Prénom (Le)

Prénom (Le)
Titre original:Prénom (Le)
Réalisateur:Alexandre De La Patellière, Matthieu Delaporte
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:25 avril 2012
Note:
Ce n’est pas le livreur de pizza que le professeur littéraire Pierre et sa femme Elisabeth attendaient chez eux ce soir-là, mais Vincent, le frère d’Elisabeth, et son épouse Anna, enceinte de plusieurs mois. Claude, musicien professionnel et ami proche d’Elisabeth, arrive le premier à cette soirée conviviale pour laquelle la maîtresse de la maison a une fois de plus préparé son fameux tajine. En attendant qu’Anna, retenue par son travail, rejoigne les convives, Vincent révèle à ses proches le prénom qu’ils ont choisi ensemble pour leur futur enfant. Un prénom qui soulève un véritable tollé parmi les membres de ce groupe en apparence soudé, qui risque de voler en éclats à plusieurs reprises au fil d’un dîner riche en révélations compromettantes.

Critique de Tootpadu

Qu’est-ce qui se cache derrière un nom ? La réponse à cette question ne fait pas vraiment partie des priorités de cette comédie douce-amère, qui part de quelque chose d’enjoué – le générique où ne figurent que les prénoms de l’équipe – et d’universel – l’explication didactique des noms des rues parisiennes – pour aboutir enfin à un niveau plus intimiste, lorsque les masques tombent et les vieilles rancunes s’éveillent. En tant qu’adaptation d’une pièce de théâtre, Le Prénom reste étroitement fidèle à l’unité dans le temps et l’espace. Ces contraintes ne font cependant que renforcer la tension ici, comme cela a dû être le cas dans Carnage de Roman Polanski, un autre huis-clos joué initialement sur scène, qui était sorti il y a cinq mois sur les écrans français.
La première collaboration d’Alexandre De La Patellière, fils de Denys, et de Matthieu Delaporte en tant que réalisateurs, après un long parcours commun de scénariste, jette un regard acerbe sur les travers de la bourgeoisie aux idées larges et aux actions mesquines. Toute l’hystérie qui accable cette classe moyenne, écartelée entre de vieilles idéologies '68-ardes et les impératifs plus pragmatiques de la vie courante, y est condensée dans le personnage d’Elisabeth. Même si les femmes n’ont pas le beau rôle dans cette farce de boulevard délicieuse, c’est néanmoins celui – essentiel – de l’arbitre qui leur revient, pour temporiser dans le combat de coqs à l’égo démesuré que leurs maris se livrent avec plus ou moins de bonne volonté. La précision dans l’écriture et l’investissement entier d’une distribution parfaitement choisie garantissent ainsi que les répliques assassines fusent, sans de véritable fausse note au fil d’un récit à la délicatesse de ton remarquable.
Ce divertissement fort efficace ne changera point la façon dont nous percevons le monde. Il réussit par contre à nous faire participer passivement à une dispute familiale épique, qui sait maintenir un équilibre de ton assez prodigieux, entre le spectacle grandiloquent et l’introspection plus lucide.

Vu le 30 avril 2012, au MK2 Quai de Seine, Salle 2

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le fait de voir un lot continu de comédies permet de devenir de plus en plus critique envers l'efficacité de celles-ci. La dernière grande comédie française fut Intouchables, qui reposait sur un duo d'acteurs que tout séparait : Omar Sy et François Cluzet. La conviction du jeu de ces deux comédiens émérites a fait de cette comédie l’un des plus gros succès en France. Cette comédie-là fonctionnait parce qu'elle reposait sur une histoire originale, qu'elle sentait le vécu et qu'elle témoignait d’une écriture de qualité et d’anecdotes croustillantes. C’est cette même moelle que nous retrouvons dans le film Le Prénom. Malgré une bande-annonce guère trépidante, le film est une excellente surprise.

De manière simpliste, le cinéma représente le mouvement et le théâtre la stabilité. L'adaptation d'une pièce de théâtre au cinéma est rarement synonyme de réussite, car ce qui fait le charme d’une pièce de théâtre ne peut rarement prendre dans une salle de cinéma. Au théâtre, la scène et la salle forment un tout; le fait de voir jouer devant soi une pièce impose une connivence entre les deux. Cette connivence ne peut exister dans une salle de cinéma, où l'écran est un moyen de retransmission, qui enlève ce côté du direct. Avant d’être un film, Le Prénom a été une pièce de théâtre française, écrite par les auteurs Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière (réalisateurs de ce film), et mise en scène par Bernard Murat. Pratiquement tous les acteurs principaux de cette pièce retrouvent ici leur rôle.

Ainsi, Vincent (Patrick Bruel) et sa femme Anna (Judith El Zein) se retrouvent lors d’une soirée autour d’une table chez la sœur de celui-ci Elisabeth (Valérie Benguigui)et de son mari Pierre (Jean-Michel Dupuis est remplacé par Charles Berling) et d’un ami de famille, Claude (Guillaume de Tonquédec). A partir d’une mauvaise blague de Vincent sur le prénom de son futur enfant, la soirée dérape vers un règlement de comptes des plus jubilatoires.

Ce film est une véritable réussite ! Il permet par sa construction et bien que l'action se déroule dans la même pièce d’un même appartement à faire oublier le côté figé d’une telle approche. Dès le générique fort original, dans lequel n’apparaissent que les prénoms des membres de l’équipe du film, et après une présentation très originale des personnages, l’action se met en place et les échanges endiablés entre ces cinq adultes fusent et font qu’il est pratiquement impossible de ne pas rire sans discontinuité. C’est à une peinture de notre classe moyenne aisée que nous assistons. Une peinture jubilatoire à la verve féroce et digne des grandes comédies américaines des années 1980. Une nouvelle fois, Patrick Bruel montre qu’il sait être un bon comédien quand il s’appuie sur un bon scénario et qu'il est entouré de comédiens brillants (mention spéciale à Valérie Benguigui).

Une comédie à ne pas rater et superbement interprétée !

Vu le 12 mai 2012, au Gaumont Disney Village, Salle 8

Note de Mulder: