
Titre original: | Lock out |
Réalisateur: | James Mather, Stephen Saint Leger |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 95 minutes |
Date: | 18 avril 2012 |
Note: | |
En 2079, tous les prisonniers dangereux sont expédiés à MS One, une prison de haute sécurité dans l’espace, administrée par les Etats-Unis, où les détenus sont rendus inoffensifs par un sommeil profond. Emilie Warnock, la fille du président américain, s’y rend lors d’une mission humanitaire, afin de vérifier si les conditions de détention y sont adéquates. Quand une émeute éclate et Emilie est prise en otage, le seul homme capable de la libérer avant que la situation ne dégénère est Snow. Cet ancien agent vient lui-même d’être condamné à une peine de trente ans sur MS One, pour avoir tué un haut-gradé des services secrets et avoir dérobé des informations sensibles que ce dernier détenait.
Critique de Tootpadu
Deux influences complémentaires sont à l’œuvre dans ce drame carcéral dans l’espace. D’un côté, Luc Besson s’obstine à compléter sa collection personnelle de tous les clichés qui ont, un jour ou l’autre, fonctionné dans le cinéma grand public. Que ce soit dans sa fonction de scénariste ici ou de producteur et de réalisateur ailleurs, le patron de EuropaCorp peut en effet être légitimement considéré comme l’un des plus grands résistants à l’originalité dans l’Histoire du cinéma. Tandis que la plupart des cinéastes de la même trempe se sont résignés à leur sort de tâcheron ou de représentant solitaire d’un style reconnaissable mais infecte, Luc Besson reste en quelque sorte fidèle à lui-même en recyclant encore et encore les idées des autres, sans y apporter la moindre touche personnelle. En l’absence d’un travail sérieux d’appropriation de ce qu’il a piqué chez des réalisateurs et des scénaristes plus téméraires que lui, tout ce qui sort de son usine numérique, ce sont d’étranges hypothèses de film. Inutile d’y chercher autre chose qu’un trait superficiel et opportuniste. Mais puisque Luc Besson est devenu un maître du copiage, à force de se servir sans vergogne là où son flair de dénicheur attentif l’emmène, la qualité intrinsèque de chacun de ses films dépend du talent des jeunes réalisateurs qui doivent leur découverte au dernier nabab du cinéma français.
Et c’est ainsi que nous arrivons enfin à l’autre côté, puisque la participation de Stephen Saint Leger et de James Mather contribue une chose cruciale qui fait en règle générale défaut aux histoires qui sortent de la seule imagination étroitement formatée de Luc Besson : l’humour. Ce n’est certes pas faute d’avoir essayé, mais il faut néanmoins se rendre à l’évidence que la légèreté et les vannes qui sont effectivement marrantes ne figurent pas dans la panoplie de l’homme aux multiples casquettes. Dans le cas de MS One Maximum security, le ton dérisoire aide considérablement à donner une impression de cohésion à cette histoire fort banale, contée avec l’aide de trois bouts de ficelle, qui s’avère néanmoins plutôt efficace en fin de course.
Le virus de l’abstraction et de la narration fortement dépendante d’ellipses ahurissantes a encore frappé, mais sa propagation est tenue au stricte minimum, grâce à un rythme narratif soutenu. Pas les moyens de finir une course poursuite sur l’autoroute d’une métropole futuriste ou d’accompagner le couple vedette dans tous les stades de leur chute vertigineuse ? Ce n’est pas grave, puisque le prochain poncif attend déjà pour prendre la relève. L’efficacité qui résulte de cette frénésie sans autre ambition que celle – primordiale – de divertir, sauve ainsi ce film du ridicule. Elle ne réussit pas totalement à dissiper notre regret de voir Guy Pearce s’user dans des productions alimentaires, jadis peuplées de confrères comme Mark Wahlberg, partis depuis vers des horizons de films plus exigeants. En même temps, le fait d’avoir un film aussi gentiment jouissif que celui-ci sur son CV n’est pas non plus une honte !
Vu le 6 février 2012, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Les productions EuropaCorp sont la plupart du temps synonymes de films commerciaux reposant sur des scénarios simplistes mais efficaces, permettant aux spectateurs de suivre facilement l'histoire contée. Un peu comme une attraction de Disney tel Space Mountain, le plaisir pris est souvent réel, mais la durée trop courte. Certes, Taken et la saga Transporter sont des réussites incontestables en termes de films d'action réussis, mais leur force provient de la conviction de l'acteur principal (Liam Neeson, Jason Statham). La nouvelle production grand public EuropaCorp est une nouvelle fois très convaincante et pendant toute la durée du film, le plaisir coupable pris est bien présent.
L'histoire est simpliste : dans le futur, un flic intègre est suspecté de meurtre et se prépare à être envoyé dans l'espace pour partager sa peine. Au même moment, la fille du président des États-Unis est prise en otage dans cette prison ne contenant rien de moins que les cent-cinquante pires criminels de la Terre. Notre héros se verra donc proposé un deal : en échange de la suppression de sa peine, il devra sauver la fille du président des États Unis.
Dès la première scène, à ce jour la plus réussie d'une production EuropaCorp pourvue d'un scénario signé Luc Besson, nous assistons à un interrogatoire brillant subi par le personnage principal. Dès le départ, la pression est mise et tout au long du film, il n'y aura aucun temps mort. Les scènes d'action sont nombreuses et très réussies pour la plupart, l'humour est omniprésent et les effets servent l'histoire au plus près.
Une nouvelle fois, c’est l'efficacité du produit qui prime au détriment de l'originalité, le scénario de Luc Besson ne faisant que recycler des idées d'autres films (Outland, Piège de cristal, James Bond et Point break). Le résultat reste très convaincant et ce film s'impose comme une excellente surprise.
MS One Maximum Security montre que le cinéma français peut concurrencer les productions américaines.
Vu le 18 janvier 2012, au Club Marbeuf, en VO
Note de Mulder: