Titre original: | My week with Marilyn |
Réalisateur: | Simon Curtis |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 99 minutes |
Date: | 04 avril 2012 |
Note: | |
Le fils cadet d’une famille d’académiciens, Colin Clark a toujours rêvé de faire du cinéma. Il saisit la première occasion qui se présente à lui, à savoir le poste de 3ème assistant réalisateur sur le film Le Prince et la danseuse que Laurence Olivier tourne pendant l’été 1956 aux studios Pinewood en Angleterre. Son premier tournage permet d’emblée à ce jeune homme passionné de rencontrer la plus grande vedette de l’époque, Marilyn Monroe qui débarque avec son nouveau mari, l’auteur Arthur Miller, et sa professeur dramatique Paula Strasberg. Alors que l’actrice légendaire se met progressivement toute l’équipe à dos, à force d’être en retard et de chercher frénétiquement un sens profond à son personnage léger, Colin tombe sous le charme de cette femme fragile, condamnée à une célébrité écrasante.
Critique de Tootpadu
La route est longue et épineuse, avant que ce récit de tournage ne parvienne à quelque chose d’intéressant et de pertinent à dire sur le phénomène de la célébrité et ses dérives. Avant d’arriver à la séquence magique de l’escapade à la campagne, quand la façade de la frivolité apparente de l’icône Marilyn Monroe se fissure enfin, afin de donner pour la première fois un aperçu de la femme derrière le mythe – une brèche d’humanité qui est d’ailleurs immédiatement colmatée, puisque l’actrice sait pertinnemment que ses fans ne veulent voir d’elle que le côté de la blonde pulpeuse et enjouée –, il a fallu subir déjà plus que la moitié d’un film plutôt quelconque. La première moitié de My week with Marilyn est en effet plombée par un montage catastrophique, même indigne de la narration d’un téléfilm, dont le réalisateur Simon Curtis s’est visiblement inspiré pour son premier film de cinéma. Il ne résulte de cette introduction bancale que notre frustration de voir l’intrigue passer à côté d’une plongée, guère difficile à agencer, dans les décors joliment rétros du tournage d’une autre époque. Peut-être le fait de n’avoir jamais été auparavant aux commandes d’un plateau de cinéma a-t-il empêché le réalisateur de transmettre d’une façon passionnante le chaos et l’ennui qui animent simultanément un tournage, comme nous l’a si parfaitement montré la référence apparemment inimitable en la matière, La Nuit américaine de François Truffaut ?
En dehors de cette difficulté manifeste de nous faire vivre par procuration la magie de la fabrication du cinéma, le film se borne à quelques observations sans doute vraies, mais pas réellement originales sur le style de vie sournoisement suicidaires des vedettes. La dépendance de Marilyn envers son entourage et une quantité considérable de médicaments pour canaliser une personnalité à fleur de peau, nullement préparée à supporter le quotidien exténuant d’une star mondiale, peut facilement être comprise en tant que modèle pour autant de destins d’artistes à la fin précoce, comme encore récemment Michael Jackson, Whitney Houston et, intimement lié à la vie privée de Michelle Williams, Heath Ledger. Peu importe le dispositif éculé qui nous impose obstinément une porte d’accès artificielle en guise de point de vue sur le désarroi des grands de ce monde, en l’occurrence le jeune assistant réalisateur naïf et assez fade, il persiste un air de tragédie prémonitoire dans cet épisode secondaire de la vie de Marilyn Monroe.
Il ne fallait pas s’attendre de la part d’un film aussi moyen, formellement parlant, à une représentation transcendante du sex symbole suprême du cinéma. Pourtant, Michelle Williams fait de son mieux pour alterner presque imperceptiblement entre les deux facettes contradictoires de Marilyn, la blondasse écervelée, et Marilyn, la femme-enfant au profil psychologique aussi attachant que préoccupant dans son inclinaison à se rabaisser sans raison. Son interprétation n’est pas du grand art, puisqu’elle ne réussit guère à évoquer la lascivité fascinante de Monroe. Mais elle s’investit au moins assez pour ne pas faire sombrer son film dans le territoire navrant des persiflages sans personnalité.
Vu le 20 février 2012, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu: