course poursuite, au bout de laquelle il retrouve son père Martin, qui lui annonce qu’il est en réalité un agent secret américain. Quand Martin est assassiné par sa propre équipe, Will ne pourra compter que sur lui-même pour libérer les autres membres de sa famille des mains des ravisseurs.
Critique de Tootpadu
Mabrouk El Mechri a sept ou huit ans de retard par rapport à cette vaguelette de réalisateurs français, comme Mathieu Kassovitz et Jean-François Richet, qui étaient partis à Hollywood au milieu des années 2000 pour y tenter leur chance. Alors qu’il perpétue la longue tradition des échecs cuisants à l’étranger, son troisième film n’est même pas purement américain, mais plutôt une production hybride avec l’Espagne. Le métissage des capitaux et des influences n’apporte par contre strictement rien à ce thriller navrant, tellement il copie des recettes éculées sans la moindre ingéniosité formelle.
Très tôt, Sans issue se met dans une position de faiblesse, qui aboutit à une asphyxie sans appel sous une couche épaisse de poncifs mal exécutés. Le point de départ de tout thriller depuis la naissance du cinéma, qui voit un personnage ordinaire placé dans un contexte extraordinaire, ne constitue ici que le début d’une série interminable d’affrontements, plus improbables et grandiloquents les uns que les autres. La référence évidente à l’univers de Jason Bourne, avec ses décors internationaux à travers lesquels le héros doit se faufiler sur toutes sortes de moyens de locomotion, y devient d’autant plus pénible que la mise en scène échoue misérablement et dans la création d’un suspense, qui permettrait au spectateur de s’identifier avec la situation compromettante et les prouesses acrobatiques du protagoniste, et dans la stimulation plus instinctive de la sécrétion d’adrénaline, qui se met même en marche devant l’action idiote, mais plutôt efficace, des films de Michael Bay et consorts.
Hélas, il n’en est rien dans ce film pénible et affligeant, dépourvu d’originalité, de rigueur, et d’un esprit d’auto-dérision salutaire, apparemment encore à l’œuvre dans le film précédent du réalisateur, JCVD. Aucun des participants ne sort donc nanti de cette débâcle cinématographique, ni Sigourney Weaver qui est visiblement abonnée ces derniers temps aux rôles caricaturaux de supérieurs ripous, ni Bruce Willis qui dispose au moins d’assez de bon sens pour s’éclipser tant que la médiocrité est encore de rigueur, ni Roschdy Zem dans un emploi ridicule qui ne lui ouvrira certainement pas les portes d’autres productions internationales. Enfin, bien que la facture globale du film soit par elle-même déjà très inepte, le cabotinage sans charme de Henry Cavill ne laisse rien augurer de bon pour son prochain film, un énième redémarrage de l’univers de Superman sous la supervision de Zack Snyder, un réalisateur au moins aussi peu recommandable que Mabrouk El Mechri.
Vu le 15 mai 2012, à l’UGC Forum Orient Express, Salle 5, en VO
Note de Tootpadu: